Aidée de capteurs, Limours réduit sa facture d’énergie (91)

La ville de Limours n’a pas attendu la crise énergétique pour agir sur ses consommations. Le projet a démarré en 2016, inspiré par le travail de recherche appliquée d’une étudiante portant sur l’intérêt des objets connectés pour les territoires. Très vite, l’attention de la commune s’est portée sur les consommations d’eau, d’électricité et de gaz des bâtiments communaux, qui représentent aujourd’hui un poste important dans les frais de fonctionnement.

« La ville n’avait alors aucune visibilité sur ses consommations d’énergie, chaque année était budgété un montant calculé en fonction des factures de l’année précédente », explique Chantal Thiriet, maire de Limours. C’est ainsi que progressivement, une quinzaine de bâtiments ont été équipés de capteurs pour assurer un suivi des consommations. Le choix s’est porté sur les bâtiments présentant les plus grosses factures : équipements sportifs, médiathèque, salle de spectacle, groupes scolaires…

Des données en temps réel

Placés au niveau des compteurs, ces capteurs récupèrent les index de consommation et les remontent dans une base de données toutes les dix minutes, presque en temps réel pour pouvoir les corréler avec l’usage du bâtiment. Le protocole de transmission utilisé est LoRa, une technologie radio « bas débit » capable de transmettre des données sur de longues distances et, surtout, peu sensible aux obstacles et autres murs. Après être passée par un opérateur de réseau LoRa national, la mairie va cette année déployer son propre réseau - deux antennes suffisent pour couvrir son territoire - pour couvrir ses besoins en matière d’objets connectés.

Une courbe de consommation par bâtiment

Les données collectées ont été confiées à un prestataire spécialisé dans la supervision, la start-up O-Cell, qui les transforme en outil de pilotage des fluides. Un tableau de bord a été élaboré, présentant les courbes d’évolution des consommations des trois fluides pour chaque bâtiment. Dès lors, les courbes sont scrutées pour faire la chasse aux anomalies et bâtir une stratégie de maîtrise des consommations. Cette mission a été confiée à une société spécialisée, ACITI, la collectivité ne disposant pas des compétences nécessaires pour cette analyse.

Chauffer quand il y a du monde

Premier constat, il s’est avéré que certains bâtiments étaient chauffés, éclairés ou climatisés alors qu’il n’y avait personne dedans. « Un simple programmeur sur l’équipement concerné permet de réaliser des économies très sensibles » relève Claire Hugonet d’ACITI. La plateforme de pilotage permet ensuite d’identifier les passoires thermiques. Il s’agit alors de les mettre aux normes ou de changer les matériels les plus énergivores. La plateforme sert à vérifier que les travaux réalisés engendrent bien les économies attendues. « Et on a eu des surprises ! Après la mise en service d’une centrale de traitement d’air double flux dans un groupe scolaire, on a constaté que les consommations d’électricité avaient doublé. Il s’est avéré que c’était lié à une mauvaise régulation du nouvel équipement », explique l’ingénieure.

Des émules dans les communes environnantes

« L’opération a montré des résultats très rapides, au bout d’un an les consommations avaient diminué de 20 % dans les bâtiments équipés. Même avec la hausse du prix de l’énergie en 2022, la facture n’a pas explosé » se félicite Chantal Thiriet. Le projet a aussi fait des émules au niveau de l’intercommunalité et dans les communes environnantes. L’expérience de Limours a permis de montrer qu’il n’était pas nécessaire de mettre des capteurs partout et qu’il fallait se concentrer sur les bâtiments avec les factures les plus élevées. Et, loin de servir à fliquer les usagers, la plateforme de pilotage a mis en évidence la nécessité de former aux bons réglages les personnels chargés de la maintenance des installations. Quant au suivi, il est essentiel car une économie n’est jamais définitive.