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Mobilité - Courtes et longues distances : les coûts d'usage des transports décryptés

Quels sont les coûts d'usage, autrement dit la dépense directement supportée par les consommateurs lorsqu'ils décident de recourir à tel ou tel mode de transport pour leurs déplacements de proximité (moins de 80 km) ou sur longue distance en France ? Présentée ce 7 décembre, une étude réalisée par l'économiste Jean-Marie Beauvais pour le compte de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) permet de disposer de données complètes très utiles pour établir des comparaisons précises. Pour les déplacements de proximité, qui avaient déjà fait l'objet d'une étude en mars dernier (voir ci-contre notre article du 19 mars 2012), la nouvelle enquête, actualisée avec des chiffres 2010, conclut sans surprise que le coût moyen du transport collectif est deux fois et demi plus faible que celui de la voiture dont le taux moyen d'occupation s'établit à 1,28 personne. En moyenne, le coût d'usage du transport collectif urbain et suburbain est de 12 centimes par voyageur kilomètre (v.km) – environ 13 centimes en province et 11 centimes en Ile-de-France. Pour le transport départemental, l'étude distingue circuits spéciaux scolaires et lignes régulières accueillant à la fois des scolaires et des voyageurs "commerciaux". Sur la base d'un prix moyen de l'abonnement annuel de 165 euros et d'un aller-retour 190 jours par an en moyenne, le coût moyen des voyages scolaires par car est de 3 centimes par v.km. Pour les voyageurs commerciaux par car, il est de 8 centimes, soit le même que le TER. Les automobilistes quant à eux dépensent en moyenne 27 centimes pour les trajets de proximité, dont 9 centimes pour le carburant et le stationnement, et les deux roues motorisés 33 centimes.
Pour les déplacements de longue distance, le coût d'usage de la voiture est 30% plus faible que pour les trajets de proximité, essentiellement du fait d'un meilleur taux de remplissage des véhicules (1,74 occupant contre 1,28), souligne l'étude. Il est de 19 centimes - 6,5 centimes pour le seul coût marginal (carburant et péages). L'étude montre aussi l'avantage du co-voiturage qui permet pour le conducteur de réduire de plus de 20% sa dépense par rapport à la voiture personnelle. Pour les transports collectifs terrestres, le coût moyen est de 10 centimes par v.km. Le voyage en car est le meilleur marché, avec un coût moyen de 7 centimes par v.km. Pour le train, il est de 9 centimes par v.km pour les Intercités et de 11 centimes pour le TGV (10 centimes si l'on s'en tient aux liaisons TGV ne dépassant pas les frontières de l'Hexagone). Quant à l'avion, le coût moyen d'usage est de 12 centimes par v.km avec un gros écart entre Air France (15 centimes par v.km) et les compagnies à bas coûts (6 centimes par v.km).

La fiscalité écologique pour favoriser le report modal 


Pour la Fnaut, cette étude est l'occasion de remettre sur la table un certain nombre de propositions en faveur des modes de transport plus économiques et respectueux de l'environnement. "Comme pour les déplacements de proximité, les pouvoirs publics ont un gros effort d'information à faire auprès des automobilistes pour les amener à apprécier correctement le coût d'usage de la voiture et à le comparer à celui du transport collectif, estime Jean Sivardière, président de la Fnaut. De leur côté, les transporteurs, et notamment la SNCF, doivent mieux faire connaître les réductions tarifaires qu'ils proposent, en particulier aux jeunes et aux familles." Pour Jean Sivardière, il faut aussi jouer sur la tarification des trains. "Même si des correctifs sont apportés, le TGV restera cher pour des raisons structurelles mais il n'est pas normal que le train Intercités reste coûteux pour les ménages à faible pouvoir d'achat et les jeunes alors qu'il devrait être le transport à bas coût du rail", souligne-t-il. Surtout, insiste-t-il, "pour favoriser le transport collectif terrestre, il faut faire payer à l'avion et à l'automobile leurs coûts externes". La Fnaut préconise ainsi dans un premier temps une taxation du billet d'avion sur les vols en concurrence frontale avec le TGV et la suppression des subventions directes ou indirectes aux compagnies à bas coût. Elle propose de la même manière une augmentation de la fiscalité automobile qui permettrait aussi de "dédiéséliser" le parc actuel. "Si le principe du pollueur-payeur était appliqué et si une taxation supplémentaire des sociétés autoroutières était décidée, le coût marginal de la voiture se rapprocherait du coût moyen du transport collectif, qui serait alors plus compétitif", fait valoir la Fnaut. Mais Jean Sivardière se montre pessimiste sur la volonté du gouvernement de relancer la fiscalité écologique. "La baisse de 3 centimes de la taxe sur les carburants pendant trois mois a été très coûteuse pour les finances publiques et a donné un très mauvais signal aux automobilistes en leur faisant croire que si le pétrole augmente, l'Etat pourra s'occuper d'eux", conclut-il.
 

 

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