Culture : le plan "Mieux produire, mieux diffuser" entre en scène

Le plan "Mieux produire, mieux diffuser", finalement doté de 22 millions d'euros grâce une participation majoritaire des collectivités, va bénéficier à plusieurs centaines de structures dans les semaines à venir. Il vise à rationnaliser la production et la diffusion du spectacle vivant alors que le nombre moyen des représentations sur les scènes labellisées a chuté ces dernières années.

Orientation majeure de la politique du ministère de la Culture dans le secteur de la création, le plan "Mieux produire, mieux diffuser" (MPMD) est désormais sur les rails. Dans un communiqué du 26 avril, le ministre de la Culture a annoncé que 22,2 millions d'euros allaient être versés prochainement dans le cadre de ce plan "destiné à permettre aux acteurs du spectacle vivant et des arts visuels d'engager les transformations nécessaires pour faire face aux défis sociétaux, économiques et environnementaux qu'ils rencontrent".

La participation des collectivités plus haute que prévue

Sur cette somme, 8,68 millions d'euros proviennent de l'État, soit un peu moins que les 9 millions initialement prévus dans le projet de loi de finances pour 2024 (PLF). En revanche, la participation des collectivités s'inscrit au delà des chiffres annoncés. En février dernier, Départements de France indiquait que "pour chaque euro investi par une collectivité, le ministère de la Culture mettra à son tour un euro sur la table". Finalement, c'est à hauteur de 13,5 millions d'euros que les collectivités vont financer le plan.

Parmi les ambitions du "mieux produire", on note la volonté d'aller vers "un nombre de coproducteurs plus engagés et plus réduit", mais aussi de renforcer la durée et les moyens dédiés à la production "afin que les spectacles créés puissent rencontrer un public dans les meilleures conditions".

Côté "mieux diffuser", il s'agira, entre autres, d'allonger la diffusion des œuvres, tant sur le lieu de création qu'en tournée, dans une "logique de diffusion territoriale plus cohérente", ou encore de permettre aux productions "les mieux accueillies" d'être reprises, soit sur des scènes publiques, soit sur des scènes privées.

Des spectacles joués à peine deux fois

Cet objectif de rationalisation s'explique notamment par le constat d'un "excès de productions globalement insuffisamment diffusées", comme l'ont rappelé les rapporteurs spéciaux du Sénat lors de l'examen du PLF. Lesquels reprenaient une série de travaux qui, du rapport Latarjet – qui en 2004 évoquait déjà un "état de surproduction" et constatait que "les spectacles tournent peu ou mal" – au rapport de la Cour des comptes de 2022 sur le soutien du ministère de la Culture au spectacle vivant – qui notait que, dans les centres dramatiques nationaux, chaque spectacle donnait lieu à environ quatre représentations, contre sept quinze ans plus tôt, tandis qu'un spectacle de danse était représenté à peine plus de deux fois dans les centres de développement chorégraphique nationaux – ont mis en exergue un déséquilibre entre création et diffusion.

Au total, 254 structures labellisées et conventionnées ou réseaux de coopération vont bénéficier du plan MPMD, dont un tiers dans des territoires ruraux. Parmi les projets retenus, 22% concernent la musique, 13% la danse, 12% les arts visuels, 12% le théâtre, 5% les arts de la rue, 4% le cirque et 1% les marionnettes, le reste (31%) relevant de projets pluridisciplinaires. 

Pour toutes ces structures – qui, selon nos informations, seront informées, ainsi que les élus concernés, des choix du ministère par leur Drac dès cette semaine –, les aides seront versées dans les semaines à venir et conditionnées à un engagement minimum de production d'œuvres dans un cadre partenarial et mutualisé, à l'allongement des séries pour la diffusion, ainsi qu'à l'engagement d'une ou plusieurs collectivités aux côtés de l'État.