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Industrie - Double A : une reprise de l'usine à papier d'Alizay plus compliquée que prévue

A la suite d'une "micronationalisation" temporaire réalisée par le département de l'Eure, Double A a racheté en 2013 l'usine à papier d'Alizay. Mais face à la conjoncture moins bonne que prévu, le groupe thaïlandais a dû placer ses salariés en chômage partiel et reste muet quant à son projet de relancer la production de pâte à papier qui nécessitait la construction d'une plateforme fluviale, en collaboration avec les collectivités, l'Etat et le Grand port maritime de Rouen...

Le projet porté par le groupe thaïlandais Double A va-t-il être revu à la baisse ? Fin août 2016, les 176 salariés de l'usine à papier d'Alizay que détient le groupe depuis 2013, ont été placés en chômage partiel à mi-temps pour six mois, la consommation de papier de bureau étant peu dynamique en France et la concurrence avec le numérique très forte… Le projet de relance d'une activité de production de pâte à papier sur le site, annoncé en 2015, pourrait aussi être remis en question.
Double A a racheté l'usine à papier d'Alizay (Eure) en janvier 2013 pour un investissement de 50 millions d'euros. Le site était initialement détenu par un groupe finlandais, M-Real, qui avait décidé de le fermer et de licencier ses 330 salariés. Une opération inédite avait alors permis au département de l'Eure de jouer les intermédiaires : à travers une "micronationalisation" d'un jour, la collectivité avait pu revendre le site à Double A, qui a repris une activité dès le mois de juin 2013. Le groupe avait aussi racheté en janvier 2013 la centrale de production d'énergie à base de biomasse du site.
Au-delà de la reprise d'activité, le groupe thaïlandais comptait relancer la production de pâte à papier au cours du premier semestre 2015, à partir de bois issu de Thaïlande. Un projet de plateforme portuaire sur la Seine (terminal fluvial Seine-Andelle-Alizay), permettant l'acheminement par voie fluviale à partir du port du Havre, de ce bois, était aussi dans les tuyaux.

Dans l'attente d'une réponse de Double A

Dans l'objectif de créer cette plateforme, le département a cédé en mars 2015 au grand port maritime de Rouen (GPMR) une partie (3,7 hectares) des terrains du site industriel en bordure de Seine qu'il avait conservés. Il a par la suite confirmé en avril 2016 son engagement financier dans le projet de plateforme fluviale, à hauteur de 250.000 euros. Au total, le projet représente un investissement de 4 millions d'euros. Outre le département, il est porté par l'Etat (un million d'euros) et la région (un million), le solde étant financé par le GPMR.
Pour le département, il ne s'agit pas seulement de répondre aux besoins de Double A, mais aussi de favoriser "le désengorgement du port de Rouen et de créer, pour la première fois, une infrastructure sur le territoire de l'Eure afin de le qualifier en matière de logistique fluviale, explique-t-on au département. D'une manière générale, il s'agit de participer au développement économique de l'axe Seine, ce qui constituera à terme des retombées en matière d'emplois". Pour le GPMR, les choses ne sont pas aussi claires. "Nous attendons la décision de Double A quant à la production de pâte à papier", explique-t-on au GPMR. Le volume de bois (des copeaux d'eucalyptus) à transporter correspondait à 900.000 tonnes par an et justifiait l'existence de cette plateforme. Si Double A ne confirme pas son activité de production de pâte, le GPMR pourrait revoir sa décision. Mais pour le moment, le groupe thaïlandais, contacté par Localtis, reste silencieux. Les 250.000 euros du département restent en revanche bien sur la table…

 

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