Transports - Bilan carbone favorable pour les nouvelles lignes à grande vitesse
Selon le premier bilan carbone global réalisé sur une ligne à grande vitesse en cours de construction, la LGV Rhin-Rhône, l'empreinte carbone d'une telle infrastructure devient nulle à partir de sa 12e année d'exploitation et "rentable" au-delà. Les résultats de cette étude menée par l'Ademe, la SNCF et RFF, qui ont été rendus publics ce 25 septembre, montrent que grâce au report de la voiture et de l'avion vers le train, la LGV permet d'éviter l'émission de près de 4 millions de tonnes équivalent CO2 (teCO2) sur 30 ans, soit les émissions d'une ville comme Dijon pendant deux ans.
"Cette étude confirme clairement l'intérêt du TGV pour les trajets interurbains", a expliqué Virginie Schwarz, directrice Energie, air et bruit, au sein de l'Ademe. "Elle montre par ailleurs que, dans les débats sur le ferroviaire, il faut qu'on regarde de plus près la partie amont (conception et construction), qui représente, sur 30 ans, 43% des émissions totales, contre 57% pour l'exploitation et la maintenance", a-t-elle ajouté.
Prospection archéologique, déboisement (sur une largeur moyenne de 100 mètres autour de la voie), déplacements de la terre (déblais ou remblais), mais aussi matériaux et matériel utilisés, allant de la chaux pour les traitements de sol aux ordinateurs (500 sur ce projet) : tous les postes ont été passés au filtre du carbone. En s'en tenant aux seules émissions liées à l'énergie consommée lors du transport, nombre de calculs mis en avant jusqu'à ce jour offraient des comparaisons très flatteuses pour le train, mais laissaient de nombreuses émissions de gaz à effet de serre s'"échapper" dans l'atmosphère. Cette méthode assez simpliste permet ainsi d'affirmer que 500 kg de carbone permettent à un individu de faire un aller-retour Paris-New-York en avion, ou 15.000 km en voiture citadine, ou 8.000 km en berline, ou... "18 fois le tour de la terre en TGV".
S'appuyant sur ce premier "Bilan carbone ferroviaire global", la SNCF dresse un inventaire des points d'amélioration possibles: diminuer l'utilisation du ciment dans la construction des gares, équiper l'ensemble des bâtiments ferroviaires de panneaux photovoltaïques, ou encore former le personnel à l'éco-conduite des trains. L'entreprise ferroviaire compte présenter dans les prochains mois avec RFF un guide méthodologique permettant la réalisation du bilan carbone de tout projet ferroviaire, y compris ceux visant à moderniser les lignes existantes et souhaite fournir à l'Etat et aux collectivités un bilan carbone prévisionnel dès les études préliminaires des nouveaux projets.
Pour France Nature Environnement (FNE), qui rassemble 3.000 associations, la réalisation d'un bilan carbone complet des LGV est une réelle "avancée", mais elle ne doit pas faire oublier d'autres enjeux environnementaux, liés à la protection de la biodiversité, "tissu vivant" de la planète. "Quand une ligne à grande vitesse coupe une vallée en deux, il est très difficile d'évaluer ou de quantifier les atteintes à l'habitat d'une espèce végétale ou animale", a souligné Michel Dubromel, responsable transport au sein de la Fédération. "Quand on examine ces projets, la lunette climat est importante, mais elle ne doit pas faire oublier les équilibres des milieux naturels", a-t-il mis en garde.
A.L. avec AFP