Des sénateurs veulent autoriser les boulangers et fleuristes à ouvrir le 1er mai
Des sénateurs centristes souhaitent autoriser officiellement les boulangeries ou fleuristes à ouvrir le 1er mai. Soutenus par le gouvernement, ils espèrent voir le texte inscrit à l'ordre du jour du Sénat d'ici fin juin. La CGT y est opposée.

© jean-louis Zimmermann CC BY 2.0
Permettre aux commerces déjà ouverts le dimanche, comme les boulangers et fleuristes, de faire appel à leurs salariés le 1er mai, sur la base du volontariat. C'est l'objet de la proposition de loi déposée le 25 avril 2025 par sénatrice de Vendée Annick Billon et le président du groupe Union centriste, Hervé Marseille (Hauts-de-Seine). Une initiative soutenue par le gouvernement "car elle vient sécuriser notre droit et répondre aux attentes des boulangers, mais aussi de tous ceux dont l'activité est indispensable", comme l'a indiqué à l'AFP Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités.
Le texte intervient après une multiplication de contrôles dans des boulangeries en Vendée en mai 2024 par l'inspection du travail, donnant lieu à des verbalisations avec des amendes encourues entre 750 euros par salarié concerné jusqu'à 1.500 euros quand celui-ci est mineur… Le tribunal de police de La Roche-sur-Yon a finalement prononcé le 25 avril 2025 la relaxe des cinq boulangeries concernées.
Le gérant des boulangeries Bo&Mie a quant à lui été convoqué fin avril 2025 au commissariat de police pour avoir fait travailler ses salariés le 1er mai 2021. Il encourt une amende de 78.000 euros. À quelques jours de la Fête du travail, ces affaires ont suscité une vive émotion chez les boulangers.
Il ne s'agit pas de remettre en cause le caractère férié et chômé du 1er mai
"Le 1er mai 2024, plusieurs boulangers, respectueux de leur métier et soucieux de répondre aux attentes de leurs clients, ont été sanctionnés pour avoir fait travailler leurs salariés, en dépit d'une pratique tolérée de longue date, indique l'exposé des motifs de la proposition de loi. Cette situation, qui s'est traduite par des amendes allant jusqu'à 1.500 euros par salarié, a légitimement suscité l'émoi dans la profession et la population." La convention collective de la boulangerie-pâtisserie autorise ainsi traditionnellement le travail le 1er mai, mais cette possibilité ne repose sur aucune dérogation légale explicite. Un risque qui est "partagé par d'autres professions telles que les fleuristes", insiste la sénatrice. "Il ne s'agit en aucun cas de remettre en cause le caractère férié et chômé de cette journée, assurent les sénateurs, mais de reconnaître la spécificité de certaines activités – à l'instar des boulangeries ou des fleuristes – qui participent pleinement à notre vie quotidienne et à notre patrimoine culturel."
La CGT opposée à la mesure
Dans un communiqué publié le 25 avril, la CGT se dit opposée à cette idée. "Si le gouvernement parvient à créer une exception, de fait ou de droit, pour les boulangeries, demain le secteur des hôtels cafés restaurants revendiquera le même traitement, puis la grande distribution, puis l'ensemble des commerces", fustige le syndicat. Le travail le dimanche a été "complètement libéralisé", a indiqué la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet lors d'une intervention sur LCI, le 27 avril, et parfois "sans majoration du tout et encore moins de volontariat". La loi Macron du 6 août 2015 a en effet étendu le travail du dimanche en donnant plus de possibilité dans ce domaine aux maires tout en renforçant les droits des salariés.
Les sénateurs espèrent inscrire le texte à l'ordre du jour du Sénat avant fin juin. "Je salue cette initiative parlementaire, que je soutiendrai pleinement. Elle répond à une demande légitime d'adaptation de notre droit du travail et apporte des solutions concrètes à de nombreuses professions dont l’activité est essentielle, le 1er mai comme le dimanche", a indiqué la ministre chargée du travail et de l'emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, sur X. Le texte a également obtenu le soutien du président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui, dans un courrier adressé ce 29 avril au préfet de région, demande aux inspecteurs de se montrer cléments. "Dans l'attente de l'examen de cette proposition de loi et au vu du contexte économique et social auquel nous faisons face, je me permets de vous solliciter pour que, cette année, les agents de l'inspection du travail ne contrôlent pas ces entreprises", plaide-t-il.