De l'école à la cantine scolaire : un véhicule tiré par deux percherons remplace le bus (27)
Les enfants de Chaise-Dieu-du-Theil dans l’Eure, parcourent chaque jour deux kilomètres en voiture hippomobile pour se rendre au restaurant scolaire. Les investissements ont été supportés par un propriétaire privé, et la prestation est prise en charge par la communauté de communes qui dispose de la compétence transport scolaire. Écologique, cette solution est aussi 15% moins cher que le bus utilisé jusqu’en 2013.
Sur la commune de Chaise-Dieu-du-Theil (250 habitants), le restaurant scolaire a été installé en 2009 dans la salle d’activité communale refaite en 2007 pour être aux normes, et distante d’un kilomètre de l’école. Depuis cette nouvelle configuration, un bus provenant d’une ville située à 10 kilomètres transportait les enfants chaque midi entre l’école et la cantine. Une situation ni écologique ni économique, qui ne satisfaisait pas le maire, Dominique René.
C’est lors d’une discussion informelle avec un habitant de la commune, éleveur et meneur de chevaux percherons, qu’est née l’idée de transporter les enfants en véhicule hippomobile. Celui-ci est en service depuis la rentrée 2013. Un peu plus d’un an de préparation a été nécessaire pour concrétiser ce service.
D’abord convaincre
Du côté de la municipalité, il a fallu tout d’abord convaincre les élus municipaux et intercommunaux, puisque c’est la communauté de communes qui dispose de la compétence transport scolaire.
"Ce type d’innovation soulève toujours des questions en terme de sécurité, au cas où par exemple, les chevaux s’emballeraient apeurés par un tracteur ou un camion", poursuit le maire. Pour rassurer tout le monde, élus mais aussi parents d’élèves, une délégation les représentant a été invitée à la visite d’un service similaire, dans une commune pionnière dans ce domaine : Trouville-sur-Mer dans le Calvados. "Nous y avons rencontré le directeur général des services, qui est également président de la Commission nationale des chevaux territoriaux dont le siège est dans cette ville. Nous avons pu lui poser toutes les questions possibles et lever différentes craintes. Ce qu’il faut avant tout, c’est une excellente formation à la fois du cocher et des chevaux."
Engagement commun de l’éleveur et de la commune
Profitant d’une reconversion, l’éleveur de Chaise-Dieu-du-Theil s’est préparé, notamment, en suivant durant six mois une formation qualifiante de cocher professionnel (voir encadré). La municipalité se prépare également de son côté. Elle informe régulièrement les parents via le conseil d’école et adapte la signalétique du bourg : panneaux avertissant de la circulation des chevaux, recul des panneaux d’entrées d’agglomération pour laisser le temps aux voitures de ralentir...
Quelques jours avant la rentrée, l’attelage est présenté aux habitants. Ce jour-là, une convention de prestation triennale est également signée entre l’éleveur et la communauté de communes.
24 enfants transportés chaque midi à coût resserré
L’hippobus et les chevaux sont hébergés et entretenus par l’éleveur. Ils n’ont que 300 mètres à parcourir pour se rendre à l’école, prendre les 24 enfants à midi pour les ramener à 13h30. La secrétaire de mairie assume le rôle d’accompagnatrice, garantissant la sécurité des jeunes passagers.
Ce service revient à 11.000 euros annuels à l’intercommunalité, environ 15% moins cher que le bus. "C’était une des conditions pour mettre en œuvre ce service", poursuit le maire.
"Moins coûteux que le bus, moins polluant, ce mode de transport crée du lien social, explique l’élu. Habitants et curieux se retrouvent chaque midi autour du véhicule pour discuter, même 18 mois après son lancement."
Dans les mois à venir, la commune pense faire appel aux chevaux pour d’autres services comme la tonte du terrain de foot par exemple. Les communes voisines commencent également à s’intéresser à ce mode de transport doux.
Du côté de l’éleveur, des garanties :
un certificat de spécialisation de meneur et utilisateur d’animaux attelés et des stages de longue durée
L’entrepreneur a fondé une société pour engager, avec une aide de l’Europe, les 30.000 euros nécessaires à l’investissement dans l’hippobus de 30 places fabriqué en Alsace, dans les deux percherons et le matériel de sellerie. Pour pouvoir circuler en milieu urbain en toute sécurité, les chevaux se sont également préparés à Trouville, sur les fonds propres de l’éleveur.
Lucile Vilboux/magazine Village-L’Acteur Rural pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
Commune de Chaise-Dieu-du-Theil
Nombre d'habitants :
Dominique René
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