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Environnement - Coup d'envoi du référentiel de certification "Route durable"

Le premier référentiel de certification national "Route durable" a été officiellement lancé ce 20 avril après une phase d'expérimentation de trois ans dans le département du Nord. Le conseil général, présidé par Bernard Derosier, a en effet décidé fin 2006 d'appliquer les principes du développement durable à ses projets routiers, prolongeant en cela une action engagée depuis plusieurs années pour la construction des collèges et des bâtiments départementaux. "La démarche consiste à prendre en compte tous les aspects environnementaux d'un projet –sociaux, écologiques et économiques – de sa phase d'études à sa phase de réalisation", a expliqué Bernard Derosier au cours d'une conférence de presse. La méthode a déjà été testée sur plus de trente opérations.

Premier projet à avoir bénéficié de l'application de la méthode du début à la fin : le contournement routier de la commune de Cantin, au sud-est de Douai, qui a nécessité la construction d'une nouvelle voie de 3,5 km. Tous les aspects environnementaux ont été intégrés dans l'opération : utilisation de matériaux spécialement conçus pour leur qualité acoustique, cheminement de la faune, qualité paysagère, recours à des techniques permettant un entretien simple et peu onéreux, réutilisation de déblais de chantiers comme remblais, etc. Au final, le projet a coûté  10% de moins que l'estimation initiale faite par l'Etat.

Autre exemple d'application de la démarche Route durable : le projet de doublement des voies de la RD 642 entre l'autoroute A 25 et Hazebrouck. Le tracé envisagé fait gagner 30 kilomètres, ce qui contribue à réduire les émissions de CO2. L'un de ses tronçons contourne un village de façon à réduire les nuisances liées au bruit et à la circulation pour les habitants. Pour mieux intégrer le projet dans le paysage et éviter de lui donner un aspect d'autoroute, les échangeurs dénivelés initialement prévus ont été supprimés. Enfin, un "cœur de nature" de 30 hectares et une zone agricole d'intérêt écologique de 100 hectares ont été délimités pour préserver des espèces rares comme le triton alpestre tout en favorisant le maintien d'activités agricoles. "Le projet initial de l'Etat, vieux de trente ans, avait été rejeté par le conseil régional de protection de la nature, a souligné Bernard Derosier. En appliquant cette nouvelle démarche Route durable, le département a débloqué la situation. Cela permet d'accorder une attention toute particulière à l'avis des futurs usagers du projet et des riverains. Nous avons aussi réussi dans ce cas précis à éviter toute montée de tension avec le monde agricole en instaurant une véritable collaboration."

 

Plus de quinze départements mobilisés

A partir de ces différentes expérimentations, le département a finalisé un référentiel de certification en partenariat avec le Centre scientifique et technique du bâtiment et sa filiale Certivea, spécialisée dans les démarches qualité, le laboratoire central des Ponts et Chaussées et le Centre d'études techniques de l'équipement. Un comité de suivi a été constitué dans la foulée avec une quinzaine de départements intéressés par la démarche, l'Assemblée des départements de France, Réseau ferré de France, la SNCF, plusieurs communautés urbaines (Brest Métropole Océane, Dunkerque Grand Littoral, Lille Métropole, Grand Nancy), France nature environnement et les fédérations d'usagers de la route. Depuis mars 2009, il a suivi les travaux du comité d'application - comité technique plus restreint - qui a élaboré la certification.

Destiné à tous les maîtres d'ouvrage d'infrastructures routières, le référentiel a été conçu de manière évolutive. Dans sa version actuelle, il définit neuf objectifs et 28 sous-objectifs. Les indicateurs de mesure ou d'appréciation de la performance durable du projet routier sont répartis en trois niveaux  : niveau de base - correspondant aux exigences réglementaires ou aux pratiques usuelles en l'absence de réglementation -, performant et très performant. Pour être certifié, un projet doit traiter au plus 13 sous-objectifs en niveau de base, au moins 8 en niveau performant et 5 en niveau très performant. La certification se déroule en trois temps : un audit en phase programmation, un audit en phase conception et un audit en phase réalisation.

Le coût de la démarche sur toute la durée d'élaboration du projet est évalué à 40.000 euros. Mais pour les équipes du conseil général du Nord qui l'ont expérimentée, on ne peut pas parler de surcoût dans la mesure où cela permet de réaliser des économies dans la conception du projet et de sécuriser les délais de réalisation et de procédure. Un argument qui a déjà convaincu leurs homologues de la Somme et de Seine-Maritime, qui ont commencé à appliquer la démarche à leurs projets routiers. D'ici 2011, une quinzaine de projets devraient pouvoir prétendre à la certification.

 

Anne Lenormand

 

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