Avec Histologe, les locataires de Pau s’outillent contre le mal-logement

Problèmes d’humidité, de moisissure, d’insalubrité, de bruit ou de voisinage… Lorsqu’il était responsable du guichet unique de la Maison de l’habitat à l’agglomération de Pau, Chouaïb Nounès a été confronté à nombre de situations de ce genre. Quelle réponse apporter ? Comment mobiliser les multiples intervenants dans le domaine de l’habitat pour apporter des solutions rapides ? Chouaïb Nounès a eu l’idée, avec Alban Sestiaa, informaticien à l'agglomération, et Christelle Bonnemason-Carrère, adjointe au maire en charge de l’innovation, de créer une plate-forme dédiée. En juillet 2020 est né la web app « Histologe ».

A la mi-février 2021, l’équipe comptabilisait 173 signalements émanant de locataires du parc privé le plus souvent, et concernant essentiellement des problèmes d’hygiène et d’humidité. « 78 % sont en cours de résolution », affirme Chouaïb Nounès.

Autodiagnostic précis par l’usager

Pour signaler un dysfonctionnement, l’usager peut le faire directement sur le site ou l’appli, sans créer de compte. « Il est convié à décrire son problème avec le plus de précision possible, à réaliser un autodiagnostic, en quelque sorte, au sein de cinq grandes familles : parties communes ; hygiène ; sécurité ; performance énergétique ; espace habitable, souligne Alban Sestiaa, responsable développement et conception d’Histologe. Il est possible d’envoyer des photos et commentaires ». Un numéro de téléphone mobile est à la disposition des personnes non connectées.

Lorsqu’un usager contacte la plate-forme, Histologe se charge de vérifier que le signalement concerne bien la sphère publique de l’habitat. « Nous appelons le locataire pour préciser ses difficultés, précise Chouaïb Nounès, aujourd’hui responsable développement et partenariats d’Histologe. Parfois une visite en visio est effectuée. Ce service peut aussi être déclenché par un de nos partenaires ».

Tous les acteurs publics de l’habitat connectés

Le back-office de la plate-forme Histologe est relié à tous les acteurs publics concernés : service communal d’hygiène et de santé (SCHS, pour tout ce qui touche à l’insalubrité), direction de l’habitat de l’agglomération, centre communal d’action sociale, agence d’information sur le logement (ADIL, notamment pour les relations avec les propriétaires), bailleurs sociaux (pour une intervention ou un éventuel relogement), Maison de l’habitat (pour une étude sur la performance thermique), Agence régionale de santé, CAF… 

« Tout un travail préalable a été mené avec ces partenaires pour réaliser une grille d’affectation des signalements, pointe Alban Sestiaa. Chaque signalement est coté par Histologe en fonction des 72 critères qui ont été définis. A chaque critère, une pondération est apportée. Certains sont identifiés comme plus risqués, notamment quand ils touchent à l’insalubrité ». D’autres éléments sont pris en compte, tels que la typologie du foyer occupant et l’adresse, qui permet de savoir si le logement date d’avant 1949. « A partir de là, le travail d’algorithmie s’enclenche. Il calcule une cotation et permet de déclencher une alerte auprès de l’organisme le plus adéquat : SCHS, bailleur social, ADIL, etc. », poursuit Alban Sestiaa. Histologe accélère le traitement des signalements par rapport aux anciens outils (mails, coup de fil à un service ou un organisme), tout en conservant une traçabilité des demandes des locataires. « Effectuer un signalement sans rencontre physique est une démarche plus facile pour certaines personnes », commente Christelle Bonnemason-Carrère. Grâce à la plate-forme, une jeune femme dans un logement indigne va être relogée par son propriétaire dans un appartement plus sain. Une famille de 6 personnes vivant dans 34 m2 a pu déménager dans un logement de 7 pièces. Autant de résultats concrets permis par une exploitation des données d’Histologe.