Des plateformes numériques pour garder le lien avec les personnes isolées

Ville de Pessac, office HLM de Seine-et-Marne, département de la Corrèze… Trois territoires, trois stratégies numériques distinctes, mais une volonté commune, au cœur de la crise sanitaire : promouvoir l’entraide et la solidarité entre des volontaires et les personnes fragiles et isolées dans le voisinage.

A Pessac, un premier test pour SoBeezy, outil de mise en relation au profit des plus fragiles

Début mai 2020 : tel était le délai initial de déploiement total de SoBeezy, un outil numérique de mise en relation entre personnes âgées, handicapées ou isolées et volontaires du voisinage. SoBeezy a été conçu par l’association Guztiak Bizi-Vivre Ensemble, qui regroupe des médecins et chercheurs du CHU de Bordeaux. Mais la crise du Covid-19 a chamboulé le planning.

Juste avant le confinement, 136 bénévoles pessacais s’étaient inscrits sur la plate-forme, accessible sur ordinateur, tablette ou smartphone. Bien que la version de SoBeezy soit encore inaboutie, le 19 mars, l’équipe de l’association a estimé que la crise représentait une opportunité pour conquérir de nouveaux bénévoles. Avec l’accord de la mairie, elle a lancé une opération de communication qui a porté ses fruits, à base de posts sur les réseaux sociaux et de flyers distribués dans les commerces ouverts.

Trois missions prioritaires sont listées : faire des courses ; promener des animaux domestiques ; passer des appels de convivialité. A ce jour, 624 bénévoles sont inscrits, pour un peu plus de 120 bénéficiaires. "Cela peut sembler peu pour une ville de 63 000 habitants, mais l’effectif va monter en puissance ; et un certain nombre de personnes sont déjà suivies par les services sociaux, notamment les 700 personnes du fichier canicule", précise Patricia Gau, adjointe au maire déléguée aux solidarités et à la santé et vice-présidente du CCAS.

Pour le moment, les demandes d'aide peuvent être formulées sur SoBeezy mais elles sont renvoyées vers le mobile de Morgane Carrasco, chargée de développement et d’animation. Téléphone en main, tableau Excel sous les yeux, Morgane Carrasco contacte alors les bénévoles aptes à répondre à la demande. Mais à partir de la mi-juin, plus rien ne passera par téléphone : la plate-forme numérique sera entièrement opérationnelle. De plus, des enceintes connectées à commande vocale seront distribuées à ceux qui n’ont pas d’ordinateur : il leur suffira d’énoncer leur demande à l’oral pour que la demande s’enclenche.

Smiile : un réseau d’entraide entre locataires HLM en Seine-et-Marne

Fin février, Habitat 77, office HLM du département de Seine-et-Marne, avait mis l’application mobile Smiile à la disposition des 42 000 locataires de son parc. Smiile est un réseau social de voisinage, qui promeut la solidarité et la convivialité : soutien aux personnes isolées, prêt d’ordinateur, partage de connexion Wi-Fi sur le palier, aide aux démarches administratives, confection de plats cuisinés pour les malades, etc. Avec une subvention du Fonds de soutien à l’innovation (FSI), la start-up Smiile a en effet conçu une déclinaison spécifique pour Habitat 77. Celle-ci référence les 450 résidences et donne accès, à 30 kilomètres aux alentours, à des contacts avec des voisins – qu’ils soient ou non logés par le bailleur social.

Smiile en était donc à ses balbutiements quand la crise sanitaire est survenue. "Bien que nous n’ayons pas pu lancer les campagnes de communication prévues, l’outil s’est révélé précieux pour dépanner bien des locataires" se réjouit François Mercadier, responsable innovation et marketing chez Habitat 77. 685 personnes sont inscrites à ce jour. Depuis fin février, 1340 échanges ont été comptabilisés. Il s’agit en majorité de partage de services. "Les services les plus demandés sont l’aide à la personne (44 %), la livraison de courses (21 %), le dépannage, la réception de colis, le bricolage, le jardinage, les cours particuliers ou le coaching", énumère François Mercadier.

La Corrèze met du liant entre les habitants

En Corrèze, le conseil départemental a mis en ligne, le 27 mars, la plate-forme collaborative « Entraide Corrèze ». Objectif : favoriser la mise en relation entre ceux qui ont besoin d’une aide essentielle – courses alimentaires, garde d’enfants, soutien scolaire… -, et ceux qui peuvent apporter un service bénévolement. Que l’on soit "demandeur" ou bénévole, il faut s'inscrire sur le site, puis déposer son annonce en indiquant ses coordonnées et en se géolocalisant. Ces offres et demandes de services sont vérifiées par l'équipe communication du conseil départemental. Une modération qui vise à éviter tout détournement d'usage de la plateforme à des fins commerciales. Lorsque l'inscription est validée, les personnes peuvent dès lors utiliser la plateforme pour entrer en contact et s'organiser, comme sur n'importe quel site de petites annonces. 75 contributions ont été apportées à ce jour.