Brest (29) se dote d'un conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance

Installé fin 2003, un conseil à dimension intercommunale de sécurité et de prévention de la délinquance s'imposait sur l'agglomération brestoise pour répondre à la mobilité des populations au sein de l'agglomération et à l'extension de la petite délinquance dans les communes périphériques.

Brest ne passe pas pour une ville particulièrement difficile en termes de sécurité publique. Peut-être parce que, dès 1985, la commune de Brest a décidé de mettre sur pied un conseil communal de prévention de la délinquance. Il s'agit alors d'établir le constat des problèmes se posant sur le territoire de la commune et de définir les objectifs et les actions coordonnées entre l'Etat et la commune. Deux ans plus tard, un contrat d'actions de prévention pour la sécurité dans la ville est rédigé. Dix ans après, la réalisation d'un diagnostic local de sécurité aboutit à la signature d'un contrat local de sécurité (CLS). "On avait tous ces acquis pour créer le conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance (CISPD), explique Luc Etienne Mollière, coordonnateur prévention sécurité pour Brest et l'agglomération. Ce passé avait permis aux différents acteurs de se connaître." En dix ans, les communes périphériques ont été rattrapées par le phénomène. "Les tags ne sont plus réservés à Brest ; on assiste à des regroupements de jeunes qui s'alcoolisent, raconte Luc Etienne Mollière. Très mobiles, le plus souvent scolarisés sur Brest, ils se regroupent désormais dans les communes de la périphérie." Dire que la petite délinquance est le seul fait des jeunes serait réducteur, mais le sentiment d'insécurité lié à ces bandes est en revanche réel et les maires de ces communes constatent aujourd'hui des dégradations qui n'existaient pas il y a encore 10 ans.

Un diagnostic sécurité sur les communes

L'échelon intercommunal est-il pertinent pour traiter efficacement ces problèmes ? Le diagnostic réalisé par le cabinet Civis Conseil (Paris) en 2002 pose deux constats forts : le problème de la sécurité routière sur l'ensemble de l'agglomération et celui du phénomène des regroupements de jeunes dans les centres bourgs, caractérisés par une consommation excessive d'alcool sur la voie publique et de petites dégradations, qui alimente le sentiment d'insécurité. Pour faire face, le CISPD a été créé fin 2003, regroupant élus, services de l'Etat et associations. Ils se retrouvent deux fois par an pour faire le point de la situation et préparer les actions à mener. Afin d'être plus directement opérationnel, un bureau restreint met en oeuvre la politique du Conseil. Le CISPD étant une instance nouvelle, 2004 sera une année de constats et de sensibilisation. Il faut que tout le monde apprenne à travailler ensemble comme cela s'est fait progressivement sur la ville de Brest. Exemple : la coordination entre la police, qui intervient seule sur Brest, et la gendarmerie, qui est compétente dans les autres communes. Jusqu'à présent, les maires ne disposaient pas d'informations précises sur les faits de délinquance se déroulant sur le territoire communal. "Pour que ce soit efficace, il faut savoir de quoi on parle. Nous avons commencé à organiser une série de réunions dans les communes pour sensibiliser l'ensemble des partenaires aux questions posées", poursuit Luc Etienne Mollière.

Des moyens limités aux actions du contrat de ville

La prévention fera par exemple l'objet d'une série de réunions consacrées à la sécurité routière, à des actions de prévention des conduites addictives, aux réponses à apporter à l'alcoolisation des jeunes et des adultes, ou encore à la protection des mineurs. Pour le moment, le CISPD n'est doté que d'un secrétariat et du coordonnateur de sécurité. Il ne dispose pas de moyens financiers propres mais pourra en bénéficier dans le cadre du contrat de ville pour financer au cas par car les actions définies. Il restera ensuite à faire un bilan et à évaluer les résultats de cette politique qui s'inscrit forcément sur le long terme. "Ce n'est pas le plus simple mais on a toutefois quelques indicateurs. D'abord le CISPD nous permet de dresser des constats objectifs et d'avoir une meilleure connaissance des situations existantes et des réponses apportées. Ce qu'on ne peut mesurer, évidemment, c'est l'impact de la prévention sur le passage à l'acte et le poids des actions qu'on mène. C'est un travail compliqué qui nous amène à intervenir non seulement dans le domaine de l'information et de la prévention mais qui concerne aussi le traitement du sentiment d'insécurité qui est quelque chose de subjectif." Cela commence par une action tout simple : communiquer la réalité de ce qui se passe pour éviter les rumeurs et la désinformation et dire ce que l'on fait. Une grande partie du travail consiste à aller voir les acteurs de terrain pour les informer.


