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Environnement - Bilan en demi-teinte pour le Plan déchets, selon l'Ademe

Deux ans après l'année de référence des objectifs du Grenelle de l'environnement et trois ans avant l'échéance de 2012, le Plan déchets mis en place à l'automne dernier n'a pas encore eu le temps d'avoir des effets directs visibles. Mais dans sa dernière lettre "Ademe et vous – Stratégie et études", l'Ademe estime déjà qu'il "aura fort à faire pour ramener les quantités incinérées et stockées sur une trajectoire compatible avec l'objectif global de 15% de baisse par rapport à 2007, et pour atteindre l'objectif de 75% de recyclage des emballages ménagers", même si "certains objectifs 2012 semblent sur la bonne voie, voire d'ores et déjà acquis".

"L'objectif de baisse de 15% des quantités incinérées et stockées aurait dû se traduire par une diminution de 6% en 2009 par rapport à 2007", indique l'Ademe. Or cette baisse n'a été que "de l'ordre de 4,4%". Il faudra donc "une correction significative de trajectoire pour atteindre les objectifs fixés pour 2012", souligne l'agence, et ce d'autant plus que la crise économique a contribué à diminuer les quantités totales de déchets produits en 2009. Le recyclage des déchets d'emballages ménagers est lui aussi en retard par rapport à l'objectif de 2012 : il est évalué à 64,8% en 2009 alors qu'il aurait dû être de 66,8%.

En revanche, le taux de déchets ménagers et assimilés (DMA) orientés vers le recyclage est "déjà arrivé à sa cible 2012 de 35%" et le recyclage des déchets non dangereux des entreprises apparaît "légèrement en avance sur la trajectoire avec 68,7% prévus pour 2009 pour une estimation de trajectoire 2009 à 68,3%". La production d'ordures ménagères et assimilées (OMA) semble aussi évoluer favorablement : elle a été réduite de 3,1% alors que les prévisions pour atteindre une baisse de 7% d'ici à 2012 fixaient à 2,8% celle nécessaire pour 2009.
L'Ademe juge aussi qu'"un infléchissement de tendance important sera nécessaire pour tenir l'objectif de 45% de DMA orientés vers le recyclage en 2015". Selon elle, "un effort reste à faire au niveau de la prévention, des capacités de traitement de la fraction organique des déchets et du recyclage en général". En matière d'équipements, l'Agence affirme vouloir porter son effort de soutien à l'investissement sur la rénovation du parc de déchèteries et sur la modernisation de celui de centres de tri (augmentation de la capacité globale de traitement et amélioration des performances via les nouvelles technologies).

Anne Lenormand

 

Les eurodéputés veulent favoriser le recyclage des déchets organiques

Le Parlement européen a adopté le 6 juillet 2010 une résolution appelant à définir des règles unifiées et ambitieuses concernant le recyclage et le tri sélectif des quelque 100 millions de tonnes de déchets organiques actuellement produites en Europe. Aujourd'hui, les épluchures de légumes ou les déchets de jardin sont le plus souvent enfouis ou déposés dans des décharges, voire incinérés, avec des conséquences néfastes pour l'environnement (émissions de méthane et de gaz à effet de serre).
Tous les pays ne sont naturellement pas logés à la même enseigne. Certains disposent déjà de systèmes de tri sélectif performants – c'est notamment le cas de l'Autriche, des Pays-Bas, du Danemark ou de la Suède – ou pratiquent le compostage. Mais d'autres sont très en retard : en Pologne et en Lituanie, par exemple, 90% des déchets organiques sont enfouis ou laissés dans des décharges. Le recyclage des déchets organiques n'a pas seulement un intérêt écologique mais aussi économique puisqu'il est par exemple possible de récupérer le méthane issu de leur décomposition pour s'en servir comme carburant. Le procédé est assez courant en Suède. En France, la métropole lilloise dispose aussi d'un centre de valorisation organique doté d'une usine de bio-méthanisation qui permet à la fois de produire du compost et de récupérer les gaz de fermentation pour les transformer en carburant capable d'alimenter les bus urbains. Dans leur résolution, les eurodéputés demandent donc à la Commission de revoir l'actuelle législation applicable aux biodéchets et d'élaborer avant la fin 2010 une proposition de directive. Ce texte pourrait obliger les Etats membres à instaurer un système de collecte sélective, à augmenter le taux de recyclage des déchets organiques et à mener des actions de sensibilisation auprès des habitants pour faire changer les comportements.
A.L