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Réforme ferroviaire - Associations d'élus et usagers toujours préoccupés par l'avenir des petites lignes

Les annonces faites par le Premier ministre le 26 février sur la réforme ferroviaire n'ont pas apaisé toutes les craintes sur l'avenir des petites lignes. Les élus des petites villes appellent en particulier à la "vigilance", craignant que des pressions soient exercées sur les conseils régionaux pour décider de la fermeture de certaines lignes. L'Assemblée des communautés de France (AdCF) a pour sa part affirmé son attachement à "un maillage ferroviaire de proximité" et exprimé le souhait d'être associée à la concertation sur l'avenir des petites lignes. Quant à la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut), elle craint notamment que les moyens financiers ne soient pas à la hauteur pour rénover les infrastructures.

L'Association des petites villes de France (APVF) a affirmé avoir pris acte "avec satisfaction" des propos tenus par le Premier ministre le 26 février annonçant qu'il "ne suivrait pas le rapport Spinetta sur les fermetures des petites lignes". Dans un communiqué diffusé le jour même, elle dit partager "nombre de constats" énoncés par Edouard Philippe concernant "la situation alarmante de certaines lignes ferroviaires en termes de vétusté, de retards et d'annulations de train".
Cependant, pour les élus des petites villes, "la vigilance reste de mise, le Premier ministre ayant indiqué qu'il n'y aurait pas de fermetures 'décidées de Paris', ce qui laisse supposer que des suppressions pourraient être décidées ou encouragées par les conseils régionaux, au risque pour l'échelon régional d'endosser l'impopularité de telles décisions". Entre autres mesures, le rapport Spinetta préconise en effet l'augmentation de la redevance assumée par l'échelon régional pour recourir au réseau ferroviaire, "ce qui pourrait à terme aboutir au désengagement et à la fermeture de certaines lignes", pointe l'APVF qui se dit "en attente de précision" sur cette question et rappelle qu'"une concertation étroite avec les élus locaux doit présider à chaque décision impactant l'aménagement du territoire".

L'AdCF veut "un grand débat public"

De son côté, l'Assemblée des communautés de France (AdCF) a affirmé dans un communiqué ce 27 février que "le développement et la cohésion des territoires ont besoin d'un maillage ferroviaire de proximité". Elle dit prendre acte, "avec satisfaction", du choix du Premier ministre de ne pas reprendre à son compte l'intégralité des préconisations du rapport Spinetta et souscrire à la méthode de concertation proposée au sujet de l'avenir des lignes à faible circulation, en souhaitant que les intercommunalités y soient "pleinement associées". "La plus grande précaution s’impose en la matière tant ces lignes demeurent indispensables pour de nombreux bassins de vie", souligne l'association. "Tout en étant soucieuse du bon emploi de l’argent public et de la nécessité de faire des choix d’investissement avisés, l’AdCF tient à rappeler qu’il ne saurait y avoir de transports collectifs sans subventions publiques tant en investissement qu’en fonctionnement, poursuit-elle. Cette réalité est aussi vraie dans les espaces ruraux que dans les métropoles." L’AdCF considère qu’un "grand débat public" est nécessaire pour "déterminer l’effort d’investissement public dont le pays a besoin dans les prochaines années pour entretenir son patrimoine et ses infrastructures, dont les lignes capillaires (UIC 7 à 9), gares et installations terminales embranchées". "Le débat ferroviaire doit être conduit sans tabou, en tenant compte de l’essor de nouvelles solutions de mobilités, mais aussi des progrès attendus des stratégies intermodales de transport, ajoute-t-elle. (…) Les lignes à faible trafic (…) sont nombreuses à pouvoir être redynamisées par des solutions intelligentes et des innovations." Et de rappeler qu’elles sont très souvent "le dernier canal de mobilité pour de nombreuses personnes". "L’ouverture de ces lignes à de nouveaux opérateurs permettra sans doute d’en confirmer l’utilité sociale", estime donc l'AdCF.

La Fnaut appelle l'Etat à ses responsabilités

Du côté de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut), on juge que les orientations du gouvernement "vont dans le bon sens" même si elles suscitent encore "de nombreuses interrogations". "Alors que le rapport Spinetta préconisait la suppression massive des lignes peu fréquentées, le Premier ministre veut au contraire confier leur avenir aux régions pour un examen de leur pertinence au cas par cas. Mais il ne propose pas de moyens financiers nouveaux permettant de rénover les infrastructures, regrette la Fnaut dans un communiqué diffusé ce 28 février. L’Etat ne doit pas se contenter d’un engagement financier dans la rénovation du seul réseau ferré principal, il doit participer à la sauvegarde des lignes régionales et interrégionales menacées de disparition. Les contrats de plan Etat-Régions doivent être revus, sinon le report des fermetures ne sera qu’un sursis." Quant à l'introduction de la concurrence, sous forme de délégation de service public, pour l’exploitation des trains TER, la Fnaut rappelle qu'elle la réclame "depuis 25 ans". Selon elle, "elle contribuera à la sauvegarde des services régionaux en entraînant une réduction de leurs coûts et une amélioration des services ; l’exemple allemand le démontre, les usagers, les contribuables et même les cheminots, dont l’emploi se développera, ont tout à y gagner". Elle regrette par contre que la libéralisation des services à longue distance, prévue uniquement en accès libre ("open access"), soit envisagée "dans un cadre insuffisamment régulé".