"Derrière le net tout n'est pas net" : des jeunes de la communauté de communes de Montesquieu l'ont intelligemment appris...
"Toujours vérifier les informations sur un autre site", "si un inconnu te contacte, ne réponds pas", "avant de publier quoi que ce soit, assure-toi que ce n'est pas illégal". Ces quelques conseils font partie des dix règles pour internet, établies par un groupe de huit collégiens réunis dans un groupe de travail du Conseil intercommunal de prévention de la délinquance (CISPD).
Le CISPD de la communauté de communes de Montesquieu a en effet décidé de s'intéresser aux questions liées à l'utilisation d'internet par le jeune public, adepte aussi bien des blogs, de sites divers, des téléchargements et autres discussions via MSN.
Des parents avaient soulevé les problèmes liés à internet lors des actions menées en 2007 autour des pratiques addictives. Certains avaient été confrontés à des sites choquants voire morbides d'incitation à l'anorexie par exemple. Une association avait par ailleurs sollicité les communes sur le thème de la pédophilie sur internet. Des conseillers principaux d'éducation avaient déjà rencontré des problèmes avec des jeunes de 4e et/ou de 3e à propos du happy slapping, pratique consistant à filmer l'agression physique d'une personne à l'aide d'un téléphone portable. Un groupe de travail composé d'élus, d'associations, de partenaires institutionnels membres du CISPD a creusé le sujet et confirmé le besoin d'intervenir. "Le module sur les dangers d'internet, sensé être enseigné en CM2, dépend du temps et de la compétence de l'enseignant à assurer cette formation", souligne Mohamed Hallali, chargé de développement de projets jeunesse à la communauté. "Notre propos n'a jamais été de dire que ces outils sont dangereux. En revanche, ce sont des outils à maîtriser et à connaître et dont l'utilisation nécessite une éducation. Le monde virtuel n'est pas si anodin, je pense que ni les adultes, ni les enfants n'en maîtrisent assez les bases pour les utiliser avec sens", estime Danielle Secco, présidente de la commission Enfance, Jeunesse, Temps libre.
Les collégiens forces de proposition
Les collégiens étant les plus grands utilisateurs de ces nouveaux moyens de communication ("au moins une heure par jour de MSN, voire trois heures pendant les vacances"), un groupe émanant des quatre collèges de la ville a été constitué pour monter des actions. Détachés des cours, ils se sont réunis de novembre 2007 à mars 2008, durant 5 mercredis matin au siège de la communauté. Ce sont donc eux qui ont choisi et rédigé les "dix règles d'usage d'internet", reproduites sur des affiches, et imprimées sur des tapis de souris distribués dans les points informatiques des CDI, cyberespaces, BIJ, etc. Ils ont également réalisé un roman-photo, mettant en scène un jeune qui suite à un tchat se rend à un rendez-vous imprévisible... Le roman sera publié dans le magazine de la communauté.
Dans le même temps, des jeunes de 4e et 3e de chaque collège ont été chargés de réfléchir avec leur conseiller principal d'éducation aux moyens de populariser auprès de tous les élèves une charte d'utilisation d'internet, reprenant les règles de base, toujours bonnes à rappeler, comme le droit à l'image.
Les coulisses du net !
Parallèlement, tous les élèves de 4e et de CM2 des treize écoles (900 élèves) ont bénéficié en février d'une demi-journée de sensibilisation à l'utilisation d'internet, dispensée par un conférencier de la société Calysto, agréée par l'Éducation nationale. "Les jeunes posaient beaucoup de questions, abordaient beaucoup de sujets (blogs, jeux vidéo, les chaînes etc.). Ils ont une connaissance poussée de tous ces outils qui est étonnante, mais beaucoup moins, voire pas du tout, des règles et des lois", confie Mohamed Hallali qui a assisté à bon nombre de ces cours. "Les jeunes ne font pas la différence entre téléchargement légal ou illégal. Ils ont été très surpris d'apprendre que des jeunes avaient pu être condamnés, et plus encore intéressés de savoir qu'il existait des sites de téléchargement gratuits et légaux." De même, les explications apportées sur le fonctionnement d'un moteur de recherches ou d'encyclopédies numériques tel que Wikipédia, a certainement ouvert leur esprit critique. "Faire prendre conscience que tout ce qui est sur Internet n'est pas vérité est une bonne amorce de la prévention", résume Mohamed Hallali.
"Il y a un décalage entre la vision qu'ont les parents de l'utilisation d'internet par leurs enfants et la réalité, de même qu'il y a un décalage entre l'utilisation par les adultes et celle des jeunes qui manient aisément tous ces outils", souligne Danielle Secco. Et de citer une anecdote éloquente, vécue dans une classe de CM2 : "Lorsque le conférencier demande aux enfants s'ils ont un blog, la quasi totalité lève la main. Sur le ton de la plaisanterie, il demande ceux qui en ont deux. Le même nombre de mains se lève ! Autrement dit, les enfants créent un blog visible pour les parents, et un, plus intime et privé."
Des adultes moins conscients ?
Difficile de mesurer l'impact à long terme de cette démarche de sensibilisation. Mais d'ores et déjà, des retours de parents confirment la portée de l'expérience, demandant à ce qu'elle soit reconduite l'an prochain. Un engagement que Danielle Secco entend bien assurer, malgré le coût élevé (300 euros par jour) du conférencier : "La prévention, c'est répéter sans cesse. Sur un sujet comme celui-là, qui a l'avantage de plaire aux enfants et s'avère donc un bon support pour aborder d'autres thèmes, il faut travailler sur le long terme. Je peux défendre un tel investissement, pour une action qui a du sens et qui parie sur la prévention", assure-t-elle.
D'autant que la mobilisation des familles et surtout des professionnels de l'enfance (enseignants et animateurs) reste à faire. En effet, peu d'entre eux se sont rendus à la matinée organisée pour eux, le samedi 16 février, qui proposait une conférence sur les enjeux de l'éducation au monde virtuel et un atelier pour présenter un logiciel de contrôle parental, au milieu d'animations et de stands. Danielle Secco relativise et positive : "La prévention, quoi qu'on en dise, n'est que rarement une priorité, mais c'est elle qui porte des fruits..."
Emmanuelle Stroesser, pour la rubrique expériences de Mairie-conseils et de Localtis
Communauté de communes de Montesquieu
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