Des transports en commun intercommunaux, lieux d'éducation à l'espace public

La communauté d'agglomération de Caen-la-Mer (Calvados) étend son réseau de transports en commun en site propre à de nouvelles communes et prépare ses citoyens en herbe à en bien user.

"Si nous voulons que les transports en commun constituent une alternative crédible aux déplacements en automobiles individuelles, déclare Madame Morin-Mouchenotte, présidente de Viacités (syndicat mixte composé des 29 communes de l'agglomération de Caen-la-Mer et du département du Calvados), il nous faut adopter une politique volontariste qui offre sur les parcours choisis des trajets courts, rapides, fréquents. Le moyen de cette politique passe par la création d'espaces spécialisés sur l'espace de la voie publique, des sites propres sur lesquels circulent, selon des choix sur lesquels on reviendra, soit des tramways soit des bus dits BHNS (bus à haut niveau de service)."
L'introduction de transports en commun en site propre, ce que la presse locale a appelé "le retour du tram à Caen", date pour les usagers caennais de l'année 2002. Dès sa création, ce tramway sur pneus est une réalisation multicommunale. Car Viacités a mis en oeuvre deux lignes qui relient entre elles des équipements publics à forte fréquentation (universités, hôpitaux, théatre...) et qui, de ce fait, ciblent une fréquentation qui cherche justement des alternatives à la voiture : les jeunes, les étudiants, les personnes âgées.

 

Une mobilité du citadin au niveau de l'agglomération toute entière

Maintenant que l'aventure des transports en commun se poursuit dans le cadre des 29 communes réunies dans la communauté d'agglomération Caen-la-Mer (226.579 habitants) et que se prépare l'extension des transports en commun en site propre sur de nouvelles communes, les partis pris initiaux restent à l'ordre du jour. Même si le choix des techniques (tramway sur pneus ou BHNS) est reporté.
"Il faut voir ces modes de transports en commun, reprend Madame Morin-Mouchenotte, comme une offre de ville. Au deux sens du terme. D'une part, il s'agit, dans ces extensions, de relier des pôles de développement soit existants soit en cours de réalisation. Donc penser l'offre de déplacements comme une mobilité du citadin au niveau de l'agglomération tout entière. Et de ce point de vue, il faut dire que le législateur ne nous simplifie pas la tâche. Nous avons compétence pour décider des tracés mais la mise en pratique des décisions en matière de voirie (emplacements et volumes des stationnements, tracés des voiries) reste de compétence communale."
"D'autre part, il faut voir l'offre de ville au sens 'urbain' du mot ville : en ce qu'elle est un 'vivre-ensemble'. Les transports en commun touchent à l'éducation au sens de respect de l'autre : la cohabitation avec le plus fragile (handicapé, personne âgée, adulte avec jeunes enfants...) dans l'espace clos et commun du tram ou du bus. C'est pourquoi nous avons demandé à Keolis, notre transporteur, de consacrer une partie du temps de certains de ses agents à la formation à l'usage des transports en commun pour de jeunes scolaires qui sont à la veille d'être assez autonomes pour prendre seuls le tram ou le bus."

 

Les transports en commun comme apprentissage du vivre-ensemble

Sur la zone industrielle de Hérouville-Saint-Clair, voici le dépôt des transports en commun où la société Keolis entretient et nettoie aussi bien des autobus du modèle classique que de grands autobus articulés, des tramways sur pneus ou même les nouveaux modèles d'autobus surbaissés ; ceux destinés à faciliter l'accessibilité aux personnes à mobilité réduite en faisant continuité avec les trottoirs des stations d'arrêt. La société Keolis est l'exploitant du réseau de tramway et bus Twisto, délégataire de service public du syndicat mixte Viacités, avec un contrat sur trente ans révisable tous les cinq ans.
Les locaux centraux sont aménagés à coté des ateliers de maintenance, pour servir à la coordination et au repos des personnels. Mais aussi pour accueillir des visiteurs.
Y pénètrent une trentaine d'enfants venant, avec leur institutrice, d'une école primaire voisine. Ils sont en CM2. L'an prochain ils iront au collège. Et ils seront amenés à emprunter seuls les transports en commun, tramway ou bus. Ce qui constitue une expérience d'une nature autre que celle d'un car de ramassage scolaire.
Dès leur arrivée ils sont partagés en deux groupes. Le premier qui reçoit un bandana vert part dans les ateliers sous la houlette de Françoise qui officie le reste de la semaine comme hôtesse à l'agence de Twisto en centre-ville. Le groupe au bandana bleu reste avec Alain, un agent d'ambiance solidement planté sur ses deux jambes. "On dit agent d'ambiance mais on dit aussi médiateur dans les lieux sensibles, lance-t-il aux gamins. Vous savez ce que c'est que la médiation ?" Grand silence. "C'est quelqu'un qui se pose entre deux personnes ou deux groupes qui s'affrontent. C'est mon métier. Je suis là pour cela. Je fais du rappel des règles de vie lorsque l'on est dans un espace public."

 

Bonjour, Monsieur ! 

Quelques instants plus tard, ces règles de vie sont expliquées en taille réelle dans un vrai autobus stationné sur le parking : faire une place aux personnes âgées, ne pas bloquer les accès, laisser les allées libres... Et leur compréhension ne va pas de soi. "Monsieur, qu'est ce que c'est un strapontin ?", demande un blondinet. A Caen-la-Mer comme ailleurs, il ne suffit pas d'être titulaire d'un titre de transport. Encore faut-il le valider à chaque trajet. Or s'ils sont tous lus/validés par la même machine, les titres de transport sont de nature et de validité différentes selon les types de clients et les trajets. Il faut les connaître et les identifier. Mais d'abord apprendre à composter. Rangés en file indienne sur le parking, les enfants montent dans le bus l'un après l'autre tenant un titre de transport à la main. Alain, l'agent d'ambiance, s'est mis derrière le volant, à la place du conducteur. "Bonjour, mon petit." - "Bonjour, Monsieur". Et maintenant enfiler le coupon magnétique dans la fente du composteur. D'aucuns tâtonnent. Pour commencer, repérer sur le coupon le sens de la flèche, puis trouver le bon angle pour que la machine accepte d'avaler le coupon avant de le recracher.
Ensuite il faut apprendre à demander l'arrêt dans un bus. Repérer le panneau : "arrêt demandé". S'il est allumé c'est que l'arrêt a déjà été demandé. S'il ne l'est pas, appuyer sur le bouton. Se présenter devant la porte.
Les enfants sont maintenant dans les ateliers de maintenance des véhicules : ouvriers en bleus de chauffe, panoplies de clés à tube sur les murs et reflets d'huile de vidange sur le sol. Une petite expo et un film sont là pour montrer comment les transports en commun se mettent à l'heure du développement durable. La norme environnementale ISO 14 001 et ses objectifs de réduction de nuisance : économies sur les émissions de CO2 comme sur les eaux de lavage des rames. Le public est tout ouïe et le message passe en douceur. Ces Caennais-là seront, foi d'animal, de bons citoyens.

 

François Poulle, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis 

Viacités - syndicat mixte des transports en commun de l'agglomération caennaise

6 bd Georges-Pompidou
14050 Caen Cedex 4

Nathaly Monrocq

Attachée de presse

Communauté d'agglomération de Caen-la-Mer

21 place de la République
14050 Caen Cedex 4

Sylvie Morin-Mouchenotte

Présidente de Viacités, membre du bureau de la communauté d'agglomération de Caen-la-Mer, conseillère municipale de la ville de Caen, présidente de la commission tarification au sein du Gart

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