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Décryptage de la Smart City par nos spécialistes

Comment parler de territoires connectés sans évoquer la Smart City ? La Banque des Territoires contribue beaucoup en la matière à plusieurs niveaux : investissement, conseil, publication d’études ou encore création d’un annuaire des entreprises de la Smart City... Nous avons rencontré Jeanne Carrez-Debock, responsable du programme Smart City de la Banque des Territoires et Emmanuel Passilly, responsable du pôle villes et territoires intelligents de la direction des investissements. Ils nous offrent dans cet entretien croisé une vision complémentaire sur la ville intelligente.

La Smart City vue par Jeanne Carrez-Debock
 

Vision Smart City

Jeanne Carrez-Debock a toujours travaillé auprès des territoires et s’intéresse depuis un certain temps aux sujets de Smart City. « L’innovation et les nouveaux outils numériques peuvent vraiment permettre aux collectivités locales d’optimiser les services publics, de les rendre plus efficients et moins coûteux et de créer de nouveaux services qui répondent aux enjeux des territoires et des citoyens ».


Volets d’intervention

Au sein du Pôle Ecosystème et Développement du département de la stratégie digitale, Jeanne Carrez-Debock anime le programme smart city, au sein duquel échangent les différentes directions de la Banque des Territoires et les filiales du Groupe (Bpifrance, CDC Biodiversité, CDC Habitat, Egis, Icade, Transdev et la SCET), toutes concernées par ce sujet transversal.

Trois volets d’intervention occupent en particulier l’équipe smart city :

  • Conseil et accompagnement :

Un volet est consacré au conseil et à l’accompagnement des collectivités, aux côtés des directions régionales.  La Banque des Territoires, dans le cadre du programme Action Cœur de Ville à destination de 222 villes moyennes, consacre une enveloppe de 50M€ de crédits d’ingénierie pour accompagner les smart solutions et l’innovation des territoires. Jeanne détaille : « On apporte un soutien aux démarches stratégiques et un appui méthodologique pour qualifier les projets, mais aussi de l’ingénierie opérationnelle destinée à définir les conditions de réalisation des projets smart et innovants ». Enfin, une enveloppe spécifique est également mobilisée sur le soutien à des expérimentations portées par des collectivités.
 

Par ailleurs, l’équipe smart city publie aussi des études ayant vocation à apporter aux acteurs publics locaux des éclairages sur les sujets de smart city. Jeanne cite, à titre d’exemples, un guide sur les outils numériques de participation citoyenne, une étude évaluant les externalités d’initiatives smart city, ou, encore, à sortir à l’été, une étude sur le rôle du numérique dans la transformation des commerces en centre-ville.

  • Expérimentation :

Jeanne mentionne l’importance donnée aux expérimentations. Ces dernières permettent de servir à la fois les enjeux des collectivités mais ont également un apport auprès des directions métiers et directions régionales de la Banque des Territoires. Chaque nouvelle expérience apporte de nouvelles idées, challenge les méthodes, et est menée dans un souci de recherche de modèle économique, d’industrialisation et de réplicabilité.

Point de mire de cette démarche d’expérimentations : la mise en place d’un « centre de ressources partagées », instance d’échanges qui allie des collaborateurs du groupe Caisse des Dépôts aux différentes compétences (habitat, mobilité…) et valide les expérimentations soutenues. « Nous avons au départ lancé cette démarche avec 8 démonstrateurs territoriaux, et, aujourd’hui, nous l’élargissons à l’ensemble du territoire » explique Jeanne Carrez-Debock. Ces expérimentations, pilotées par les directions régionales, doivent répondre à l’ambition de la Banque des Territoires de développer des projets innovants qui participent à la construction d’une smart city citoyenne.

Les subventions accordées aux projets sélectionnés permettent de financer le surcoût de l’innovation. Jeanne donne un exemple dans l’immobilier « Nous finançons actuellement la démolition reconstruction d’une résidence sociale Adoma à Tassin, avec un volet de concertation important avec les résidents et des solutions domotiques. Il ne s’agit pas de financer l’immeuble mais une partie de l’innovation mise en place ».

  • Services digitaux :


Enfin, les équipes développent des services digitaux en ligne sur la plateforme de la Banque des Territoires. Ainsi, en novembre 2018, afin de faciliter la mise en relation entre entreprises et acteurs publics locaux, l’équipe a lancé un annuaire smart city, qui référence aujourd’hui plus de 150 entreprises du secteur. Par ailleurs, depuis une semaine, l’offre datavisualisation a également vu le jour. Il s’agit d’un service permettant d’accéder à une multitude de jeux de données pour diagnostiquer de manière rapide les 222 territoires Cœur de Ville.

Projet(s) coup de cœur

Jeanne accepte de revenir pour nous sur ses préférences en termes de projets. Elle cite le logement Yhnova construit en 3D en un temps record, permettant de tester les délais et coûts de construction de cette méthode ultra innovante, les navettes autonomes financées à Rungis et Toulouse ou encore la gestion intelligente des déchets à Besançon grâce à l’utilisation des données pour améliorer les collectes.

