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Santé / Social - Alzheimer : et si c'était faux ?

Les départements devraient se pencher attentivement sur l'étude que vient de présenter, le 9 février, le groupe Agrica, spécialisé dans la retraite complémentaire et la prévoyance santé des salariés agricoles. Le coût de la dépendance - notamment du fait de la maladie d'Alzheimer et des troubles apparentés - pèse en effet lourdement sur les budgets des départements, même si un certain ralentissement se fait jour (voir notre article ci-contre du 3 février 2015). Il ne s'agit toutefois que d'une pause puisque, avec l'arrivée dans le grand âge de la génération du baby boom, certaines études prévoient 2,2 millions de personnes dépendantes à l'horizon 2030.

En vingt ans, un recul de 38% des déficits cognitifs avec incapacité

Les résultats des travaux financés par le groupe Agrica et la MSA remettent en cause ces prévisions pessimistes. Menée par l'Inserm depuis 2007 au sein d'une cohorte épidémiologique populationnelle de mille retraités du régime agricole, l'étude AMI montre en effet une "baisse spectaculaire de la prévalence des maladies d'Alzheimer et apparentées en vingt ans dans la population agricole". Durant ces vingt années, les déficits cognitifs avec incapacité (critères objectifs du diagnostic de démence) au sein de l'échantillon étudié ont en effet reculé de 38%.
Pour obtenir ce chiffre, les chercheurs ont comparé les résultats obtenus sur la cohorte AMI à ceux d'une précédente étude de même type - cohorte Paquid - engagée en 1988. Cette évolution est d'autant plus à signaler que, durant la même période, la prévalence de la démence cliniquement diagnostiquée s'est accrue (+12% pour l'étude AMI et +5,7% pour l'étude Paquid), suggérant une meilleure sensibilité des médecins aux symptômes de la maladie.
Les chercheurs avancent plusieurs facteurs potentiels pour expliquer ces résultats : une augmentation significative du niveau d'études, une meilleure prise en charge des facteurs de risque vasculaire, une amélioration de l'état de santé global ou encore une amélioration significative des conditions de vie.

Des facteurs préventifs

Les chercheurs de l'étude AMI ont également mis en oeuvre une méthode d'évaluation originale en condition écologique de la vie quotidienne (méthode ESM). Durant une semaine, des smartphones mis à disposition d'une partie de l'échantillon ont permis des évaluations répétées des fonctions cognitives, du fonctionnement dans la vie quotidienne et du comportement, "informations inaccessibles à la clinique ou à des instruments en milieu hospitalier".
Cette méthode a permis d'établir, en temps réel, un lien entre les comportements spécifiques de la vie quotidienne, les activités réalisées au cours de la journée et les performances cognitives. Les participants ont également accepté un examen IRM et l'évaluation de suivi. Les résultats montrent que certaines activités de la vie quotidienne - telles la lecture ou les mots croisés - sont associées à une augmentation des performances de mémoire dans les heures qui suivent la pratique de l'activité.
Les études Paquid et AMI ne sont pas les seules à jeter le doute sur la progression supposée inexorable de la maladie d'Alzheimer et des troubles apparentés, et cela alors même qu'il n'existe toujours pas de véritable traitement. Si ces résultats se confirment - et même si la maladie d'Alzheimer est loin d'être la seule cause de dépendance -, ils pourraient, du même coup, remettre en cause les hypothèses de progression de la dépendance à l'horizon 2030 ou 2050.

 

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