Territoires - Agro-écologie : 128 GIEE déjà labellisés
Un an après leur création par la loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt du 13 octobre 2014, les GIEE (groupements d'intérêt économique et environnemental) ont essaimé dans les territoires. 128 ont été labellisés lors du premier appel à projets mené en région sur plus de 200 dossiers déposés, selon un bilan présenté au ministère de l'Agriculture, le 5 octobre. "C'est une politique publique qui redonne un peu d'enthousiasme aux agriculteurs, dans une logique où on leur redonne la main", a commenté à cette occasion, Bruno Lion, directeur adjoint de la Draaf Midi-Pyrénées, alors que l'élevage traverse l'une des plus graves crises depuis la création de la Politique agricole commune.
Les GIEE sont des collectifs d'agriculteurs qui s'engagent à modifier leurs pratiques en faveur de l'agro-écologie. C'est-à-dire à réduire leur impact environnemental, notamment en réduisant les intrants chimiques, sans perdre de vue la rentabilité et le modèle économique et social des exploitations. Ce que le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll appelle la "triple performance" économique, environnementale et sociale de l'agriculture.
L'Aquitaine en tête des régions
Sur les 200 dossiers déposés, les régions les plus impliquées ont été la Basse-Normandie, le Limousin, l'Aquitaine, la Bretagne ou encore Midi-Pyrénées, avec plus d'une quinzaine de candidatures. Parmi les 128 GIEE labellisés, l'Aquitaine en compte 20, la Bretagne 7 mais elle devrait bientôt en avoir 22, la Basse-Normandie 12, la Lorraine et le Limousin, 10 chacun, les Pays de la Loire et le Languedoc-Roussillon 9, Midi-Pyrénées 7, Rhône-Alpes 6. Viennent ensuite la Bourgogne et la Picardie (5), la Franche-Comté, la Corse et Paca (4), l'Auvergne, l'Alsace, le Nord-Pas-de-Calais, Poitou-Charentes (3), Champagne-Ardenne et la Haute-Normandie (2).
L'ensemble des projets retenus représentent quelque 200.000 hectares, soit environ 0,7% de la surface agricole utile en France. Ils impliquent 2.300 agriculteurs avec une moyenne d'une vingtaine par groupe. Le champ d'intervention du GIEE varie de la commune jusqu'à une région entière.
Plus de 60% des projets concernent directement l'élevage, et près de 40% plus particulièrement la polyculture élevage. De nombreux acteurs se sont mobilisés pour l'accompagnement des GIEE : les Cuma (coopératives d'utilisation de matériel agricole), des GDA (groupes de développement agricole), Ceta (centres d'étude et de développement agricole) ou encore le réseau des Civam (centres d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural). Sans oublier les chambres d'agricultures qui sont associées à 60% des projets et participent à l'animation et à l'accompagnement de 40% d'entre eux, et les collectivités territoriales.
Autonomie en fourrages
Les projets portent sur des systèmes économes et autonomes (40% des projets), la diversification des assolements et l'allongement des rotations, la conservation des sols, l'autonomie en azote et le développement des légumineuses (qui permettent de fixer l'azote de l'air) ou l'autonomie des élevages. Exemple avec la Cuma Fourragère en Ille-et-Vilaine qui cherche à réduire la dépendance en soja des éleveurs locaux en développant des légumineuses. Cela permet d'être moins fragile face à la "volatilité des prix du soja", "de réduire les intrants pour le sols et les troupeaux et d'avoir moins d'OGM (en réduisant les importations de soja, ndlr)", témoigne Michel Lemonnier, producteur de lait de Martigné-Ferchaud, membre de ce GIEE. Une solution qui revêt une importance particulière au regard de la crise actuelle. Le groupement va aussi aider les producteurs à modifier leur façon de travailler "pour faire face à ce changement". "C'est un système plus complexe, beaucoup plus gourmand en termes de temps", a ajouté l'agriculteur.
Le label GIEE ouvre droit à des majorations d'aides publiques pour l'animation, en provenance de l'Etat, des fonds européens (Feader, Feder, FSE...), des régions (au titre de leurs cofinancements du Feader ou d'aides à l'installation, à l'animation ou au soutien à l'agriculture bio) et d'organismes publics comme l'Ademe (fonds déchets et fonds chaleur) ou les agences de l'eau.
Une deuxième vague d'appels à projets est en cours dans les régions. L'objetif du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll est de franchir le cap des 200 avant la fin de l'année. Pour aider les agriculteurs à mesurer leur performance agro-écologique, le ministère de l'Agriculture vient de mettre en ligne un outil de diagnostic.