 

La Smart City vue par Emmanuel Passilly


Vision Smart City

Emmanuel Passilly, responsable du pôle « villes et territoires intelligents », travaille au sein du département transition numérique de la direction des investissements. Il évoque un intérêt pour le caractère pluriel de la Smart City « ce n’est pas un sujet mais une multitude de sujets. Ce n’est pas un marché mais plusieurs, avec pour chacun ses caractéristiques propres, ses acteurs, ses modèles ».. Emmanuel apprécie cette ouverture « il y a une vraie dynamique aussi bien dans les collectivités de tout type que chez les opérateurs urbains qui tentent de se différencier par l’innovation. Il est intéressant de voir comment les choses évoluent, comment la ville et les territoires évoluent ».


Volets d’intervention

Le pôle d’Emmanuel contribue à la numérisation des territoires à travers :

  • Des investissements :

Ce volet constitue une grande partie de l’activité et consiste à prendre des participations dans des start-ups ou encore de monter des sociétés de projets industriels. Emmanuel insiste sur la gestion de bout en bout de l’ensemble d’un projet « Nous suivons les projets depuis leur origine, du sourcing jusqu’à l’instruction et au closing. Et nous représentons la BDT dans les instances de gouvernance des sociétés dont nous sommes actionnaires, toujours actifs ». Et en 2018, nous avons procédé à la première cession d’une participation de notre portefeuille.

Emmanuel apprécie la transversalité offerte par la Smart City qui « est transverse à tous les métiers, infrastructures et transport, économie sociale et solidaire, transition écologique et même immobilier… ». Cette transversalité s’étend au-delà du métier de la Banque des Territoires et s’étend au groupe puisqu’il est fréquent que nos sujets intéressent une ou plusieurs filiales. Leur expertise peut être très utile pour appréhender les enjeux techniques et business des projets. Emmanuel évoque à ce sujet : «Nous avons récemment consulté Transdev mais aussi CDC Habitat sur des dossiers en cours d’instruction... »
 

  • La prospective sur de nouveaux sujets d’investissements innovants :

Le pôle doit toujours rester à l’écoute des innovations comme des besoins clients de la Banque des Territoires. Ces sujets innovants peuvent trouver leurs origines dans les remontées des Directions Régionales qui souhaitent travailler sur une problématique particulière avec une collectivité. Si cela répond à la doctrine de l’investissement, le sujet est validé et co-financé. Le pôle réalise également, dans l’objectif d’identifier des objets d’investissement, des études prospectives comme  le benchmark en cours sur les réseaux  « internet des objets » dans les grandes métropoles européennes.
 

Projet coup de cœur

Parmi les projets marquants, Emmanuel Passilly évoque sans hésitation celui de Neocity. Le projet est caractéristique d’une démarche que nous souhaitons dupliquer. Nous avions identifié un besoin : rendre accessible pour toutes les villes et tous les territoires, une application de ville dont l’objet est de remplacer le site institutionnel de la ville par une application avec plusieurs fonctionnalités. Ces solutions, disponibles pour les grandes villes, présentent l’avantage de toucher une cible plus large et d’offrir une plus grande interactivité entre la ville et les citoyens. La principale contrainte étant d’adapter l’outil aux moyens financiers de la ville en proposant un coût de la solution cohérent avec ressources dont elle dispose.

De nombreux entreprises disposaient déjà de ce type de solutions. L’équipe d’Emmanuel Passilly s’est donc rapprochée de ces dernières pour voir si elles étaient capables d’adapter le modèle pour une offre packagée adaptée « Il fallait un large bouquet de services, facilement mis en œuvre et pas trop cher pour que cela soit accessible ». Le résultat n’est pas concluant. Dès lors, la recherche s’élargie aux start-up et Neocity semble sortir du lot. « On a co-investit dans la start-up. Neocity est capable en une demi-journée de livrer une application à une ville qui la commande. L’application contient une trentaine de fonctionnalités. »

Concrètement que propose l’application ? De l’information descendante (actualités, menu des cantines, alertes diverses) ou encore la possibilité de signaler un dysfonctionnement dans la ville (problème  d’éclairage public, dégradation de la voirie). La ville est ainsi capable de tout mettre en ligne en seulement quelques jours. Et niveau prix ? Adapté à chaque ville en fonction de sa taille « Il s’agit d’un forfait mensuel sans engagement ». Cette solution a été présentée lors du salon des maires en novembre dernier.

 

Le PIA (Programme d'Investissements d’Avenir) soutient aussi la Smart City !

En octobre dernier, André Parthenay, président de la Communauté de communes Pays Haut Val d’Alzette et Patrick RISSER, vice-président en charge du projet à la CCGHPVA ainsi que les représentants des instances et structures partenaires ont procédé à la signature du partenariat d’innovation pour la réalisation d’une plateforme « Smart City ».

Le Programme d’Investissement Avenir a investi 350 000€ via le Fonds Ville de demain, soit 35% de l’investissement total de 1 M€ consacré à la plateforme.
 

Cet outil de gestion permettra entre autres de proposer des services innovants :

  • gestion intelligente de la collecte des déchets,
  • production d’énergie renouvelable,
  • silver économie,
  • développement économique et filières courtes,
  • gestion intelligente de la collecte des déchets,
  • rénovation de l’habitat ancien…


Où en est le projet à ce stade ?

Actuellement, des ateliers citoyens sont organisés afin d’entamer une première phase de réflexion. Cette dernière permet d’identifier les applications à mettre en place.

Pour en savoir plus sur le PIA, cliquez-ici