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Entreprises - Bourses régionales : 671 ETI et PME pourraient être candidates à une cotation en région

671 ETI et PME de province pourraient être candidates à une cotation régionale, pour une capitalisation de 52 milliards d'euros, d'après une étude d'AltaValue, publiée le 17 mars 2015. Un potentiel important qui va dans le sens de la création de bourses régionales, comme le propose l'amendement de Jean-Christophe Fromantin au projet de loi Macron, adopté en janvier.

En janvier 2015, la commission spéciale de l'Assemblée nationale chargée d'examiner le projet de loi sur la croissance et l'activité du ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, adoptait un amendement visant à créer des bourses régionales. Dans une étude publiée le 17 mars, AltaValue fait le point sur le potentiel de capitalisation que représentent les ETI et PME de province. Au total, ce spécialiste de l'information d'entreprise identifie 672 PME et ETI qui pourraient être cotées. "Cela représente une capitalisation totale de 52 milliards d'euros, précise l'étude, ce qui augmenterait la capitalisation boursière des PME et ETI françaises de 50%."
Les deux tiers de ces entreprises sont basées en région (294 PME et 377 ETI), en tête desquelles la région Rhône-Alpes (106 PME ou ETI pour une capitalisation de 8,9 milliards d'euros), l'Alsace-Lorraine et Champagne-Ardenne (60 PME ou ETI, 4,3 milliards d'euros), et Nord-Pas-de-Calais-Picardie (45 PME ou ETI pour 3,15 milliards d'euros).
Ces entreprises sont très nettement orientées à l'international : 58% d'entre elles sont présentes à l'export et 20% réalisent plus de 50% de leur chiffre d'affaires hors de France. Leur taux d'investissement est largement supérieur à la moyenne nationale : 24% contre 13%. La plupart d'entre elles (75%) existent depuis plus de vingt ans et ont en moyenne 253 salariés. Leurs secteurs d'activités sont variés, même si les activités immobilières sont prépondérantes (47 PME et 40 ETI) : chimie, construction, industrie, commerce, informatique…
La mise en place de bourses régionales permettrait de mieux orienter l'épargne locale vers ces entreprises. En 1990, six bourses de ce type avaient été créées en plus de celle de Paris, à Lyon, Nantes, Marseille, Bordeaux, Lille, Nancy, mais elles ont vite disparu, en 1991, face à la mondialisation des marchés financiers… Depuis quelques années, des initiatives ont vu le jour pour les relancer, comme Place d'échange, une bourse lyonnaise dédiée aux PME, qui a été créée en juillet 2014 à l'initiative de la chambre de commerce et d'industrie de Lyon, par l'intermédiaire de l'opérateur boursier Alternativa. Autre exemple : Kiosk to Invest, lancée il y a un an par la CCI de Caen, également géré par Alternativa.

Une bourse pour chaque région ?

L'amendement du député-maire UDI de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin, adopté mi-janvier par la commission spéciale de l'Assemblée nationale prévoit quant à lui la remise par le gouvernement dans un délai de trois mois à compter de la publication de la loi, d'un rapport sur la création de plateformes "de cotations régionales ou bourses régionales dans chaque métropole régionale afin de fournir un outil de circuits courts de financement régional". L'objectif est d'améliorer le financement des entreprises et notamment celui des PME régionales. Les acteurs régionaux, régions et métropoles, seraient chargés de l'animation de ces bourses, avec l'aide de la Caisse des Dépôts et de la banque publique d'investissement Bpifrance. L'Autorité des marchés financiers (AMF) serait quant à elle chargée d'assurer la régulation du dispositif.
L'étude d'AltaValue pose toutefois la question de la pertinence de créer dans chaque région une telle bourse. "Mettre en place un outil de circuit court de financement régional n'implique pas nécessairement des places de cotations dissociées au niveau de chaque région qui pourraient s'avérer contre-productives", détaille ainsi AltaValue, estimant que multiplier les opérateurs peut conduire à une perte de visibilité pour les émetteurs et à offrir un service inégal aux entreprises et investisseurs selon les régions. "Il ne faut pas fermer la porte aux investisseurs non régionaux, voire aux investisseurs internationaux en multipliant des places régionales dissociées qui empêchent d'accéder au même endroit à l'ensemble de l'univers 'investissable'", souligne l'étude. Autre question : la pertinence de faire porter le projet par les autorités publiques, alors que la majorité des places boursières significatives sont privées. Un processus qui impliquerait aussi des dépenses publiques supplémentaires…
Le projet de loi Macron a été adopté le 19 février en première lecture par l'Assemblée nationale. Il est examiné depuis le 17 mars en commission spéciale au Sénat et le sera en séance publique au mois d'avril.

 

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