Après une période post-covid morose, les foires reprennent des couleurs

Les foires semblent se relever de la période covid. D'après les acteurs de la filière et leurs partenaires, au premier rang desquels les collectivités territoriales, la fréquentation est de retour, preuve d'une reprise du secteur.

Après des années difficiles malgré les aides mises en place par l'Etat (voir notre article du 21 mars 2022), le marché des foires est-il en train de sortir d'affaire ? C'est ce que semblent indiquer les acteurs du secteur, l'Union française des métiers de l'événement (Unimev) en tête, et les collectivités territoriales, toujours très impliquées dans ces événements. "On est revenu à une activité très proche de celle de 2019, qui était une année exceptionnelle", assure ainsi Frédéric Pitrou, délégué général d'Unimev, se moquant un peu au passage des experts qui ne prévoyaient une reprise, même pas à la hauteur du niveau d'avant-covid, qu'en 2024, 2025 voire 2026 ! Les foires et marchés agricoles ont déjoué les pronostics de ces oiseaux de mauvais augure. "Il n'y a pas de changement, souligne le responsable d'Unimev, il y a une vraie appétence des participants, que ce soit de la part des exposants ou des visiteurs !".

Le retour aux beaux jours ?

Et les échos qui viennent des événements qui se sont tenus récemment, comme la Foire de Châlons-en-Champagne, qui a fermé ses portes le 11 septembre 2023, confirment ce retour des beaux jours. D'après Bruno Forget, commissaire général de la Foire de Châlons-en-Champagne, l'affluence a été encore meilleure que 2022 (250.000 personnes en onze jours), malgré la chaleur. Parmi les personnalités gouvernementales qui s'y sont déplacées : Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l'Enseignement et de la Formation professionnels… La foire a été officiellement ouverte par Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. "J'y étais pour l'ouverture, et je peux vous dire que l'affluence était digne des plus grandes années, la tendance de fréquentation est tout à fait comparable aux meilleures années !", assure pour sa part Frédéric Pitrou.

La Foire de Châlons-en-Champagne, un temps fort de la rentrée

La région Grand Est, fidèle à ses habitudes, était aux côtés des acteurs économiques pour cette deuxième foire agricole de France. "C'est un temps fort de la rentrée, c'est très important d'être là", explique à Localtis Béatrice Moreau, vice-présidente de la région, déléguée à l'agriculture, à la viticulture et à la forêt. Pour la région, c'était aussi l'occasion de lancer la première édition du mois de la bioéconomie, avec une centaine de séquences durant le mois de septembre à travers tout le Grand Est. La région accompagne la croissance et la valorisation des ressources régionales issues de la production et de la transformation de la biomasse agricole, sylvicole, aquacole ou issue des biodéchets ménagers. Son rôle : soutenir, à hauteur de 35 millions d'euros par an, le développement des matériaux biosourcés, des bioénergies et des produits agroalimentaires. "Nous accompagnons les acteurs de la filière en matière de réflexion, explique Béatrice Moreau, sur le chanvre par exemple, nous avons soutenu à travers le partenariat européen pour l'innovation (PEI) pour une agriculture productive et durable toute la réflexion menée par les producteurs et agriculteurs, avec à la clé la création d'un pôle européen du chanvre", porté par le collectif Construction Chanvre Grand Est qui rassemble onze partenaires.

"Les gens sont sortis de leur tanière"

Autre région, autre vision positive de l'affluence dans les foires. "J'étais impressionnée par le nombre de participants aux Terres de Jim, assure Marie-Sophie Lesne, vice-présidente en charge de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la pêche à la région Hauts-de-France, les choses sont reparties, les gens sont sortis de leur tanière. Les mauvaises habitudes, le repli sur soi et la peur, sont partis". Pour la vice-présidente des Hauts-de-France, cela démontre que ces thèmes de l'agriculture "parlent à tous les Français". "Ces foires sont ce qu'on fait de mieux pour garder le lien avec le consommateur, pour assurer la proximité avec le monde agricole", souligne-t-elle. La région Hauts-de-France consacre chaque année autour de 300.000 euros (dont 100.000 pour Terres de Jim) à une douzaine d'événements dont la Foire aux rameaux à Bergues, la Fête du bœuf à Bugnicourt, la Fête du lait du Quesnoy, la Fête du miel à Lille… Ses critères ? La présence de produits sous signes officiels de qualité (AOP, IGP, STG, Label rouge, …) et/ou issus de l'agriculture biologique.

Si les visiteurs sont de retour, les acquis en matière de digital ne sont toutefois pas à bannir… "Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain, explique Frédéric Pitrou, on a fait durant le covid une année d'expérimentation, il y a peut-être des choses qui vont persister en matière digitale, mais là, c'est vrai qu'il y a plutôt une appétence à se retrouver physiquement et à refaire des affaires en se serrant les mains !"

Il faudra voir d'ici six ou dix mois si les chiffres certifiés, qui devraient arriver de la part des organismes certificateurs, confirment bien cette tendance positive ressentie par tous.

 

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