Des rencontres économiques locales par filières

La communauté d'agglomération du Grand Rodez (Aveyron) organise chaque année des rencontres économiques d'une à deux journées rassemblant chefs d'entreprise, étudiants et professionnels. Cinq filières sont concernées : l'agroalimentaire, le bois, la pierre, l'informatique et la mécanique. Des organismes spécialisés se voient confier l'organisation des différentes rencontres dans le cadre d'une convention signée avec la communauté.

Au départ...

Dans le cadre de ses compétences en matière de développement économique, le district du Grand Rodez élabore un programme d'action sur cinq ans portant sur l'animation économique de son territoire, les équipements structurants, ainsi que l'aménagement et la gestion de zones d'activités. Il s'interroge dans le même temps sur les moyens à mobiliser pour apporter son aide à des associations à caractère économique. La participation du district à l'opération "Innover ou disparaître", sur sollicitation de la chaîne de télévision Arte et de l'université de Compiègne, constitue un élément déclencheur : comment appliquer ce concept au territoire du Grand Rodez ? L'idée surgit de rencontres économiques par filières. Les objectifs sont simples :
- promouvoir un secteur économique particulier : l'agroalimentaire, le bois, la pierre, l'informatique, la mécanique ;
- offrir des informations récentes et fiables aux entreprises locales et nationales ;
- attirer des entreprises extérieures dans l'agglomération.
En 2000, lorsque la communauté d'agglomération succède au district, ses statuts confirment une compétence intercommunale en matière de développement économique tout en offrant une place importante à l'innovation. Les élus choisissent de poursuivre et d'intensifier les rencontres économiques.

En cours de route...

Les rencontres économiques ont lieu tous les ans pour chaque filière (exceptée filière mécanique) durant une à deux journées ou en soirée pour la filière informatique. Pour chacune des filières, la communauté d'agglomération s'est attachée les compétences d'un organisme spécialisé situé dans l'agglomération. Il assure, pour le compte de la structure intercommunale, l'organisation de la manifestation :
-  le centre technique de la viande pour la filière agroalimentaire ;
-  le centre régional pour l'innovation et le transfert de technologie bois pour la filière bois ;
-  l'Institut de formation aux métiers de la pierre pour la filière pierre ;
-  la société privée La Nauze pour la filière informatique.
Quant aux rencontres de la filière mécanique, elles s'appuient sur un mode de fonctionnement différent puisque c'est l'Association pour le développement industriel et économique du Massif central et du Centre, initiatrice de l'association Mécanic Vallée, qui se charge d'organiser en direct la manifestation, avec l'appui financier de la communauté d'agglomération.
Tous les ans, chaque organisme doit trouver les locaux où se dérouleront les rencontres, contacter les intervenants (dont il organise également la venue) et assurer la promotion des rencontres auprès des chefs d'entreprise et des étudiants. Les organismes sont libres de décider de leur façon de procéder. La communauté d'agglomération vérifie pour sa part que les différentes rencontres se déroulent dans des conditions à peu près similaires : prix d'entrée identique pour les participants, même niveau de défraiement des intervenants
La fréquentation et le public des rencontres varient en fonction des filières. La filière agroalimentaire attire 150 à 200 personnes, dont une forte majorité de chefs d'entreprise originaires de toute la France (120 à 130 personnes) et des étudiants. La filière pierre attire 200 à 300 architectes et autres professionnels de ce secteur, venus également de toute la France. La filière bois, plus confidentielle, attire 50 à 80 professionnels et la filière informatique, très locale du fait de son déroulement sur trois soirées successives, n'attire que 15 à 20 personnes par soirée (essentiellement des étudiants de l'Institut universitaire de technologie de Rodez).

Les moyens mobilisés et les partenaires...

