Arles : des logiciels libres pour des applications métiers sur mesure (13)

Depuis 2002, la ville d’Arles travaille avec des logiciels libres. L’équipe informatique est en capacité de développer des applications pour répondre à des besoins spécifiques aux métiers de la collectivité. Dont certains déployés à l’échelle intercommunale.

L’adoption des logiciels libres par la ville d’Arles (52.697 habitants) tient à une rencontre. "En 2002 nous avons visité le lycée Louis-Pasquet qui était passé intégralement aux logiciels libres. Nous avons décidé de lancer une étude pour déterminer les économies que pourraient générer une telle migration", explique le responsable des développements mutualisés à la mairie, Francois Raynaud.

Une culture informatique préexistante forte

Cette décision doit beaucoup à la culture informatique préexistante. La direction des services informatiques (DSI) compte en effet une quinzaine de personnes dont plusieurs développeurs spécialisés sur des technologies propriétaires.
L’étude a fait apparaître à l’époque une économie potentielle de 780.000 euros sur les licences logicielles, en intégrant tous les outils utilisés sur le poste de travail, les serveurs, la messagerie, etc. Un chiffre qui a convaincu les élus de passer aux logiciels libres.

Des logiciels libres sans toucher au poste de travail

"La partie la plus facile a concerné tout ce qui est transparent pour l’utilisateur : les serveurs, le site internet, la messagerie…, résume notre interlocuteur. Pour les postes de travail, que nous voulions faire passer sur Linux, nous avons dû faire marche arrière face à la réticence des agents." Aujourd’hui, les agents utilisent sur leurs postes de travail de nombreux logiciels libres sans forcément le savoir (navigateur, bureautique…), car ceux-ci ‘tournent’ sous Windows. Seule la direction des services informatiques utilise linux sur le poste de travail.

40 logiciels métiers, dont certains mutualisés

La ville a concentré ses efforts sur les logiciels métiers utilisés au quotidien par certains services : pour gérer les listes électorales, la circulation, le domaine public… Les services de la ville utilisent ainsi 40 logiciels, dont certains, comme le courrier, sont déployés à l’échelle intercommunale, la DSI de la ville étant mutualisée avec la communauté d’agglomération.
Parmi ces applications métiers, certaines sont la simple adaptation d’un logiciel libre existant. La ville s’appuie notamment sur la communauté de l’Adullact et son forum de développeurs travaillant dans le secteur public . D’autres applications ont été développées par la DSIT de la ville d’Arles pour répondre à un besoin non satisfait.

Développements sur mesure à partir d’un patrimoine de ’briques libres’

Au fil de ses développements, la ville a constitué progressivement une bibliothèque de fonctionnalités, qui fonctionnent comme des Legos pour construire des applications métiers. Ce pot commun ("frame work") baptisée openMairie, est aujourd’hui mutualisé avec d’autres collectivités  Cette initiative permet à Arles de construire des applications à partir de briques libres. "Une application métier ne nécessite pas forcément de développements importants. Il s’agit juste de trouver les bonnes briques, de les assembler pour les adapter à notre besoin", précise le responsable des développements mutualisés à la ville. Avec openMairie, la collectivité simplifie la gestion de son système d’information, car les architectures, les langages informatiques, les serveurs… toute la mécanique informatique repose sur des bases communes. Dernier exemple en date, le logiciel de gestion des vaccinations devenu obsolète. Plutôt que renouveler la licence pour un coût de 16.000 euros, la mairie a créé son propre logiciel, quitte à limiter les fonctionnalités à celles qui lui étaient strictement nécessaires.

Penser interopérabilité des applications

Globalement, la ville d’Arles estime avoir économisé effectivement 450.000 euros. "L’écart avec l’étude s’explique en grande partie par le maintien des postes de travail sous Windows. Il convient cependant d’être prudent avec les chiffres, car certains des coûts pris en compte (comme les licences) ont beaucoup diminué depuis 2002." L’idée n’est pas non plus d’opposer systématiquement libre à logiciel propriétaire. Quel que soit le logiciel, il faut mesurer la capacité du logiciel à communiquer avec d’autres (notion d’interopérabilité) et veiller à ce qu’il garantisse une pleine maîtrise des données.

Maintenance des logiciels dans la durée

Enfin, la question de la maintenance du logiciel dans la durée est essentielle, toutes les communautés métiers n’étant pas actives. Et à cet égard, un motif de satisfaction pour Arles est d’avoir créé avec les collectivités des Bouches-du-Rhône un écosystème autour de logiciels conçus par la ville, qui permet de mettre à disposition des logiciels métiers particulièrement adaptés aux petites collectivités. . … openElec (listes électorales) est par exemple utilisé par plus d’un millier de communes. Certaines n’ont pas de service informatique mais peuvent s’appuyer sur des prestataires qui se sont spécialisés sur le "marché" openElec.

Association des développeurs et des utilisateurs de logiciels libres pour l'administration et les collectivités territoriales (Adullact) : fondée en France en 2002, à l'initiative d'élus, de directeurs informatiques, l’Adullact a pour objectifs de soutenir et coordonner l'action des administrations et collectivités territoriales dans le but de promouvoir, développer et maintenir un patrimoine de logiciels libres utiles aux missions de service public. Par ailleurs, l'association supervise une forge de développement coopératif - adullact.net - qui accueille depuis 2008 les projets informatiques des ministères. 
 

 

Commune d'Arles

Nombre d'habitants :

52697
Hôtel de Ville, place de la République
13000 Arles

Hervé Schiavetti

Maire

Francois Raynaud

Responsable des développements mutualisés

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