Dans la région de Chemillé, les énergies renouvelables se "partagent" dans une Scic

"Energies partagées" est une Scic créée par les collectivités, les associations et des particuliers sur le territoire de la communauté de communes de la région de Chemillé (49), pour y exploiter les énergies renouvelables. Un "partenariat public-privé solidaire", résultat d'une histoire locale exemplaire.

Dans la région de Chemillé, territoire rural du Maine-et-Loire entre Angers et Cholet, élus et associations ont su nouer des liens solides qui leur ont permis de créer ensemble un outil au service du développement des énergies renouvelables. "Depuis 35 ans, les élus de ce territoire travaillent en permanence avec les associations, et en particulier avec l'association du centre social, raconte Jacky Leclerc, vice-président de la communauté de communes. C'est une émanation des autres associations du territoire et de particuliers qui travaillent sur le développement local, la culture, l'éducation, l'emploi, etc. Elle a pris une place très importante dans la vie sociale : les discussions avec les élus sont permanentes, les idées fusent, nous réagissons, et c'est ainsi que beaucoup de projets naissent ici. Concernant le développement durable, ce sont les élus de la communauté qui ont voulu mettre des moyens importants dans une politique de développement des énergies renouvelables. Cela leur paraissait prioritaire."

 

Le photovoltaïque et l'éolien

Il se trouve que le directeur de l'Association du centre social avait travaillé sur le photovoltaïque. "J'ai tout de suite été en phase avec les élus sur le sujet, raconte Pierre-Marie Robin. Avec Jacky Leclerc et un autre élu agent d'EDF, nous avons lancé une expérimentation sur une petite friche artisanale, propriété de la communauté de communes. En 2003, nous avons provoqué la création d'un chantier-école de second œuvre pour des femmes qui voulaient entrer dans la vie active dans ce type de métiers. Elles ont rénové le bâtiment." Pendant les travaux, les trois porteurs du projet ont imaginé une toiture solaire. Ils ont organisé un voyage d'étude en Mayenne, où ils ont rencontré une cinquantaine de militants écologistes, d'habitants et d'élus locaux. En 2005, et avec l'aide de l'Ademe et du conseil régional, 50 m2 de panneaux solaires étaient inaugurés sur le toit de la friche. C'est la plus grande surface des Pays-de-la-Loire. L'électricité produite est entièrement revendue à EDF.
"C'est alors, explique Pierre-Marie Robin, que j'ai lancé l'idée de faire la même chose sur le toit du centre social et de chercher une association entre le public et le privé pour exploiter cette énergie renouvelable, qui devenait une activité économique relativement importante."

 

Quatre-vingt-treize associés, communes, associations, particuliers

Elus et acteurs associatifs ont travaillé deux ans sur le projet. Aujourd'hui, 63 m2 de panneaux solaires produisent de l'électricité, dont l'exploitation est assurée depuis l'automne 2007 par une société coopérative d'intérêt collectif (Scic), joliment baptisée Energies partagées. Son capital correspond au montant de l'investissement réalisé, 60.000 euros, répartis entre subventions et actions. Les subventions (50% du total) proviennent du conseil régional, de fonds parlementaires, du programme Leader + local et d'un syndicat de l'énergie. Quatre-vingt-treize associés ont acheté une ou des actions d'un montant unitaire de cent euros : onze collectivités locales, une entreprise,  trois associations, et une soixantaine de particuliers, dont trois élus très impliqués dans le projet.
Les résultats des ventes sont affectés, pour plus de la moitié, à de nouveaux projets ; le reste sert à rémunérer l'investissement des associés, au taux de 3 ou 4%. Ainsi, la Scic fonctionne pour ses investisseurs, comme une caisse d'épargne, de façon durable, puisque le contrat avec EDF a été signé pour 20 ans !

 

Comment partager la réussite avec d'autres territoires ?

L'aventure ne s'arrête pas là. Christophe Piton, maire d'un village de la communauté et président du Centre permanent d'initiative pour l'environnement (CPIE) Loire-Mauges, s'intéresse, lui, particulièrement à l'éolien. "En 2002, raconte-t-il, nous avons subi la pression des entreprises qui développent l'éolien, et nous avons décidé de reprendre la main sur le sujet. Nous avons entamé une étude paysagère, bâti un schéma éolien, en désignant les impossibilités et les contraintes, ce qui nous a permis de dégager les sites qui pouvaient accueillir des éoliennes sans bouleverser le paysage. Tout de suite après, nous avons mené la concertation avec les habitants, très en amont du permis de construire, ce qui nous a évité beaucoup de soucis par la suite."
A la fin juillet 2008, deux permis de construire, déposés fin 2006 et fin 2007, avaient été délivrés. Les socles étaient installés, les raccordements prêts à accueillir les machines.
Christophe Piton, conscient de la dimension exemplaire du fonctionnement de cette communauté pour le développement durable qui réunit élus, associations et particuliers réunis, décide, avec les autres élus, de diffuser cette expérience pour donner à d'autres territoires la possibilité de la reproduire. "Mais c'est très difficile de convaincre des élus sur d'autres territoires. Aussi, dans l'immédiat, nous nous appuyons sur les médias pour partager cette expérience."

 

Jean-Luc Varin, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Communauté de communes de la Région de Chemillé

Nombre d'habitants :

21284

Nombre de communes :

12
5 rue l'Arzille
49120 Chemillé-Melay

Jacky Leclerc

Vice-président

Christophe Piton

Maire de La Chapelle-Rousselin

Pierre-Marie Robin

Directeur du centre social

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