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Handicap/Education - Auxiliaires de vie scolaire : 28.000 CDI "à terme", et après ?

Jean-Marc Ayrault a annoncé, le 23 août, que "dès la rentrée 2014, les 28.000 assistants d'éducation qui occupent (la) fonction d'auxiliaire de vie scolaire (AVS) verront progressivement leur emploi transformé en contrat à durée indéterminée". Promesse de François Hollande durant la campagne électorale de 2012, il s'agit là d'un geste d'autant plus important que nombre d'AVS recrutés à partir de 2006 - en application de la loi Handicap du 11 février 2005 - voient leur contrat de six ans arriver à expiration, suscitant l'inquiétude des intéressés, mais aussi celle des associations et des parents sur la continuité du suivi des enfants handicapés.
Outre une sécurisation de l'emploi pour les intéressés et pour les parents, cette mesure constitue également une reconnaissance de fait du métier d'AVS. Le Premier ministre a d'ailleurs annoncé la création d'un nouveau diplôme en 2014. Les AVS pourront aussi obtenir un diplôme d'Etat par la voie de la formation ou par validation des acquis de l'expérience (VAE).

La question du métier reste posée

Mais, si elle constitue une avancée dans la mesure où elle préserve les emplois actuels, la mesure ne suffira toutefois pas à régler la question du statut et de la filière des AVS. D'une part, la démarche sera très progressive. Jean-Marc Ayrault a ainsi indiqué que seuls 3.000 AVS seront en CDI à la rentrée, soit à peine plus de 10% des 28.000 CDI promis. Les pérénisations de ces emplois se feront ensuite - selon le nombre de CDD arrivant à expiration - au rythme de 3.000 à 9.000 par an.
D'autre part, la mesure ne concerne que les AVS qui exerçaient jusqu'alors sous statut de CDD. Elle ne touche pas, en revanche, ceux exerçant dans le cadre d'un contrat aidé, soit environ 30.000 AVS. Ces derniers vont même voir leur nombre augmenter, puisque Jean-Marc Ayrault a également annoncé le recrutement de 8.000 AVS supplémentaires dès cette rentrée. Ces derniers bénéficieront d'une formation initiale de 120 heures.
Enfin, le métier d'AVS restera éminemment précaire. Payés au Smic, employés pour la plupart à mi-temps, les AVS sont rémunérés entre 580 et 1.000 euros par mois. Le tout sans véritable perspective de carrière. George Pau-Langevin, la ministre déléguée chargée de la réussite éducative, a d'ailleurs affirmé que "le coût sera supportable pour le budget de l'Education nationale", sans toutefois avancer de chiffre précis. Le métier devrait donc rester assez peu attractif et apparaître plutôt comme un emploi d'attente. Sachant que le taux de turn-over est déjà important, la question de la continuité de l'accompagnement durant la scolarité d'un enfant handicapé devrait continuer de se poser.

Des réactions mitigées

Les réactions à l'annonce du Premier ministre apparaissent donc mitigées. La Fédération des Apahj (associations pour adultes et jeunes handicapés) se félicite ainsi de mesures qui "dénotent une ambition et des moyens dont nous ne pouvons que nous satisfaire dans un contexte difficile". Mais la Fnaseph (Fédération nationale des associations au service des élèves présentant un handicap) se contente de "prendre acte" de l'annonce du Premier ministre et estime que "le passage en CDI ne suffira pas à sortir les AVS de la précarité
 et à répondre aux besoins des jeunes handicapés et des familles".  

 

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