Jean-Luc Poussier / Innovapresse Rennes pour Localtis


 


"L'intercommunalité nous permettra de faire davantage"


 

Jean Mobian, maire de Guilers (7.500 habitants) depuis 1995, a été élu président du CISPD parce que, explique-t-il, il a toujours eu la volonté de s'impliquer dans le domaine de la cohésion sociale et de la prévention, ce qui lui paraît primordial dans sa fonction d'élu.

Comment s'exprime le sentiment d'insécurité dans les populations des communes de la communauté urbaine de Brest ?

Nous avions déjà eu l'occasion de faire mener une étude sur les communes de la communauté d'agglomération qui nous a donné une bonne idée des problèmes posés. Dans ma commune comme dans les autres, les gens viennent se plaindre de tags, de consommations excessives d'alcool sur la voie publique, parfois de propos injurieux et de petites dégradations. On a notre lot de dégradations de biens publics. Ce sont des choses qui n'arrivaient pas avant.

Quels atouts supplémentaires apporte l'intercommunalité dans les réponses à apporter à ces problèmes ?

Jusqu'à présent, chacun travaillait dans son coin, ce qui n'est pas suffisant. D'une part parce que, sur chacune de nos communes, nous n'avons pas les moyens d'avoir une connaissance exhaustive des problèmes posés. D'autre part parce que les difficultés sont les mêmes d'une commune à l'autre et les populations, en particulier les jeunes, circulent beaucoup entre les différentes communes. Nous avions déjà ciblé quelques actions mais l'intercommunalité nous permettra d'en faire davantage.

Quelle efficacité en attendez-vous après la réalisation de l'état des lieux et à quelle échéance ?

Pour l'état des lieux, on s'est donné jusqu'en décembre prochain. Cette connaissance de la situation s'accompagnera de réunions et de commissions de travail. A partir de 2005, nous allons mettre en place des fiches action dans les territoires avec, à la fin de chaque année, une évaluation de ce qu'on a fait et de nouvelles actions. Les résultats de ces politiques de prévention restent difficiles à évaluer mais nous devons justement nous attacher à voir ce qui change suite aux politiques menées.


 

Trois collèges, quatre axes d'actions et huit communes pour le CISPD


 

Pour dégager des pistes de travail, Civis Conseil a procédé à un audit des communes de la communauté urbaine de Brest : Bohars, Guilers, Plougastel-Daoulas, Le Relecq-Kerhuon, Gouesnou, Guipavas, Plouzané. Pour Brest, les informations sont connues et le CLS fonctionne en coordination avec le CISPD.

Un croisement d'éléments d'information

A partir de l'analyse sociodémographique des communes, de l'analyse de l'évolution de la délinquance entre 1999 et 2001, du sentiment d'insécurité sur la base d'un questionnaire diffusé sur les communes et du recueil de témoignages des principaux acteurs concernés au niveau local, le cabinet Civis Conseil a repéré les difficultés ressenties dans les communes : délinquance et insécurité, réponses apportées par les différents acteurs et attentes exprimées par les professionnels et la population.

Une dynamique intercommunale

Les quatre chantiers prioritaires ont trait à la tranquillité publique, aux publics sensibles et aux publics jeunes, à la lutte contre les comportements à risques et/ou aux conduites addictives et à la sécurité routière. Ces problématiques transversales permettent de mettre en oeuvre une dynamique intercommunale pour répondre à ces différentes questions. Toutefois, des réponses communales pourront venir en appui et en complément en fonction des caractéristiques propres à chacune des communes.

Un travail en commissions

Deux commissions thématiques ont été mises en place (prévention des conduites déviantes, prévention de la récidive et aide aux victimes). Trois collèges de treize membres forment le CISPD. Le premier est composé d'élus désignés par les maires. Le second collège est composé par les chefs de services de l'Etat ou leurs représentants désignés par le préfet et le troisième est celui des représentants d'organismes publics et privés intervenant dans la prévention, la sécurité ou l'aide aux victimes.

 


 

Commune de Brest

Nombre d'habitants :

140000
2 rue Frézier
29 000 Brest

Alain Le Coq

Chef de cabinet du sous-préfet

Luc Etienne Mollière

Coordonateur prévention sécurité

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