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Compte personnel de formation : un recours plus faible des salariés précaires

Le taux de recours au compte personnel de formation des salariés en CDD ou en intérim est quatre fois inférieur à celui des salariés en CDI, selon une étude de la Caisse des Dépôts.

 

Malgré une plus grande facilité d’utilisation et une notoriété en hausse, le compte personnel de formation (CPF) n’a pas réduit toutes les inégalités d’accès à la formation. En 2020, 0,7% des salariés en CDD et 0,75% des intérimaires ont utilisé leur CPF, contre 2,6% des salariés en CDI, relève une étude de la Caisse des Dépôts publiée le jeudi 17 février 2022. Un autre décalage peut être constaté lorsque l’on compare les niveaux de rémunération : 2% des salariés rémunérés moins de 15.000 euros par an – soit 9 millions de salariés - recourent au CPF, contre 3% à partir de 40.000 euros brut annuel et 3,90% au-delà de 70.000 euros par an. Cet écart s’est toutefois réduit entre 2019 et 2020.

L’une des explications à ce moindre recours est mécanique : du fait de la proratisation des droits en cas de durée de travail inférieure à 803,5 heures (la moitié de la durée annuelle légale), les salariés alternant des contrats courts accumulent moins de droits que ceux qui sont en CDI. Quand ils sont en CDD, ils disposent en moyenne de 530 euros et de 670 euros en intérim, contre 1.490 euros dans le cas des contrats stables. "Les possibilités de financement de formations grâce au seul CPF sont donc comparativement plus réduites pour les salariés précaires", souligne l’étude qui rappelle que le coût médian des formations suivies en 2020 s’élève à 1.290 euros (contre 1.470 euros en 2019).

Des formations "plus courtes et moins coûteuses"

Tenant compte des montants parfois plus faibles disponibles sur les comptes personnels de formation, "les organismes de formation professionnelle semblent ainsi avoir adapté leur offre de formation à la capacité de financement CPF des salariés, principalement en jouant sur la durée des formations", souligne l’étude.

Les formations choisies par les salariés précaires ou au Smic sont ainsi "plus courtes et moins coûteuses". 19,8% des actifs en CDD ou en intérim ont choisi une formation au permis de conduire. Suivent les formations à la création ou reprise d’entreprise (6,8%), aux tests d'anglais TOEIC (6,8%), à la certification d’aptitude à la conduite en sécurité de catégorie 3 (3,8%), ainsi qu’à la certification Tosa qui valide des compétences informatiques.

Ces inégalités selon le statut d’emploi se recoupent avec la catégorie socio-professionnelle. Ainsi, les cadres et professions intellectuelles supérieures comme les professions intermédiaires recourent davantage au CPF que les autres catégories socioprofessionnelles. Leurs taux de recours (2,67% et 2,45%) dépassent encore ceux des employés (2,17%), des artisans commerçants et chefs d’entreprise (1,82%) et des ouvriers (1,57%).