Baisse des émissions de gaz à effet de serre : la France ne tient pas tous ses objectifs, selon le dernier Observatoire climat-énergie

La France ne tient pas tous ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, des secteurs importants continuant à trop émettre de CO2 et les puits de carbone ne fonctionnant pas aussi bien qu'attendu, selon le dernier Observatoire climat-énergie dévoilé ce 22 septembre.

Avec la reprise partielle de l'activité économique, l'année 2021 s'est traduite par un rebond des émissions brutes (sans tenir compte de l'absorption par les forêts et les sols) de gaz à effet de serre (GES), selon le dernier Observatoire annuel climat-énergie publié ce 22 septembre. Conçu par le Réseau action climat (RAC) avec d'autres partenaires, dont l'Agence de la transition écologique (Ademe) et le Cler-Réseau pour la transition énergétique, cet outil compare les émissions nationales aux objectifs qui ont été définis par la France dans le cadre de ses feuilles de route, la stratégie nationale bas carbone (SNBC) et la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Le pays vise zéro émission nette de gaz à effet de serre d'ici à 2050, c'est-à-dire qu'à cet horizon les émissions résiduelles doivent être compensées par les absorptions par les puits de carbone.

Pour les émissions brutes, en 2021, la différence avec l'objectif fixé est de 1%, ce qui fait dire à l'Observatoire que la France respecte malgré tout la trajectoire pour cet indicateur, comme le relève aussi le ministère de la Transition écologique. Celui-ci rappelle que la baisse des émissions françaises par rapport à 1990 est de 23% (voir notre article du 15 juin 2022). Le pays s'est engagé à les réduire de 40% d'ici 2030, une ambition qui doit être renforcée pour tenir compte de nouveaux objectifs européens (-55%).

Objectifs loin d'être atteints pour les émissions nettes

En revanche, pour les émissions nettes (incluant l'absorption par les forêts et sols), "la part indicative annuelle du budget carbone est quant à elle dépassée de 20,4 millions de tonnes équivalent CO2, compte tenu de la dégradation depuis plusieurs années du puits forestier", note l'observatoire. Le pays a ainsi émis l'an dernier 404,4 millions de tonnes équivalent CO2 (MtCO2e) nettes pour un objectif de 384 millions de tonnes nettes.

C'est sur le secteur des forêts et sols, qui doivent servir de puits de carbone, que l'écart est le plus important entre l'objectif fixé et ce qui s'est passé en réalité. Cet objectif d'absorption a été "surévalué", a estimé Zélie Victor, responsable de la transition énergétique au Réseau action climat. L'absorption de CO2, qui reste difficile à calculer, est mise à mal par l'artificialisation des sols, la sécheresse ou les incendies. "Ça nous rappelle surtout qu'il va falloir avant tout miser sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et pas seulement sur leur absorption et mieux prendre en compte aussi le développement et la préservation des forêts et des sols", a souligné Zélie Victor.

Sur cette question des puits de carbone, le ministère de la Transition écologique a reconnu une situation "plus inquiétante en raison de la sécheresse, des différentes maladies qui ont touché nos forêts, etc.". Sans compter les incendies de cet été qui pourraient avoir un impact cette année.

Le secteur des transports toujours en tête des émissions

Par activité, le secteur des transports reste le plus émetteur, avec 30,1% des émissions nationales, suivi par l'agriculture (19,4%) et l'industrie (18,6 %). Les transports et le bâtiment ont respecté leur "budget carbone" en 2021, selon l'observatoire, ces deux secteurs ayant profité respectivement de restrictions de circulation et d'une météo douce. Agriculture et industrie se sont en revanche écartées de leurs trajectoires.

Enfin, dans le secteur crucial de l'énergie, la sortie des fossiles reste "difficile" tandis que le pays accuse "un retard marqué sur les énergies renouvelables et sur la baisse de la consommation énergétique", pointe l'observatoire.

 

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