Démographie : 68 millions d'habitants, moins de naissances et des décès au nombre élevé

Au 1er janvier, 68.043.000 personnes vivaient en France, dont 65,8 millions en métropole et 2,2 millions dans les départements d'outre-mer, selon le bilan annuel publié ce mardi 17 janvier par l'Insee. 2022 a été marquée par un nouveau ralentissement de la natalité et le maintien d'un nombre élevé de décès. De ce fait, la différence entre le nombre de naissances et de décès – ce que les démographes appellent le solde naturel de la population – est tombé à + 56.000, soit son "plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale". La croissance de la population en 2022 (+ 0,3%) a été principalement liée au solde migratoire (+161.000 personnes).

Natalité - En 2022, il y a eu 723.000 naissances en France (19.000 de moins qu'en 2021), soit le plus faible nombre sur un an depuis 1946. Ce recul de la natalité s'explique en partie par la diminution du nombre de femmes de 20 à 40 ans en âge de procréer. Mais elle est surtout due à la baisse du taux de fécondité (nombre d'enfants par femme) qui s'est établi à 1,80 enfant par femme l'an dernier, contre 1,84 en 2021. Ce taux a diminué chaque année entre 2015 et 2020, après avoir oscillé autour de 2 enfants par femme entre 2006 et 2014. Il avait toutefois augmenté en 2021, dans un contexte marqué par les conséquences de la pandémie. La France restait en 2020 (dernier comparatif possible) le pays le plus fécond de l'Union européenne (1,82 enfant par femme), devant la Roumanie (1,80).

Mortalité - L'Insee a comptabilisé 667.000 décès en France en 2022, soit 5.000 de plus qu'en 2021. Leur nombre est à peine inférieur à celui de 2020 (- 2.000, soit -0,3%), année marquée par l'épidémie de Covid-19 et nettement supérieur à celui de 2019 (+8,8%). L'arrivée des générations nombreuses du baby-boom à des âges plus avancés entraîne logiquement une hausse des décès depuis quelques années. Mais le nombre de décès en 2022 est supérieur de 46.000 à celui qui était "attendu". Le Covid-19 et ses conséquences directes ou indirectes (retard dans la prise en charge de certaines pathologies depuis 2020, par exemple), l'épidémie de grippe du printemps, ou encore les épisodes caniculaires des mois de juin, juillet et août expliquent cet excédent de mortalité, sans que l'on sache dans quelles proportions. Une analyse de l'Insee, qui sera publiée dans le courant de 2023, permettra d'en savoir plus sur cette question. Elle indiquera aussi quelle est "la surmortalité par âge".

Vieillissement - Au 1er janvier 2023, en France, 21,3% des habitants avaient 65 ans ou plus. Ils n'étaient que 17,1% dans cette tranche d'âge en 2012. Les moins de 20 ans représentaient eux en début d'année 23,5% de la population et les 20 à 64 ans 55,2%.

Espérance de vie - L'espérance de vie à la naissance s'est établie à 85,2 ans pour les femmes et 79,3 ans pour les hommes, soit des niveaux proches de ceux de 2021 et toujours inférieurs de 0,4 an à ceux de 2019, avant la pandémie.

Mariages et Pacs - 244.000 mariages ont été célébrés en France l'an dernier. Un nombre qui est "le plus élevé depuis 2012" et s’explique "en partie par un rattrapage des unions reportées pendant la pandémie". L'âge moyen des mariés de sexe différent augmente régulièrement depuis plus de vingt ans. Il atteint 37,2 ans pour les femmes et 39,6 ans pour les hommes. En ce qui concerne les couples de même sexe, les femmes se marient en moyenne à 38,5 ans et les hommes à 44 ans. Le nombre de Pacs est estimé à 192.000 pour 2022, après 209.000 en 2021 et 174.000 en 2020.

  • Le recensement de la population débute le 19 janvier

C'est ce jeudi que l'enquête annuelle de recensement démarrera dans les quelque 8.000 communes concernées (7.000 communes de moins de 10.000 habitants et la totalité du millier de communes comptant plus de 10.000 habitants).

Durant les cinq à six semaines que durera l'opération, 5 millions de logements et 9 millions de personnes recevront la visite des 24.000 agents recenseurs recrutés par les communes.

Pour rappel, la méthode utilisée depuis 2004 distingue les communes selon leur taille : dans celles de moins de 10.000 habitants, le recensement porte sur toute la population une fois tous les cinq ans. Mais, dans celles qui dépassent ce seuil, une enquête par sondage est effectuée chaque année auprès d’un échantillon représentant 8% des logements. Toutes les informations pratiques sur le recensement peuvent être trouvées sur le site dédié, créé par l'Insee.

La réponse par internet est désormais largement majoritaire, puisque 63% des personnes sollicitées l'an dernier ont opté pour cette modalité.

L'expérimentation du recensement de la population par des agents de la Poste monte en régime à l'occasion de sa deuxième année de mise en oeuvre. Dans le cadre de ce test permis par la loi Pacte du 22 mai 2019, 39 communes volontaires dont 28 communes de plus de 10.000 habitants ont mandaté La Poste pour la réalisation, cette année, de l'enquête de recensement (contre 18 pour le recensement de l'an dernier). Selon l'Insee, un établissement public de coopération intercommunale figure aussi, en 2023, sur la ligne de départ. Un décret du 11 août 2022 a autorisé ces structures à participer à la deuxième année de l'expérimentation, laquelle n'implique, côté prestataires, que La Poste. Le groupe public a été en effet, une nouvelle fois, le seul candidat à la réalisation de la collecte du recensement.

Expérimentation bienvenue

L'an dernier, cette expérience a donné des résultats jugés "très positifs". "Les communes et l'Insee étaient très satisfaites du dispositif, puisque les taux de réponse et les taux d'avancement de la collecte étaient très bons", indique l'Institut de la statistique et des études économiques. Les responsables de la ville d'Argentan, qui y ont recouru pour pallier la difficulté de recruter des agents recenseurs, ont par exemple apprécié la bonne connaissance de la commune et de leurs habitants par les agents de la Poste (voir notre article du 28 juillet).

Après une dernière année de mise en œuvre en 2024, un bilan de l'expérimentation sera dressé. "Elle sera éventuellement généralisée ensuite, sous réserve que les dispositions législatives nécessaires soient adoptées par le Parlement", indique-t-on à l'Insee. Dans une telle hypothèse, les communes, et le cas échéant les intercommunalités, auraient la possibilité de recourir à un prestataire La Poste ou une autre entreprise pour effectuer l'enquête de recensement de la population.

Le recensement sert notamment à déterminer la population officielle de chaque collectivité territoriale, une donnée sur laquelle s'appuient plus de 350 textes réglementaires. Les dernières populations légales ont été publiées fin 2022. Il s'agit des chiffres de population millésimés 2020.

T.B.

 

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