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Automobile : le gouvernement présente un plan de reconversion pour les fonderies

Alors que les redressements judiciaires des fonderies automobiles se multiplient, le gouvernement annonce un plan d’action avec création d’un fonds exceptionnel de 50 millions d’euros pour la reconversion des salariés. Les régions seront invitées à y participer aux côtés de l’État et des constructeurs. Le plan privilégie une approche par bassins d'emploi et s’appuie aussi sur les Territoires d’industrie et le plan de relance pour faire émerger de nouveaux projets.

Victimes de la voiture électrique, de la concurrence des pays à bas coût et de la crise, les fonderies automobiles sont en grande difficulté. Alors qu'il signait un avenant au contrat stratégique de filière automobile, le 26 avril, marquant un changement de braquet vers l'électrique, le gouvernement a annoncé la création d’un fonds de 50 millions d’euros destiné à la reconversion des salariés de cette filière très liée au diesel. "Les modalités de mise en œuvre seront précisées dans les toutes prochaines semaines", a-t-il indiqué. L’État y versera 30 millions d’euros et les constructeurs Renault et Stellantis 10 millions chacun. Les régions seront invitées à y participer, a également précisé le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, lors d’une conférence de presse. Ce fonds fait partie d’un "plan d'actions spécifique visant à accompagner les transitions de la filière de la fonderie automobile" qui sera discuté avec les partenaires sociaux et les régions.

La filière fonderie automobile est "confrontée à des défis majeurs liés à une concurrence internationale croissante et une forte baisse de la demande de composants pour moteurs à combustion interne", indique le gouvernement, dans un communiqué. Selon lui, l’allégement des véhicules et l’électrification du parc automobile "induisent des changements importants dans les technologies et compétences requises pour répondre aux attentes des constructeurs et équipementiers de l’automobile". Pour Bruno Le Maire, l’outil de production est "trop petit" et "trop dispersé sur le territoire", sachant que de nombreuses fonderies avaient vu le jour dans les années 1990-2000 du fait de l'essor du diesel. "Nous sommes trop concentrés sur les métaux ferreux alors même que nous savons qu'ils vont être moins utilisés dans les véhicules électriques", a-t-il souligné. La France a même acté la fin du moteur thermique pour 2040. Ce plan prévoit ainsi un "accompagnement renforcé pour l'élaboration d'un projet professionnel à la formation", mais peut aussi "lever les freins à la mobilité, comme accompagner un déménagement", ou permettre de suivre des "formations plus longues", est venue préciser la ministre du Travail, Élisabeth Borne, citée par l'AFP.

Diagnostic territorial

Ce plan s'appuie sur une étude du cabinet Roland-Berger remis au gouvernement et à la Plateforme automobile (PFA) en mai 2020 et qui avait tiré le signal d'alarme. Le gouvernement entend ainsi développer une approche territoriale. Afin de proposer des formations adaptées aux salariés exposés à la perte de leur emploi et d’identifier les bassins d’emploi les plus touchés, un diagnostic territorial sera conduit par l’observatoire de la métallurgie dans le cadre de l’Edec Auto (engagement de développement des emplois et des compétences). En plus du fonds exceptionnel, le nouveau dispositif de Transitions collectives sera mis à contribution.

Le plan d’actions s’appuiera aussi sur les Territoires d’industrie : les collectivités concernées pourront bénéficier d’un "soutien à l’ingénierie territoriale pour faire émerger des projets (chef de projet dédié et mission de conseil de 145 jours-hommes pour chaque territoire impacté)". Les crédits du plan de relance seront également mobilisés. D'ores et déjà, 13,4 millions d’euros d’aides publiques sont venus soutenir 35,3 millions d’euros d’investissements productifs dans les fonderies dans le cadre de la relance. 

40% des emplois menacés

Ces mesures interviennent après une série de redressements judiciaires. Le 20 avril, trois équipementiers de la Vienne et de l’Indre – filiales du groupe Gupta - totalisant quelque 850 salariés ont été placés en redressement judiciaire. Dans le Jura, la fonderie de Saint-Claude, MBF Aluminium, est dans la même situation depuis le mois de novembre. 260 salariés y sont en sursis. Fin 2020, Fonderie du Poitou Fonte avait annoncé mettre fin à son activité, deux ans à peine après son rachat par la société britannique Alvance. Selon l'étude du cabinet Roland-Berger, près de 40% des emplois sont menacés d'ici à 2030, et même avant du fait de la crise. Toutefois l'électrique devrait aussi offrir de nouveaux débouchés, notamment pour les fonderies aluminium à haute pression.

 

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