Dans le 13e arrondissement de Paris, un réseau séparatif pour le traitement des eaux

Depuis quinze ans, la ville de Paris a réorienté sa politique d'assainissement des eaux usées. L'objectif de salubrité publique étant atteint, elle se tourne maintenant vers l'environnement et s'attaque au traitement des eaux pluviales. Un vaste chantier qui peut conduire, comme sur la ZAC "Paris Rive Gauche", à la création d'un réseau séparatif.

L'assainissement de Paris est effectué, depuis le 19e siècle, au moyen d'un réseau unitaire dans lequel sont mélangées les eaux usées et les eaux pluviales. Un système qui a fait ses preuves en matière de santé publique mais qui fait des dégâts dans le milieu naturel. En effet par temps de pluie, lorsque les débits sont multipliés par trois, par cinq ou par dix, les réseaux saturent. Le trop-plein est alors envoyé en Seine, sans aucun traitement, et cela provoque une importante mortalité piscicole. Au début des années 1980, il ne restait plus que trois ou quatre espèces de poissons dans la Seine !
Les directives européennes, puis la loi sur l'eau de 1992, vont imposer de préserver le milieu naturel et donc de s'attaquer aux problèmes posés par les eaux de pluie.

Une galerie de stockage et un réseau séparatif pour la ZAC Paris Rive Gauche 

Une des solutions permettant de gérer les eaux pluviales consiste à créer un réseau séparatif. C'est le choix qui fut fait, au début des années 1990, dans le 13e arrondissement, pour la ZAC Paris Rive Gauche, qui comptera à terme 5.000 logements sur 130 hectares.
Jusque-là, les terrains étaient dédiés à l'emprise des voies ferrées de la gare d'Austerlitz et à des installations industrielles. Les réseaux étaient rares et plusieurs éléments militaient pour la création d'un réseau séparatif. En premier lieu, la proximité de la Seine, la ZAC occupe, en effet, la totalité de la façade du 13e arrondissement sur le fleuve. Ensuite, le fait qu'il s'agisse d'une zone basse. Envoyer ces eaux dans les réseaux existants aurait nécessité d'importants travaux pour leur relevage. Enfin, le réseau aval étant déjà saturé, il paraissait difficile d'augmenter encore sa charge. Au regard de ces élément, il a été décidé de creuser une galerie de 4 mètres de diamètre permettant de stocker l'eau de pluie quelques heures, afin qu'elle décante, avant d'être rejetée en Seine. Ce procédé permet de retenir les éléments polluants que la pluie a "lessivés" en tombant sur les toits et sur les chaussées.
Olivier Jacque, chef du service technique de l'eau et de l'assainissement de Paris, insiste toutefois sur les difficultés rencontrées pour mesurer en temps réel la qualité de l'eau. "Les services de l'Etat, explique-t-il, définissent la qualité de l'eau que l'on peut rejeter en Seine. Le paramètre le plus important est la quantité de matières en suspension (MES). Nous savons la mesurer en laboratoire mais pas en temps réel dans une grande masse d'eau. Il faut donc trouver un lien mathématique entre la turbidité (le fait que l'eau soit trouble) et les matières en suspension. C'est en quelque sorte de la recherche appliquée et nous sommes dans un champ où l'on peut progresser."

Le long de la Seine, d'autres solutions pour diminuer les pollutions

Ce réseau séparatif et la galerie de stockage, qui permet de retenir jusqu'à 14.000 m3 d'eau de pluie, s'avèrent particulièrement efficaces mais ce qui se fait dans le 13e n'est pas forcement exportable. Dans les ZAC au nord de Paris d'autres choix ont été faits pour supprimer les rejets d'eaux polluées en Seine. Les toitures ont été végétalisées, la réinfiltration des eaux de pluie à la parcelle encouragée. Ainsi, au fur et à mesure que la ville se reconstruit sur elle-même, elle tend à limiter son impact négatif sur l'environnement. Les problèmes sont plus complexes aujourd'hui. Lorsque l'on épure de l'eau que l'on distribue, on sait exactement à quoi s'en tenir, les débits sont constants. La ville de Paris, par exemple, consomme chaque jour 500.000 à 600.000 m3 d'eau potable qui doit ensuite être épurée. L'eau de pluie, en revanche, tombe de manière discontinue et il faut gérer les phénomènes de pointe. Il serait prohibitif de construire des tuyaux pour absorber un flux qui ne se produit que tous les deux ans. C'est donc une nouvelle approche, plus pragmatique, qu'ont adoptée les élus parisiens et que mettent en œuvre les ingénieurs.

Luc Blanchard, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Mairie de Paris- Direction de la protection de l'environnement- service technique de l'eau et de l'assainissement.

27, rue du Commandeur 75014 Paris
75014 Paris

Olivier Jacque

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