"Apprendre à entreprendre" : le pays de la vallée du Lot aide les jeunes à réaliser leurs rêves (47)

Depuis 2011, chaque année, les jeunes des 132 communes du pays de la vallée du Lot sont appelés à se porter candidats à "Apprendre à entreprendre". Objectif du dispositif : mettre les jeunes de 16 à 26 ans en situation d'oser leur rêve, sans forcément parler d'entreprise.

Pas de monnaie sonnante et trébuchante, mais une promesse faite à chaque jeune candidat : celle de l’accompagner pour mener son projet, quel qu'il soit (vacances à l'autre bout du monde, concert à Paris, participer à une émission de télévision). Tel est le principe de ce dispositif mis au point par le pays de la vallée du Lot (Lot-et-Garonne), qui a fait de la politique Jeunesse un des axes forts de son projet de territoire (voir encadré en fin de texte).

Cet accompagnement est assuré par un tuteur qui ouvre son réseau de contacts, guide le jeune, l'oriente vers les bons interlocuteurs. Le jeune et son tuteur se voient régulièrement jusqu'à l'aboutissement du rêve, ou parfois, rattrapé par le principe de réalité, la modification ou l’arrêt du projet. Une fois par mois, ils se rencontrent avec l'animatrice Jeunesse du syndicat. mixte du pays de la vallée du Lot (132 communes, 119.500 habitants)

Au départ, une alerte des agriculteurs proches de la retraite

A l’origine de ce dispositif, un constat très prosaïque : des agriculteurs avaient alerté le syndicat mixte sur leurs difficultés à trouver des jeunes intéressés par la reprise de leur exploitation. "Très vite, nous avons réalisé qu'il fallait arrêter de vouloir mobiliser les jeunes sur le seul axe économique, explique l'animatrice Jeunesse du syndicat, Annabelle Delfosse. Réaliser un rêve nous est apparu comme le meilleur moyen pour mobiliser les jeunes sur l'apprentissage des mécanismes de l’entrepreneuriat."

Rêves et entrepreneuriat

Car réaliser un rêve suppose de poser l'idée, la préciser, vérifier sa faisabilité ou tout au moins définir les conditions pour sa réalisation, planifier les étapes, se lancer... C'est tout au long de ce parcours que le tuteur est important : il aide le jeune à cheminer. "L’objectif est de travailler sur le savoir-faire et le savoir-être des jeunes, précise l’animatrice. Car il faut aller se présenter, ouvrir des portes, argumenter, passer des coups de fil, etc. Tous ces mécanismes que le jeune aura concrètement éprouvé, seront ensuite transposables dans d'autres situations."

Outre l’animation, la formation des tuteurs

Ce projet ne coûte pas grand-chose : 14.500 euros par an. Le syndicat a obtenu une subvention de l'Europe, via le projet Leader 2009/2014 pour 80%, le reste étant autofinancé par le syndicat. "Cela nous permet de financer la coordination, l'animation et la formation des tuteurs, ainsi que celle que nous destinons à tous les jeunes, sur l'estime de soi", explique la chargée de mission.

Ces formations ont lieu durant les six premiers mois d'accompagnement. Elles n'ont rien d'obligatoire, mais 80% des jeunes y participent. "Cela favorise aussi une dynamique des groupes lorsqu’il y a un projet à plusieurs."

Une fois que les jeunes ont répondu à l'appel à projets - toujours à l'automne -, après que l’animatrice est passée dans toutes les classes des lycées - de la seconde au bac pro-, les tuteurs choisissent les projets qui les tentent, sans connaître l'identité du jeune.

Le réseau des tuteurs et la rançon du succès

Dès la deuxième année, plusieurs jeunes ont voulu à leur tour jouer les tuteurs et rendre en quelque sorte ce qu'ils avaient reçu. Des parents ont suivi le mouvement.

Reste que le nombre de tuteurs ne progresse pas aussi vite que le nombre de jeunes répondant à l'appel à projets. C'est la limite à laquelle se heurte aujourd'hui le syndicat. Certains tuteurs acceptent de suivre plusieurs jeunes. Les 22 premiers tuteurs ont été trouvés grâce au groupe d'action local (GAL) en charge de la gestion du programme Leader. Il s'est progressivement élargi dans les réseaux d'amis, de parents. Les campagnes média (radio et presse locale) ont amplifié l'écho.

Les jeunes ont toute latitude dans leurs projets, petits ou grands, humanitaires ou de loisirs, personnels ou collectifs. En trois ans, 300 jeunes ont ainsi été accompagnés jusqu'au bout de leur rêve.

"Le pari des élus est que ces jeunes qui ont vécu et partagé cette expérience sur l’engagement et l’entrepreneuriat, pourront développer ensuite une dynamique économique, culturelle et citoyenne plus forte", conclut Bernard Barral, président du syndicat de la vallée du Lot.

La politique Jeunesse, axe fort du projet de territoire

L’engagement des élus sur la question des jeunes a conduit le pays de la vallée du Lot à développer un axe Jeunesse fort dans le cadre de plusieurs contrats en cours : contrat territorial unique (CTU) avec la région et contrat européen Leader. En 2015, dans le cadre des projets innovants d’avenir proposés par la Caisse des Dépôts, le pays élabore une candidature Anru portant sur des projets innovants en faveur de la jeunesse, avec à la clé la volonté de créer un portail jeunesse pour le pays de la vallée du Lot 47.

Emmanuelle Stroesser / Agence Traverse pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
 

Syndicat mixte du Pays de la Vallée du Lot

Nombre d'habitants :

119500

Nombre de communes :

132
Rue Gabriel Charretier
47260 Castelmoron-sur-Lot

Bernard Barral

Président

Annabelle Delfosse

Chargée de mission Jeunesse

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