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Disparition de Michel Delebarre, l'homme aux multiples casquettes

L'ancien ministre et maire de Dunkerque est décédé le 9 avril à l'âge de 75 ans.

C’est une des grandes figures socialistes de ces quarante dernières années qui s’est éteinte, alors que son parti vient de subir la plus lourde défaite électorale de son histoire. Comme une page qui se tourne. Michel Delebarre est décédé le 9 avril, à l’âge de 75 ans. Il avait été accueilli dans un Ehpad de Lille, il y a quelques mois, "très affaibli" notamment par un grave diabète, a précisé à l'AFP le sénateur PS du Nord, Patrick Kanner. Ce "bon vivant" qui avait "personnifié Dunkerque", "fait partie du panthéon des socialistes du Nord", "fidèle jusqu'au bout", a-t-il salué.

Sept fois ministres sous François Mitterrand, il fut aussi une grande figure locale, maire de Dunkerque pendant vingt-cinq ans, et occupant bien d’autres postes au point de se voir désigné "champion du cumul des mandats" il y a quelques années par le magazine L’Express, comptabilisant alors 3 mandats et 21 fonctions en même temps, non sans louer une "belle intelligence".

Né à Bailleul (Nord) en 1946, Michel Delebarre suit des études d’histoire et de géographie. Il devra une grande partie de sa carrière à Pierre Mauroy qu’il rencontre quand ce dernier est encore maire de Lille et président du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais. Il en fait son directeur de cabinet à la région (1974-1978) et à la mairie. Michel Delebarre le suit ainsi dans ses fonctions électives et ministérielles et jusqu’à Matignon avant d’être désigné en 1984 ministre du Travail sous le gouvernement de Laurent Fabius. Passant souvent pour "hyperactif", il enchaînera six autres portefeuilles ministériels jusqu'en 1993 : Affaires sociales et de l’emploi (1988), Transports (1988-1989), Équipement (1989-1990). En 1990, il devient le premier ministre de la ville sous Michel Rocard, puis de l’aménagement du territoire et, pour finir, ministre de la Fonction publique (1992-1993).

Elu maire de Dunkerque en 1989, il exerce parallèlement les fonctions de président de la Communauté urbaine de Dunkerque à partir de 1995. Outre de nombreux mandats de député et sénateur (jusqu’en 2017 !), il a aussi présidé l'USH, l'Anru, la Mission opérationnelle transfrontalière, différentes associations d'élus, le conseil régional du Nord-Pas-de-Calais de 1998 à 2001 et le Comité européen des régions de 2006 à 2008. Mais il "restera avant tout dans les mémoires comme le 'maire bâtisseur de Dunkerque'", salue l’association Régions de France. "Il aura su redonner une fierté et un projet aux Dunkerquoises et Dunkerquois dans une ville marquée par les séquelles de la Seconde Guerre mondiale et par les crises industrielles." Les régions voient en lui un "farouche défenseur de la décentralisation dont il a démontré toutes les promesses dans l’exercice de ses mandats locaux". "L’élu de terrain devenait un politique tout terrain, capable de s’emparer des sujets les plus divers par une force de travail herculéenne et une vision pleine de hauteur", a commenté l’Élysée. Le président du comité européen des régions Apostolos Tzitzikostas a réagi sur twitter en rendant hommage à un "vrai Européen engagé pour la proximité et la décentralisation. Un des pères de la coopération transfrontalière".

 

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