Chaque année, sur proposition des organismes spécialisés et en concertation avec eux, le service compétent de la communauté d'agglomération étudie un panel de thèmes possibles. Ces thèmes sont ensuite proposés aux élus communautaires dans le cadre de la commission Economie, Emploi, Formation supérieure et Tourisme puis à l'ensemble du conseil d'agglomération.
Un budget est alloué aux rencontres économiques : il varie de 4.000 à 15.000 euros. Une convention est alors signée entre la communauté et le partenaire qui sera chargé d'organiser les rencontres. Le règlement de la prestation se fait en deux versements  : un acompte de 50% à la signature de la convention et le solde après présentation d'un rapport moral et financier.
La communauté d'agglomération se charge de la signalétique, prête le matériel nécessaire et organise une conférence de presse quinze à vingt jours avant la date des rencontres. Les communes participent également par le prêt de matériel et de salles. Les intervenants ne sont pas rémunérés : ils sont seulement remboursés pour leurs frais de déplacement par l'organisme spécialisé chargé de l'organisation. Mais la communauté leur offre un couteau de Laguiole numéroté et gravé : "Chaque fois qu'ils l'utilisent, ils font un peu la promotion des rencontres." Tous les participants se voient remettre une valise contenant les plaquettes du comité d'expansion économique de l'Aveyron, le contenu des interventions et des brochures touristiques sur le secteur. "Une année, on s'est même chargé des réservations d'hôtel avec l'office de tourisme du Grand Rodez."
Les relations entre la communauté d'agglomération et l'organisateur sont très étroites ; elles se concrétisent par des contacts réguliers permettant de rendre compte au service économique de la communauté de l'état d'avancement de la préparation des rencontres. Ce fonctionnement simple a vite rendu inutile le comité de pilotage constitué au lancement de l'opération. La population est, quant à elle, informée du déroulement des rencontres par le biais du bulletin intercommunal.
La communauté d'agglomération prend en charge la moitié du coût de l'opération, participation qui a atteint 11.000 euros en 2002, soit environ 0,5% du budget de fonctionnement communautaire. Les organismes spécialisés encaissent les recettes liées aux inscriptions des congressistes, qui s'élèvent par exemple à 100 euros par congressiste pour les rencontres de la filière agroalimentaire. "Les organismes spécialisés partenaires de la communauté ont la liberté de rechercher eux-mêmes d'autres financements, à condition de nous en rendre compte." Plusieurs financeurs sont ainsi sollicités directement par chaque organisateur : le conseil général de l'Aveyron, le conseil régional de Midi-Pyrénées ou encore la chambre de commerce et d'industrie.

Pour quels résultats...

Cette action fonctionne depuis huit ans : "Elle est bien rodée." Les rencontres économiques n'ont pas été reprises par le Pays ruthénois en cours de constitution, mais elles sont aujourd'hui relayées au niveau du réseau des villes du Massif central, Estelle. Il semble cependant qu'elles fonctionnent moins bien à cette échelle car "l'ancrage local est capital". Le partenariat avec les acteurs des différentes filières a été grandement facilité du fait de leur présence sur le territoire de la communauté. En déléguant à des structures compétentes l'organisation des rencontres, la communauté d'agglomération a pu bénéficier de leurs réseaux relationnels. Les chercheurs notamment, qui se connaissent entre eux, peuvent se retrouver régulièrement. C'est ce réseau relationnel qui constitue le ciment des rencontres.
Toutes les filières ne rencontrent d'ailleurs pas le même succès, succès qui dépend étroitement de la filière concernée et de la capacité des organisateurs à mobiliser les acteurs. Quelques difficultés existent malgré tout, mais plutôt dans l'organisation pratique. Il n'est par exemple pas toujours facile de trouver une salle de taille suffisante, disponible et permettant la restauration d'une centaine de personnes. Ce handicap s'accroît avec le succès grandissant des rencontres. Les accès géographiques restent aussi un point à améliorer. Enfin, établir la bonne durée pour les rencontres, entre un et deux jours, peut s'avérer compliqué : il faut trouver le juste équilibre entre la volonté de préserver la qualité des échanges en optant pour une durée suffisante et la capacité à mobiliser les chefs d'entreprise sur une période pas trop longue.
Pour la communauté d'agglomération, l'intérêt d'une telle action est de renforcer l'attractivité du territoire vis-à-vis des entreprises. Elle complète une série d'autres opérations qui convergent toutes vers ce même objectif, telles que l'organisation d'un concours à la création d'entreprise, la mise en place d'une pépinière d'entreprises, l'aménagement de zones d'activités. Depuis leur création, les rencontres économiques se sont davantage ouvertes aux étudiants et aux organismes de formation, mais elles pourraient facilement être déclinées pour le grand public.

Et aujourd'hui ?

"A ce stade, après huit années de pratique, il serait souhaitable qu'un renouvellement se fasse, mais il reste à étudier." Des contacts avec l'université de Catalogne permettent d'envisager une ouverture européenne pour la filière agroalimentaire. La filière pierre va bénéficier du programme communautaire Interreg 3 avec le sud de l'Europe. Quant aux rencontres des filières bois et informatique, elles doivent encore être améliorées car leur fonctionnement ne donne pas encore entièrement satisfaction.

Valérie Ferlet-Boulard, chargée de mission au Centre permanent d'initiatives pour l'environnement du Rouergue

Le conseil des élus

"L'expérience tentée au niveau du réseau Estelle et le succès limité des rencontres des filières bois et informatique montrent que seul un partenaire fort sur son secteur économique est à même d'assurer avec succès l'organisation des rencontres. C'est le réseau relationnel et l'ancrage local des organismes spécialisés qui ont permis aux rencontres d'exister et de se maintenir ; c'est donc sur ce type de partenaire qu'une structure intercommunale doit s'appuyer pour réussir à intéresser les entreprises."

Rodez Agglomération

Nombre d'habitants :

56000

Nombre de communes :

8
17 rue Aristide Briand – CS 53531 Rodez
12 035 Rodez

M. Teissier

Responsable du service économie-emploi, enseignement supérieur-tourisme

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