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Environnement - Bilan 2011 de la qualité de l'air : la pollution aux particules toujours aussi préoccupante

"On estime à près de 12 millions le nombre de Français exposés en 2011 à des dépassements des valeurs limites relatives aux particules PM10" : tel est l'un des principaux enseignements du bilan 2011 de la qualité de l'air publié le 3 août 2012 par le ministère de l'Ecologie. Pour ce type de polluant, les conditions météorologiques expliquent pour une large part les variations sensibles qui peuvent être observées d'une année sur l'autre, souligne le bilan. C'est ainsi qu'en 2011, "les températures froides du premier trimestre associées à des conditions anticycloniques relativement stables, ont favorisé les émissions dues au chauffage et à la non-dispersion des particules, conduisant à un nombre élevé de dépassements des valeurs limites réglementaires en début d'année", relève-t-il. Ce problème récurrent de la pollution aux microparticules a d'ailleurs valu à la France une assignation en justice par la Commission européenne pour non-respect des valeurs limites en mai 2011. "Sept sites ont dépassé la valeur limite annuelle, fixée à 40 microgrammes par mètre cube (μg/m3) contre sept en 2010 et huit en 2009", précise le bilan. "Il s'agit de sept sites de proximité automobile situés à Marseille, Paris et Fort-de-France. La valeur limite journalière de 50 μg/m3 à ne pas dépasser plus de 35 jours par an est dépassée sur plusieurs sites de surveillance du territoire dont sept sites industriels, 31 de fond (urbains et périurbains) et 23 sites de proximité trafic".

Plus de dix régions au-delà des valeurs limites

Les régions concernées par ces dépassements sont l'Alsace, la Champagne-Ardenne, la Haute-Normandie, l'Ile-de-France, la Martinique, Midi-Pyrénées, le Nord-Pas-de-Calais, Provence-Alpes-Côte d'Azur, la Picardie, la Réunion et Rhône-Alpes. En France, "quatre principaux secteurs" sont responsables des émissions de particules PM10 : les activités agricoles (épandages, stockages d'effluents, remises en suspension lors des labours notamment), l'industrie manufacturière, le secteur résidentiel et tertiaire et le transport routier, rappelle le bilan. "Alors que les concentrations diminuent légèrement entre 2010 et 2011 sur les stations industrielles et rurales, une légère augmentation des concentrations de PM10 est enregistrée pour les stations de fond urbain et de proximité automobile", note-t-il.
Ces particules fines, "liées aux véhicules diesel ", sont "la conséquence d'une diésélisation unique au monde du parc automobile" et constituent un "problème de santé public majeur", a réagi le député Denis Baupin (EELV, Paris), vice-président de l'Assemblée nationale. "Face à la crise que traverse aujourd'hui l'industrie automobile, le gouvernement a à juste titre affirmé une ambition de conversion écologique. Celle-ci doit être l'occasion de dé-diéséliser progressivement le parc automobile français, en aidant les industriels à cette reconversion, en supprimant les niches fiscales favorisant ces véhicules, en aidant les véhicules les plus propres et les plus sobres", a-t-il estimé dans un communiqué, en soulignant que les parlementaires écologistes feront des propositions lors de la Conférence environnementale des 14 et 15 septembre 2012 et de l'examen du projet de loi de finances 2013.

D'autres pollants très présents près des axes routiers

Pour les autres polluants, le bilan de la qualité de l'air note que la baisse des concentrations se poursuit pour le monoxyde de carbone et le dioxyde de soufre. Aucun dépassement réglementaire n'a été enregistré en 2011. Pour l'ozone, "un seul événement de pollution photochimique d'ampleur nationale a été relevé vers la fin du mois de juin marqué par un bref épisode de fortes chaleurs, souligne-t-il. Sur le long terme, malgré la baisse des émissions des précurseurs de l'ozone (oxydes d'azote, composés organiques volatils, monoxyde de carbone), les niveaux de fond restent supérieurs à ceux constatés au début des années 90". "La stabilité des concentrations de NO2 dans l'air, avec à l'origine une réduction globale des oxydes d'azote mais une augmentation des émissions directes du dioxyde d'azote, est néfaste pour la santé, en proximité des axes routiers", indique-t-il encore. "Plus de 10 % des stations de mesure concernées, principalement en situation de proximité automobile, ont dépassé les valeurs limites réglementaires de dioxyde d'azote dans l'air en 2011".
Au vu de ce bilan, le ministère de l'Ecologie a affirmé que la lutte contre la pollution de l'air est "une priorité majeure pour le gouvernement". La ministre Delphine Batho souhaite l'inscrire à l'ordre du jour de la Conférence environnementale, dans la table ronde "Prévenir les risques sanitaires environnementaux". Elle a aussi rappelé que les "mesures structurelles nécessaires à l'amélioration de la qualité de l'air" feront également l'objet le 20 septembre d'une réunion de travail avec les collectivités volontaires engagées dans l'élaboration de zones d'actions prioritaires pour l'air (Zapa) qui peinent à voir le jour.