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Élections des 20 et 27 juin : mairies cherchent assesseurs à tout prix

Un peu partout en France, les communes, chargées d'organiser sur le terrain les élections régionales et départementales des 20 et 27 juin, s'activent parfois avec ingéniosité pour éviter la pénurie d'assesseurs, indispensables rouages des bureaux de vote.

À deux semaines du premier tour, nombre de mairies s'inquiètent de manquer d'assesseurs, chargés notamment de faire signer les électeurs sur la liste d'émargement et d'estampiller la carte électorale. En cause, la pandémie, le beau temps… et le double scrutin. "Le fond du problème, c'est le double scrutin : il faut deux urnes par bureau et donc deux fois plus d'assesseurs", explique Delphine Jamet, adjointe au maire de Bordeaux, où "il manque entre 80 et 100 assesseurs pour le premier tour". "160 assesseurs, ça ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval", s'exclame de même Gatienne Doat, conseillère municipale de Périgueux. Heureusement, l'État a permis qu'un seul président et un seul secrétaire surveillent les deux scrutins organisés dans une même salle de vote. "À Rennes, 74 bureaux de vote ont été mutualisés (sur 216). Cela a permis de réduire le nombre de personnes à recruter", explique la mairie.
Autre difficulté : "des personnes âgées avec comorbidités, qui ne souhaitent pas s'exposer sur une journée entière", note l'adjointe bordelaise. Pour rassurer et motiver les volontaires, les assesseurs peuvent se faire vacciner en priorité grâce à "des attestations de priorité vaccinale" délivrées par les mairies, explique la ville de Rennes. Afin de garantir une protection maximale au personnel des bureaux de vote, "sens de circulation, masques, gants, visières et surtout parois de protection en plexiglas seront installés", liste la municipalité.

Pour limiter le nombre des déplacements d'électeurs jusqu'aux urnes, chaque électeur pourra disposer de deux procurations et le dispositif MaProcuration.gouv.fr permettra d'effectuer la démarche "de façon presque totalement dématérialisée", avait annoncé le Premier ministre à la mi-avril.
Pour créer des vocations, Périgueux a lancé fin avril une campagne de communication "humoristique et un peu décalée". Des affiches, représentant des scènes de vie supposées ordinaires du dimanche, avec la question : "Franchement vous ne seriez pas mieux à tenir un bureau de vote ?" "Grâce à cette campagne, nous avons aujourd'hui 90 inscriptions", assure la conseillère municipale Gatienne Doat.
Dans plusieurs grandes villes, il est possible de candidater en ligne pour devenir assesseur, comme à Rouen qui promet "un cadeau de remerciement" pour chaque assesseur participant. "Cela peut être des places de musée, de cinéma ou une nouveauté : des bons d'achat chez les commerçants du coin", explique Paul Ble, agent administratif au service des élections, qui précise que des "plateaux-repas" leur seront livrés à midi. Dans les Côtes-d'Armor, la mairie de Paimpol (7.200 habitants) a trouvé ses assesseurs, non sans difficultés, d'autant que le deuxième tour électoral va coïncider avec le passage du Tour de France. À la mairie de Perpignan, qui doit mobiliser 676 personnes en tout, la majorité municipale s'est résolue à indemniser les présidents et secrétaires de bureaux, 300 euros par tour de scrutin. Le code électoral interdit en revanche de rémunérer les assesseurs.

On rappellera que le "recrutement" des assesseurs se fait d'abord via les candidats : chaque candidat, binôme de candidats ou liste peut désigner un assesseur parmi les électeurs du département. C'est ensuite que des assesseurs supplémentaires peuvent être désignés par le maire parmi les conseillers municipaux dans l'ordre du tableau puis, le cas échéant, parmi les électeurs de la commune. Enfin, le code prévoit aussi le cas où moins de deux assesseurs se présenteraient à l'ouverture du bureau. "Les assesseurs manquants sont pris parmi les électeurs présents sachant lire et écrire le français, selon l'ordre de priorité suivant : l'électeur le plus jeune, puis l'électeur le plus âgé", pointe l'article 44, modifié pendant la crise sanitaire pour protéger les aînés en inversant l'ordre de priorité.