Aides à domicile : un déficit d’attractivité persistant

Les efforts de formation des aides à domicile se heurtent au déficit d’attractivité de ces métiers. Alors que les besoins de prise en charge des personnes âgées vont encore s’accroître, les acteurs du secteur, réunis au salon des services à la personne et de l’emploi à domicile à Paris, mardi 28 novembre, ont souligné les limites de leurs efforts faute de financements publics.

 

Comment répondre aux immenses besoins de recrutement dans le secteur des services à la personne ? Sans surprise, le sujet était au menu des discussions du salon des services à la personne (SAP) et de l’emploi à domicile, mardi 28 novembre, à Paris. La perspective de l’entrée en dépendance des baby-boomers conjuguée aux départs en retraite des aides à domicile ne feront qu’accentuer les tensions de recrutement ces prochaines années. Cependant, la montée en attractivité de ces métiers n’est pas assez rapide, malgré les efforts déployés.

Fort de ses 94.000 salariés et 85.000 bénévoles, le réseau ADMR qui vient en aide aux personnes âgées, malades ou handicapées signale près de 25.000 postes non pourvus. "On vient de signer des accords de rattrapage salarial, mais on est sur des rustines", déplore Laurence Jacquon, directrice adjointe Union nationale chez ADMR. Pour rendre ces emplois plus attractifs malgré l’inflation, le réseau poursuit ses efforts sur les conditions de travail par le développement des aides techniques, l’accompagnement psychologique des salariés, l’évolution des modes de management, une politique formation intensive…

Du côté d’Axeo services, une filiale de La Poste intervenant au domicile des particuliers pour le ménage, la garde d’enfants et l’aide à domicile, ce sont les mêmes démarches qui sont entreprises autour de la qualité de vie au travail afin d’améliorer l’attractivité des métiers. Mais là encore on renvoie à un cadre économique trop contraint. "Il y a des tarifs qu’on ne peut pas dépasser, donc on essaie de se battre sur autre chose", souligne Jérôme Pagès, son directeur associé.

Projet de loi "bien vieillir" : de bonnes mesures mais avec quel financement ?

Le projet de loi bien vieillir tente d’apporter de nouvelles réponses. Pour l’aide à domicile, des aides financières annuelles sont annoncées afin de soutenir les départements mieux-disant en matière de rémunération des indemnités kilométriques ainsi que l’expérimentation, jusque fin 2027, d’une tarification globale des services d’autonomie à domicile plutôt qu’à l’heure. Des mesures saluées mais qui doivent être budgétées. Or, pour le moment "il n’y a pas les financements en face", constate Laurence Jacquon.

"On ne peut pas passer à côté des pouvoirs publics. Donnez-nous les financements et les choses avanceront", martèle de son côté Aline Mougenot, secrétaire générale adjointe de la fédération CFTC Santé Sociaux. A cet égard, les politiques de formations peuvent jouer un rôle vertueux en ce qu’elles permettent d’accéder à des certifications reconnues. "Avoir un salarié diplômé, donc mieux payé, permet la fidélisation", estime-t-elle. Pour la syndicaliste, le soutien des pouvoirs publics à des dispositifs comme la promotion par l’alternance ou les préparations opérationnelles à l’emploi collectives doit donc être poursuivi.

De l’apprentissage… chez les particuliers employeurs

"Le secteur est en grande ouverture pour relever le défi de l’emploi", souligne de son côté Mickaël Christophe, délégué aux affaires publics à la Fédération des particuliers employeurs (Fepem). D’ici 2030, 135.000 créations nettes de postes d’assistants de vie sont anticipées. "Aujourd’hui avec la plateforme de professionnalisation Iperia, il y a 120.000 départs en formation par an", soutient-il. A partir de 2024, l’apprentissage sera développé dans la branche. En 2022, les partenaires sociaux de la branche ont signé un accord pour adapter ce dispositif à la spécificité des particuliers employeurs.

Pour Mickaël Christophe, le report de l’avance immédiate du crédit d’impôt pour les services d'assistance à domicile financés par l'aide personnalisée d'autonomie (Apa) ou par la prestation de compensation du handicap (PCH) est malheureux. A ses yeux, ce dispositif "gagnant gagnant" fait en effet progresser le travail déclaré en permettant aux salariés des services à la personne d’accéder à des droits collectifs. De quoi améliorer, là encore, le statut de ce métier.