Coopérative : une alternative à l'entreprise classique pour éviter la disparition de PME

La reprise ou la transmission de petites entreprises échoue souvent faute de repreneur individuel. Le conseil régional de Haute-Normandie souhaite promouvoir une solution encore peu connue : la reprise par les salariés, sous la forme coopérative. Cette solution s'inscrit dans une politique plus globale de développement de l'économie sociale et solidaire. L'objectif est que la coopérative intègre le catalogue des scénarios d'évolution possible d'une entreprise, sans préjugés.

"La transmission d'entreprises est une question centrale surtout dans le secteur de l'artisanat où même les chefs d'entreprise qui prévoient leur succession ont du mal à trouver un repreneur individuel", confirme Cyrille Moreau, chargé de mission auprès de Claude Taleb, conseiller régional délégué à l'économie sociale et solidaire. Un certain nombre de dispositifs (formations, ateliers, conseils, aides...) ont été mis en place par les chambres consulaires ou le conseil régional pour accompagner les entrepreneurs. Le conseil régional a choisi de l'étoffer en faisant valoir une nouvelle voie, celle de la reprise collective, via des coopératives. Autrement dit, ce sont les salariés qui deviennent les repreneurs. Dans les sociétés coopératives de production (Scop) - la forme la plus connue des coopératives -, la gestion repose sur l'implication des salariés, en particulier dans le capital de l'entreprise.
"Notre politique est totalement pragmatique. C'est la rencontre d'un souci collectif et général lié à l'évolution démographique des chefs d'entreprise et la conscience que l'économie régionale, très marquée par son histoire industrielle, est appelée à évoluer", pose Claude Taleb. "Il est primordial que les compétences, les savoir-faire accumulés ne disparaissent pas. L'économie solidaire intervient comme l'un des éléments d'une palette d'outils que nous devons de mettre en place", poursuit-il.

Eviter la fermeture d'entreprises et les suppressions d'emplois qui en résulte

"La coopérative est une solution collective qui permet d'éviter de courir après "le superman" ! Ce super entrepreneur qui aurait et l'envie et les moyens de reprendre une entreprise... Avec la coopérative, la responsabilité est partagée, c'est un gage non-négligeable", reprend le chargé de mission. Reste à convaincre tant les chefs d'entreprise que les salariés de la pertinence, de l'intérêt et de la faisabilité de cette solution. Or comme le reconnaît Claude Taleb, les réticences sont marquées de aprt et d'autre. "Les chefs d'entreprises doutent de la capacité de leurs salariés à reprendre l'outil et à poursuivre l'activité, tandis que les salariés hésitent à passer de l'autre côté !", résume-t-il. Qui plus est, "nous sommes dans un domaine où ces valeurs ne sont pas coutumières. Cela ne convient pas à tout le monde".
Pour promouvoir cette solution, la région intervient de différentes façons. Les coopératives ont été intégrées parmi les bénéficiaires des diverses aides à l'investissement, au fonctionnement, accordées par le conseil régional dans le cadre de sa compétence économique. Les projets sont donc assurés de l'appui de la région.

La région a favorisé l'ouverture d'antenne de l'union régionale des Scop

Les artisans, chefs d'entreprise ou salariés peuvent désormais compter sur un soutien technique et juridique. Parce qu'il est plus complexe de s'organiser dans un format collectif qu'en simple SARL, parce que ce format juridique est encore peu connu, le conseil régional a mobilisé le principal acteur des Scop pour être l'interlocuteur de terrain. L'union régionale des SCOP existait déjà, mais elle couvrait trois régions dont l'Ile-de-France et ne disposait pas d'antenne en Haute-Normandie. La région a favorisé l'implantation d'une antenne de l'Urscop en janvier 2007. La région prend en charge une partie des frais fixes de la structure et accorde une participation par dossier suivi. Une convention a été signée entre le conseil régional et l'Urscop pour formaliser ce partenariat.
La promotion de l'outil coopératif auprès des différents acteurs économiques semble tout aussi importante, à court et plus long terme. Cette mission, confiée à l'Urscop, n'a rien d'anodin tant les clivages entre une économie dite conventionnelle et celle, dite sociale et solidaire sont prononcés. "Les chambres consulaires sont très frileuses encore...", concède Claude Taleb.
Si la politique en faveur de l'économie sociale et solidaire a été lancée en 2004 par le conseil régional, le volet propre à la transmission d'entreprise est encore trop récent pour en sortir un quelconque bilan. Des projets de reprises en coopérative d'entreprises qui auraient dû fermer sont en cours d'étude. Mais il ne s'agira sans doute que d'une niche. "En général, les projets de transmission interviennent suite à un accident économique ou industriel et malheureusement pas assez en anticipation. Or, c'est vraiment dans ce sens qu'il faut aller. Nous aurons plus de création de coopératives que de coopératives résultant de la transmission d'entreprise", insiste Claude Taleb.
Actuellement, la région compte une trentaine de coopératives (de 10 à 30 salariés), et autant de projets en gestation. Autant dire que leur poids est très marginal ; ce qui apparaît somme toute logique dans une région où l'industrie automobile et la chimie ont structuré l'économie. Mais Claude Taleb est convaincu de leur potentiel. "La majorité des coopératives sont des créations d'activité. Et je crois fortement à leur développement dans des gisements d'activité importants que sont les énergies renouvelables, les services aux personnes, la protection de l'environnement", conclut-il.

 

Emmanuelle Stroesser, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Conseil régional de Haute-Normandie

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1740000

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1420
5 rue Robert-Schuman - BP1129
76174 Rouen Cedex

Cyrille Moreau

Chargé de mission

Claude Taleb

Conseiller régional délégué à l'économie sociale et solidaire

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