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Emploi des jeunes - Dans les ZUS, les emplois d'avenir piétinent toujours

Alors que les emplois d'avenir ne décollent toujours pas en zones urbaines sensibles, le ministre délégué à la Ville compte déployer des "détecteurs" pour "aller chercher les jeunes"...

Le dispositif des emplois d’avenir ne parvient toujours pas à s’imposer dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Fin juillet, 4.662 jeunes de zones urbaines sensibles (ZUS) avaient signé un contrat, a indiqué François Lamy, le ministre délégué à la Ville, mardi 3 septembre, devant une mission d’information de l’Assemblée nationale. Ce qui représente un taux de 15,4%, loin des objectifs du gouvernement. En février, le gouvernement avait en effet décidé de réserver 20% des emplois d’avenir aux jeunes résidant en ZUS en 2013 et 30% en 2014.
Les emplois d’avenir visent les jeunes de 16 à 25 ans peu ou pas qualifiés. Mais alors qu’ils se déploient plutôt bien en milieu rural, François Lamy a expliqué que les ZUS rencontraient des difficultés particulières. Rappelant que le taux de chômage des jeunes dans ces quartiers est le double de la moyenne nationale, le ministre s’est félicité de la "territorialisation" du dispositif, mais il a reconnu que "les administrations françaises ne sont pas forcément habituées et organisées structurellement à répondre à des demandes territorialisées". En clair, "les missions locales et Pôle emploi ne s’occupent de ces jeunes qu’à partir du moment où le public passent leur porte". "Il faut aller les chercher, souvent ils ne sont pas inscrits à Pôle emploi […]. Dans leur esprit, l’inscription à Pôle emploi n’est utile que si elle vaut indemnité."
François Lamy a également souligné les difficultés que rencontrent ces jeunes "sortis assez tôt du système scolaire, totalement sans qualification, avec des problèmes de transport, d’accès au logement, à la santé…" Selon lui, "les offres ne peuvent pas forcément être satisfaites par le jeune".

Des collectivités en difficulté

Le ministre est par ailleurs revenu sur les engagements des prescripteurs, principalement les collectivités, alors qu’une polémique avait opposé le ministre de l’Emploi Michel Sapin au département de la Seine-Saint-Denis au printemps. "Ces collectivités sont souvent en grande difficulté […]. Même si elles ont la volonté de créer de l’emploi, elles sont souvent confrontées à des masses salariales importantes, à une volonté de ne pas augmenter les impôts."
Les associations de quartier ne sont pas mieux loties. Celles qui sont soutenues par l’Acsé ont enregistré une baisse de 35% de leurs subventions en 2012, a rappelé le ministre. S’agissant de l’ouverture des emplois d'avenir au privé depuis le mois de juin, François Lamy a déploré de faibles retombées en ZUS : les jeunes de ces quartiers ne représentent que 10% des emplois d’avenir du secteur marchand. Un retard qui s’expliquerait par une "certaine réticence du secteur marchand à employer ces jeunes". François Lamy a souligné l’importance de la "dérogation" qui permet aux ZUS de recruter des jeunes en emploi d’avenir jusqu’à Bac+3 en ZUS. Il s’est ainsi félicité de la levée des quotas pour ces jeunes au printemps dernier : "Le fait d’avoir des jeunes qualifiés dans certains dispositifs est important", a-t-il justifié, prenant l’exemple du réseau des Pimms (points information médiation multiservices).

Des postes de recruteurs ou de détecteurs

Pour améliorer le dispositif et arriver à l’objectif des 20%, le ministre compte mobiliser les délégués des préfets et mettre en place des "détecteurs". Depuis le mois de mai, l’Acsé a en effet la possibilité de "financer des postes de recruteurs en emplois d’avenir ou de détecteurs des jeunes susceptibles d’être aiguillés vers les missions locales", a-t-il expliqué. Le ministre a dit vouloir mettre en place des "statistiques un peu fiables" pour permettre aux missions locales de "faire de la discrimination positive" mais indiqué que ce serait "une affaire assez complexe". Il entend également travailler davantage avec les réseaux d’entreprises et les agences de recrutement spécialisées dans ces quartiers, comme Mozaïk RH.
Enfin, François Lamy s’est félicité que sur les 2.000 nouveaux postes prévus à Pôle emploi, 400 seraient affectés dès la rentrée dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville et réservés à des postes de "présence physique".
"Il y a une possibilité dans les semaines qui viennent d’accélérer le processus", a assuré le ministre, demandant toutefois aux députés de ne plus raisonner en objectifs par département mais par bassin d’emploi. Le ministre du Travail affiche lui aussi le même optimisme, alors que le 50.000e emploi d'avenir a été signé le 29 août à Caen. "Le rythme de déploiement des emplois d’avenir [...] permettra d’atteindre l’objectif ambitieux de 100.000 à la fin de l’année", souligne une communication présentée en Conseil des ministres, le 4 septembre. 

 

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