Culture : trois communautés mettent en commun leurs moyens humains, matériels et financiers

Dans le nord-est de la Mayenne, la volonté de piloter en commun une équipe d'action culturelle conduit trois communautés de communes à passer une convention qui fixe le projet, le mode de fonctionnement et le partage des frais.

Dans ce nord-est de la Mayenne, à l'écart des grandes dessertes routières ou ferroviaires, la mission d'action culturelle témoigne de la volonté des élus de construire un projet de territoire. Jusqu'en 2005, il existait un syndicat mixte dont le volet culturel s'organisait autour d'une école de musique d'un côté et de la programmation de spectacles de l'autre. Lorsque le pays de Haute Mayenne a été créé en 2002, ce syndicat mixte n'avait plus sa raison d'être du fait que la région ne le reconnaissait plus en tant que territoire de contractualisation. De plus, les cinq Sivom qui l'avaient créé étaient devenus, à l'est du Pays de Haute Mayenne, les trois communautés de communes de Villaines-la-Juhel, des Avaloirs et du Horps-Lassay comptant à elles trois quarante communes et 23.954 habitants. Leurs élus ont alors décidé de mutualiser leurs compétences pour animer des actions. C'est ainsi que la gestion de l'école de musique a été confiée à un Sivu créé pour la circonstance. Mais pour le volet de la diffusion de spectacles et l'action culturelle, les élus ont confié la mission d'animation à une équipe d'action culturelle. Cette mission comportait un défi : qu'une part des actions soit commune aux trois territoires et que l'autre part respecte l'autonomie de chacun et ancre les actions sur les territoires.

 

L'invention d'une signature, le Prisme, traduit aux yeux des populations le caractère commun aux trois intercommunalités de l'action culturelle

"Lorsque j'ai été recruté, raconte Grégoire Guillard, agent de développement culturel, la commission comprenait trois élus de chaque communauté de communes, chacun représentant la commission culturelle de sa communauté de communes. Et c'est toujours vrai aujourd'hui, ce sont eux, la commission culture intercommunautaire, qui supervisent ma mission." Cette mission se décompose en deux niveaux : l'un dit "artistique" et l'autre d'appui aux initiatives propres aux trois territoires et à leurs associations.
Du point de vue de "l'artistique", cette mission a su développer une programmation de spectacles qui fait appel à des artistes de notoriété nationale, voire internationale. "Il y a des gens qui viennent d'assez loin, parfois plusieurs centaines de kilomètres. Parce qu'ils ont appris que tel ou tel artiste se produisait chez nous. Et du coup les gens d'ici se sentent valorisés d'avoir chez eux des spectacles qu'on leur envie, qui sont vus comme un gage de qualité, ça permet de créer des petits événements (ce qu'on appelle des buzz, dans le spectacle) et ça permet de donner une autre image au territoire, tant pour les gens d'ici que pour les gens d'ailleurs." Une vingtaine de représentations par an est financée par les trois intercommunalités selon la règle suivante : chacune met dans un pot commun, pour un ou deux spectacles par an qui sont "communs" aux trois communautés de communes. Pour une autre part, chacune dit ce dont elle dispose comme budget, et la programmation sur son territoire est proposée en fonction du budget alloué. La localisation des spectacles sur telle ou telle commune est faite en fonction de la faisabilité technique, de la disponibilité de la salle et de la cohérence entre le spectacle et la dynamique locale.
Cela explique que cette part de la mission n'est pas abordée par la convention. Celle-ci fixe la règle du partage au prorata uniquement pour le fonctionnement général de l'équipe.
"Tandis que pour une autre part de la mission de l'action culturelle, poursuit Grégoire Guillard, les commissions culture de chacune des communautés de communes font le lien avec la population, les artistes invités et nous. Et l'intérêt des commissions cultures propres à chaque communauté de communes est de rester ancré et à l'écoute de chaque territoire. Il y a un donc désir d'harmonisation rendu possible par cette commission intercommunautaire."
Pour que ce désir d'harmonisation soit identifié par les publics et les populations comme relevant de la démarche commune aux trois communautés en matière culturelle les élus ont donc crée un "concept", celui de "Prisme", avec son logo, ses techniciens et surtout son catalogue dans lequel on trouve tout aussi bien les spectacles professionnels programmés par le Prisme, que les spectacles "locaux".

 

Le partage des moyens humains au prorata nécessite un enregistrement rigoureux des emplois du temps

L'équipe d'animation culturelle, qui comprend un chargé de mission, un régisseur général et une secrétaire à mi-temps, est à la charge de la communauté de Villaines-la-Juhel. Mais avec la convention de mise en commun de moyens humains, matériels et financiers entre les trois communautés de communes, chacune d'elles contribue au financement général de cette équipe et des actions d'animation "au prorata du temps passé pour chaque communauté de communes, y compris les frais de secrétariat de l'action culturelle". Ce qui signifie concrètement que Villaines-Juhel a consacré à ceux-ci 75.689 euros en 2008. Mais comme l'activité de chacun des membres de l'équipe est enregistrée heure par heure et activité par activité sur un panneau Excel, cela permet de connaître le temps consacré par chacun à chacune des trois intercommunalités. Un certificat administratif, auquel est joint ce relevé d'activités, est donc établi chaque année et envoyé par Villaines aux deux autres intercommunalités pour qu'elles le valident. Puis il est converti par la Trésorerie générale en mandats de paiement. Ce qui a correspondu en 2008 à 29,87% du budget total pour la communauté de communes des Avaloirs, 35,27% pour celle de Villaines et 34,86% pour celle de Horps-Lassay.

 

Au coeur de la convention, le principe de direction collégiale

Mais il ne faut pas s'y tromper, le coeur de la convention qui rend ce fonctionnement possible se situe dans son organisation des pouvoirs : au sein de la commission culture intercommunautaire qui missionne et évalue l'action culturelle, les trois intercommunalités sont à égalité de voix ; donc à direction collégiale.
"Cette action culturelle contribue à la dynamique du territoire", explique Alain Dilis, maire de Saint-Germain-de-Coulamer et président de la communauté. "A partir de rencontres et d'échanges réguliers entre élus des trois communautés de communes ainsi que du brassage de populations impulsé par l'action culturelle, il se crée un esprit de coopération entre intercommunalités qui ne pourra aller qu'en se développant et qui aboutira peut-être, dans un horizon que l'on ne connaît pas, sur une grande communauté de communes."

 

François Poulle, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Le Prisme CCV

6 Boulevard Henri Dunant- BP 19
53700 Villaines-La-Juhel
leprisme@cc-villaines-juhel.fr

Grégoire Guillard

Agent de développement culturel du Prisme, pour les communautés de communes des Avaloirs, du Horps-Lassay et Villaines-La-Juhel.

Communauté de communes de Villaines-la-Juhel

6 boulevard Henri-Dunant - BP 19
53700 Villaines-la-Juhel

Véronique Boy

Directrice des services

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