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Insertion - Adie : satisfecit sur la LME, déception sur le Grenelle de l'insertion

L'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie) organise du 3 au 7 juin 2008 la quatrième édition de la semaine du microcrédit. Durant ces quelques jours, plus de cinquante forums d'informations sont organisés partout en France. L'occasion pour l'association de faire connaître le microcrédit aux chômeurs et RMistes qui souhaitent créer leur propre entreprise et de sensibiliser le grand public à cet outil de lutte contre le chômage. En 2007, l'association a financé plus de 10.000 entreprises créées par des personnes en difficulté. Elle prévoit d'en financer plus de 11.000 en 2008. Au-delà des financements, l'Adie tente aussi d'influencer les décisions de l'Etat en matière d'insertion et de politique économique. Elle a notamment soutenu plusieurs mesures intégrées dans le projet de loi de modernisation de l'économie (LME) actuellement en discussion à l'Assemblée nationale. "Nous avons été très actifs depuis le début des discussions et nous avons réussi à faire passer des mesures importantes pour lesquelles nous nous battons depuis longtemps, explique Audrey Raabe, responsable études et perspectives de l'Adie. Il y a de belles avancées dans le projet de loi." Exemples : le statut de l'auto-entrepreneur et la réforme des cotisations sociales, qui permettent de payer les cotisations mensuellement ou trimestriellement de façon proportionnelle au chiffre d'affaires réel, ou la reconnaissance des activités indépendantes accessoires. Mais l'association ne compte pas s'arrêter là. Elle a déjà préparé des préconisations pour rendre encore plus efficaces les mesures. L'Adie propose ainsi d'améliorer l'attractivité du régime de la microentreprise en baissant les taux de cotisations et en augmentant les abattements forfaitaires, et d'étendre le principe de reconnaissance des activités indépendantes accessoires à tous ceux qui sont obligés pour vivre de cumuler plusieurs petites activités, comme les étudiants, les agriculteurs ou les demandeurs d'emploi. Une façon de transposer le principe "Travaillez plus pour gagner plus", aux personnes en situation de précarité.

Concernant le Grenelle de l'insertion, l'Adie n'est pas aussi satisfaite. "Nous avons été déçus par le peu d'attention portée aux travailleurs indépendants, explique Audrey Raabe. En matière d'insertion, on parle beaucoup des salariés et quasiment jamais des créateurs d'entreprises." Pourtant les chiffres sont là : plus de 40% des créations d'entreprises sont réalisées par des demandeurs d'emploi, un chiffre multiplié par quatre depuis 2002, et un tiers des emplois nouveaux sont issus de la création d'entreprise. "Mais personne n'est là pour défendre les travailleurs indépendants qui ne sont pas épaulés par de grands syndicats." Alors que le Grenelle de l'insertion a achevé ses travaux fin mai, aboutissant à une feuille de route contenant les chantiers prioritaires et une série d'engagements, l'association prévoit de nouvelles discussions sur le sujet avec Martin Hirsch, haut commissaire aux Solidarités actives dans le cadre de la réflexion générale sur l'insertion.

Emilie Zapalski