Des personnes en difficulté, acteurs de la réhabilitation de leur logement et de leur mieux-être

La ville des Mureaux (Yvelines, 32.000 habitants) a expérimenté l'auto-réhabilitation accompagnée de logements pour des ménages en difficulté. Le principe est d'aider des familles à améliorer leur logement, grâce à un soutien technique et parfois financier. L'impact sur les personnes est notable, il a des effets visibles et immédiats et participe à la réinsertion sociale. Les Mureaux, Le Havre, Perpignan et Bordeaux l'ont expérimenté. L'initiative a reçu le Prix de l'innovation sociale en 2003. Elle est aujourd'hui pérennisée et s'ouvre à des locataires de logements sociaux.

Si la ville des Mureaux est depuis des décennies couverte par les différents dispositifs de la politique de la ville, le quartier dit Grand Ouest, restait à l'écart. Situé en face d'un quartier d'habitat social, il se compose d'habitat privé dont une bonne part de pavillons construits il y a une vingtaine d'années et vers lesquels les anciens locataires sociaux ont trouvé un moyen d'accéder à la propriété... En vingt ans, la situation sociale d'un certain nombre n'a pas toujours permis d'amoindrir les coûts croissants des remboursements d'emprunts, à taux variables. "Nous étions alertés depuis plusieurs années par les travailleurs sociaux nous faisant part de la dégradation de ce quartier et de la part préoccupante de familles en difficultés sociales", expose Marie-Françoise Savigny, adjointe au maire chargée des solidarités. L'idée lui vient de mettre en oeuvre sur ce quartier un projet "d'auto-réhabilitation accompagnée", découvert par l'intermédiaire de Véronique Fayet, adjointe au maire de Bordeaux, et développé par l'association des compagnons bâtisseurs de Bretagne. L'auto-réhabilitation accompagnée consiste à proposer à des familles une aide technique, voire financière, pour faire des travaux dans leur maison et restaurer un mieux-vivre, garant d'un mieux-être...

 

Organiser des ateliers techniques et des chantiers d'entraide

L'association des compagnons d'Ile-de-France (Acif) a été choisie pour être l'opérateur du dispositif, à l'issue de l'appel d'offres lancé par la municipalité en 2003 sur la commune. "L'originalité d'une équipe d'auto-réhabilitation, c'est qu'elle se compose d'encadrants techniques (car il faut savoir évaluer les travaux à faire et vérifier qu'ils soient réalisables par les habitants auxquels on apprend les technique de base) et d'animateurs sociaux", explique Marie-Françoise Savigny.
Chaque travailleur social ou intervenant sur le quartier a été sensibilisé pour détecter des familles en difficultés dont certaines étaient liées à leur maison : habitat dégradé, insalubre, etc. Ces contacts sont repris par l'assistante sociale de l'Acif qui rencontre les familles et qui, avec l'encadrant technique, leur propose une aide technique mais aussi financière pour l'achat de matériaux (jusqu'à 900 euros suivant leurs ressources). Le dossier est ensuite présenté, de façon anonyme, en comité technique pour validation.
Le soutien technique se poursuit par l'organisation d'ateliers (32 organisés en 2005 dont 15 en extérieur en partenariat avec les jardins familiaux pour restaurer l'entrée des pavillons) auxquels chacun peut assister pour apprendre à poser du papier peint, changer la VMC, etc. Le bénéficiaire y puise les conseils pour réaliser seul ses travaux, mais il peut aussi bénéficier de chantiers d'entraide : les personnes volontaires vont chez une famille pour apporter la main-d'oeuvre pour le carrelage d'une cuisine, la réfection d'une salle de bain, ou l'isolation d'une cuisine, etc. "C'est aussi cela qui crée du lien et donne une valeur ajoutée à ce projet", souligne Marie-Françoise Savigny.
Beaucoup de chambres, de cuisines, de salles de bain dans des états déplorables ont pu ainsi être remises à neuf. Au-delà du mieux-être matériel, l'impact est parfois très important sur la vie sociale, voire professionnelle. "Grâce à la démarche suivie, on essaye de mobiliser tous les membres d'une famille, et c'est parfois un grand succès lorsque le fils de 20 ans arrive à aider son père ! ou que des adolescents qui étaient sans cesse dans la rue retrouvent l'envie d'inviter des copains dans leur chambre, cela participe à la restauration de l'autorité parentale, des liens familiaux", assure Marie-Françoise Savigny. "D'autres sortent de leur isolement, apprennent à se parler entre voisins", cite-t-elle encore.

 

L'auro-réhabilitation va désormais être suivi par le CCAS 

Le nombre de bénéficiaires est limité à une quinzaine par an, à la fois pour des raisons budgétaires et "pour garantir un travail en profondeur".
Un comité technique réunit tous les mois les partenaires sociaux du projet (département, CAF, espace de quartier, CCAS, Acif, l'adjointe aux solidarités et son collègue Albert Bischerour en charge de la politique de la ville) pour faire le point sur la progression des familles sur le plan social et le suivi technique des chantiers. "Nous programmons aussi des ateliers thématiques comme sur la maîtrise de l'énergie en partenariat avec EDF et, dans la mesure où le quartier est tout électrique, vous imaginez la répercussion sur les charges...", signale l'élue.
Le budget oscille autour de 165.000 euros par an, grâce à la participation de l'Etat (30.000) et du conseil général (15.000) au titre de la politique de la ville, du conseil régional (40.000 au titre du développement durable), de la ville (24.825 euros) et de l'Europe (54.000 euros Feder). L'Anah n'est pas directement partie prenante mais intervient sur des aides personnelles qui peuvent venir en appui via le Pact Arim, membre du comité de pilotage (celui-ci réunit l'Acif, la ville, l'Etat, le conseil général et la Caisse des Dépôts).
Porté par le service politique de la ville en partenariat avec le CCAS, le projet d'auto-réhabilitation va désormais être repris par le CCAS, le projet, expérimental est pérennisé (une nouvelle convention a été signée avec l'Acif pour les trois prochaines années). Il a par ailleurs gagné en ampleur suite à la demande d'un bailleur social à engager un projet similaire sur un quartier d'habitat social. "Nous avons démarré en janvier 2006 sur les mêmes modalités (hormis l'aide financière plafonnée à 500 euros) et le même opérateur, l'Acif, avec la différence que le bailleur participe au financement", précise Marie-Françoise Savigny. Les deux comités de pilotage vont être réunis en un seul. Au vu des résultats, d'autres bailleurs sociaux se sont portés également candidats.
Cette initiative développée dans le même temps par les villes du Havre, de Perpignan et de Bordeaux a reçu le prix de l'innovation sociale locale 2006 de l'UNCCAS. Ces villes ont élaboré un guide à l'intention de ceux qui souhaiteraient se lancer dans la démarche.

 

Emmanuelle Stroesser, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Ville des Mureaux

Place de la Libération - BP 2053
78135 Les Mureaux Cedex

Marie-Françoise Savigny

Adjointe au maire des Mureaux, chargée des solidarités

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