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Alain Hamida-Pisal : "Les trois quarts des installations sportives sont construites par des EPCI"

L’Association sport et agglomérations (Asporta) se réunit ce 23 janvier à Dole pour une journée d'étude et de débats autour du thème : "Comment dynamiser et optimiser votre équipement sportif ?" Rencontre avec son président, Alain Hamida-Pisal, directeur du service des sports de la communauté d'agglomération du Grand Dole.

Localtis : Pourquoi avez-vous créé l'Asporta en 2018, alors que le paysage associatif compte déjà l'Andiiss (Association nationale des directeurs et intervenants d'installations et des services des sports) ? 

Alain Hamida-Pisal : Je me suis aperçu que la plupart du temps, les membres de l'Andiiss sont des directeurs des sports de commune et leur vision de l'évolution du sport était par conséquent parcellaire, avec des approches terre à terre. Nous n'y trouvions pas pleinement notre intérêt. Avec certains collègues, nous avons constaté que nous avions une structure de territoires, dans des communautés de communes ou d'agglomération, où les services des sports étaient naissants et qu'il y avait peu d'échanges à cette échelle. Mais nous ne sommes pas en opposition avec l'Andiiss, certains de nos adhérents faisant même partie des deux associations qui sont complémentaires. 

Justement, en quoi vous différenciez-vous de l'Andiiss ?

Nous essayons de traiter de thématiques plus transversales. Nous avons besoin de parler de mutualisation, de gestion optimisée, de robotisation, d'externalisation d'entretien. A l'échelle d'une agglomération, nous avons des problématiques de terrains communaux, d'espaces à partager, de fusion de clubs. Nous avons donc une vision globale et nous essayons d'inciter nos présidents d'agglomération ou de communauté de communes à partager cette vision. Au sein de l'association, nous avons également des responsables des sports départementaux. Les territoires sont donc fluctuants mais nous partageons les mêmes soucis.

Vous avez choisi l'angle de l'optimisation de la gestion des équipements pour votre rencontre du 23 janvier. Est-ce uniquement par souci budgétaire ?

Certes, les moyens financiers sont en baisse actuellement. Mais surtout, les trois quarts des installations sportives sont aujourd'hui construites par des EPCI. On réalise de moins en moins d'installations purement communales. Pour cette journée, nous allons nous appuyer sur l'équipement que nous réalisons à Dole et dont l'ouverture est prévue au second trimestre. Il s'agit d'un équipement de centre-ville, sur six niveaux, pour un investissement d'environ 25 millions d'euros. Il comprend quatre bassins de natation, trois gymnases, un mur d'escalade, un centre de remise en forme, un sauna, etc. Cet équipement va poser des questions de gestion déléguée, avec quatre gestionnaires différents au sein du bâtiment, un système optimisé de gestion des fluides, deux mille personnes en instantané, des publics très différents. Il faut donc gérer des plannings utilisateurs, des boutiques. L'idée est de montrer qu'on peut trouver des solutions de gestion novatrices et optimisées pour un équipement de centre-ville conçu par une agglomération.

L'originalité de cet équipement est qu'il a été réalisé en marché global de performance. Est-ce cela qui a suscité l'intérêt de vos adhérents ?

Oui, quand on externalise ou qu'on délègue la gestion d'un équipement sportif, on a besoin de faire un comparatif par rapport à ce que cela coûterait en régie. Et ce d'autant plus qu'il n'y a pas beaucoup de retour d'expériences sur des équipements réalisés en marché global de performance. Tout le monde est à la recherche d'exemples. Parmi les collectivités représentées lors de nos travaux, certaines ont d'ailleurs l'envie de se lancer dans une telle conception. Lors de cette rencontre, élus et responsables d'équipements en agglomération pourront s'entretenir avec l'architecte qui a conçu le projet et des sociétés délégataires. S'il existe des écueils, autant les mettre sur la table aujourd'hui. Car quand la machine sera lancée, il n'est plus possible de faire machine arrière. Nous avons déjà recensé cinq projets d'une telle importance, notamment à Nevers ou Vesoul, avec la volonté de figurer parmi les sites de préparation olympique en 2024.

Vous organisez chaque année trois réunions thématiques pour vos adhérents. Sur quoi porteront les prochaines ?

Début avril nous nous réunirons pour réaliser une analyse territoriale de la région Bourgogne-Franche-Comté où nous présenterons les cas de huit agglomérations. En septembre, la réunion sera à destination des nouveaux élus communautaires issus des prochaines élections. Nous présenterons des thématiques en lien avec la notion de projet de territoire, ce qui aidera les nouveaux élus à appréhender leurs fonctions. Nous travaillons actuellement sur un modèle de projet sportif de territoire qui sera soumis à nos adhérents puis proposé aux nouveaux élus. Car si certains sont issus du sérail sportif, d'autres se retrouvent chargés du sport par jeu politique et ne sont pas au fait du fonctionnement de ce monde. Notre modèle leur proposera de procéder à une sorte d'audit de leur territoire de façon, par exemple, à identifier parmi les équipements ceux qui relèvent d'une vocation intercommunale tandis que d'autres relèvent plus d'une logique de type bassin de vie. Le tout en prenant en compte les coûts liés à leur prise en charge. Une fois qu'on a balayé tout cela, chaque collectivité peut alors décider de mettre l'accent sur telle ou telle thématique. C'est notre enjeu pour l'année 2020.