Innovation - Dépenses en R&D : les disparités des régions françaises se creusent
Année après année, les dépenses de R&D ne parviennent pas à décoller. En 2000, à Lisbonne, les chefs d'Etat et de gouvernement avaient arrêté un objectif de 3% du PIB à horizon 2010. Peine perdue. En 2010, ils ont alors reconduit cet objectif dans le cadre de la stratégie Europe 2020… pour 2020. On en est encore loin. Avec 1,85% du PIB en 2006, l'effort européen a légèrement progressé pour atteindre les 2,01% en 2012 et en 2013, selon les statistiques régionales pour 2015 qu'Eurostat vient de publier. Les chances d'atteindre l'objectif constitueront "un défi considérable", juge l'office européen de statistiques. Surtout, les cartes produites montrent que les fractures Nord-Sud et Est-Ouest dans ce domaine ne se résorbent pas.
Au niveau national, les écarts vont de à 0,5% du PIB dans un pays comme Chypre à 3,76% en Autriche et 4% en Finlande et Suède, qualifiés d'"Etats membres traditionnellement intensifs en matière de R&D". La France, elle, se situe à peine au-dessus de la moyenne : ses dépenses sont passées de 2,18% à 2,23% entre 2010 et 2013.
Au niveau régional, les disparités sont encore plus importantes. Seulement une région sur dix en Europe parvient à l'objectif des 3%, dont 13 qui sont au-dessus des 4%. Ces régions comptent pour plus du tiers des dépenses de R&D de l'Europe des 28, elles se situent essentiellement dans les pays du Nord et en Allemagne. Le leader est la province de Brabant Wallon en Belgique qui dépense 7,82% de son PIB en R&D. Elle est suivie de Braunschweig (7,32%) et Stuttgart (6,19%). Seule région française à se hisser dans ce peloton de tête : Midi-Pyrénées qui occupe la cinquième place avec 4,8%, juste derrière la région d'Hovetstaden au Danemark (4,9%). A noter que l'Allemagne compte six des treize régions leaders. Ces régions sont marquées par une forte spécialisation : l'aérospatial pour Midi-Pyrénées, les biotechnologies et l'aérospatial pour Braunschweig, les technopôles dans la province du Brabant Wallon, l'alimentation et la santé dans la région d'Hovetstaden...
Quatre régions françaises ont vu leurs dépenses décliner
Les régions du Sud et de l'Est, à l'inverse, présentent une moindre intensité de leurs efforts de recherche. Avec 2,23%, le Pays basque est la seule des régions du Sud à dépasser les 2%. A l'Est, seules trois régions se hissent au-dessus des 2% : Prague (2,53%) et Jihovychod (2,61%) en Tchéquie, et Zahodna Slovenija en Slovénie (3,07%).
La plupart des régions dont les dépenses de R&D sont inférieures à 1% se situent dans l'Europe du Sud (Espagne, Portugal, Grèce), au Royaume-Uni, dans les pays de l'Est (Roumanie, Bulgarie, Pologne…), mais aussi en France. Quatre régions françaises appartiennent à cette catégorie : Limousin, Poitou-Charentes, Champagne-Ardenne et Nord-Pas-de-Calais.
Ce n'est pas tout. En cinq ans (entre 2007 et 2012), un quart des régions européennes ont vu leur effort de R&D diminuer. Les six baisses les plus fortes sont enregistrées au Royaume-Uni. Au total, seize des régions britanniques ont réduit la voilure. Mais c'est aussi le cas de quatre régions françaises : Languedoc-Roussillon, Champagne-Ardenne, Haute-Normandie et Picardie. Midi-Pyrénées et Franche-Comté sont au contraire les deux régions françaises qui ont le plus augmenté leurs crédits R&D sur la période.
A égalité avec la Norvège, la France est le troisième pays de l'UE présentant les plus fortes disparités régionales en matière de dépenses de R&D, avec un écart de près de 5 points (soit un point de plus qu'en 2008). Les pays où ces disparités sont les plus fortes sont l'Allemagne et la Belgique, avec un écart supérieur à 7%.