Élections sénatoriales : continuité et dissidences

Une profusion de candidats, des dissidences à gauche comme à droite et 119 candidats sortants sur 170 sièges à pourvoir : les candidatures aux élections sénatoriales du 24 septembre, enregistrées vendredi 8 septembre, dessinent les contours d'un scrutin indirect sans inquiétude pour la droite majoritaire au Sénat.

  • Plus de 1.800 candidats

En attendant d'ultimes données en outre-mer, les services du Sénat avaient comptabilisé samedi 9 septembre 2023 1.819 prétendants à la chambre haute, renouvelée de moitié le 24 septembre comme tous les trois ans, soit 170 des 348 sièges. Un chiffre qui s'approche du record de 2017 (1.996 candidats pour 171 sièges), lorsque la République en marche d'Emmanuel Macron, tout juste arrivée au pouvoir, avait présenté des candidats dans toute la France malgré son manque de présence dans les communes dont sont issus l'essentiel des 79.000 grands électeurs appelés aux urnes.

Deux modes de scrutin cohabitent : dans les départements où sont élus un ou deux sénateurs, l'élection a lieu au scrutin majoritaire à deux tours (un tour le matin, l'autre l'après-midi) ; dans les autres départements, elle a lieu au scrutin proportionnel de liste à un tour.

  • Sortants et nouveaux visages

Dans cette "chambre des territoires" où demeure le traditionnel clivage gauche-droite, la continuité est de mise : si une quarantaine de sortants ont choisi de laisser la main, sept sénateurs sur dix briguent un nouveau mandat de six ans, la plupart en position éligible. C'est le cas dans les Yvelines du président du Sénat, Gérard Larcher, pour Les Républicains (LR), groupe qui devrait confirmer sa domination sur le Sénat avec ses alliés de l'Union centriste, toujours bien implantés localement.

Trois autres présidents de groupe parlementaire veulent rempiler : le socialiste Patrick Kanner dans le Nord, l'écologiste Guillaume Gontard en Isère et le centriste Hervé Marseille dans les Hauts-de-Seine. À 84 ans, le doyen du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe (groupe Union centriste), vise un quatrième mandat d'affilée dans le Pas-de-Calais.

Plusieurs visages politiques figurent parmi les prétendants. Le candidat écologiste à la dernière élection présidentielle et député européen Yannick Jadot sera probablement élu à Paris, comme la secrétaire d'État à la Citoyenneté Sonia Backès en Nouvelle-Calédonie, même si celle-ci laissera son siège à son suppléant.

  • Dissidences

À tous les coins de l'Hexagone et de l'échiquier politique, les listes officielles des partis font face à des candidats dissidents qui risquent d'éparpiller les voix. Le socle socialiste-communiste-écologiste, qui compte plus de 90 représentants dans la chambre haute, part uni dans une quinzaine de départements comme Paris ou l'Isère. Il s'écharpe toutefois dans d'autres territoires, comme dans le Pas-de-Calais ou le Morbihan. La droite n'est pas épargnée : à Paris, deux listes LR concurrencent celle de la sortante Catherine Dumas, face à une liste d'union à gauche qui peut rafler de nombreux sièges. Même la majorité présidentielle (Renaissance, Modem, Horizons), minoritaire et dispersée dans l'hémicycle, s'éparpille dans plusieurs départements, comme les Yvelines.

Le Nord et ses 16 listes pour 11 sièges à pourvoir symbolise cette tendance nationale à la dissidence. On y compte quatre listes proches de la majorité sénatoriale de droite et du centre, cinq listes à gauche dont deux socialistes qui s'opposent, deux listes proches du parti d'Édouard Philippe et une liste Renaissance.

"Les élus locaux reflètent un électorat traditionnellement centriste qui a du mal avec la polarisation des Républicains ou l'alliance de la Nupes. Or les directions nationales des partis ont intérêt à se polariser pour des raisons stratégiques. Cette situation crée des tensions, des dissidences", décrit le constitutionnaliste Benjamin Morel. "Et quand vous partez divisés, vous partez avec un boulet au pied."

  • RN et Insoumis omniprésents

Cet éparpillement peut-il profiter au Rassemblement national ? "Le RN est sous-représenté chez les élus locaux, mais l'émergence de députés RN localement relativement acceptés peut lui faire obtenir un corps électoral suffisant pour remporter quelques sièges", reprend Benjamin Morel. Le parti aura en revanche beaucoup de mal à constituer un groupe parlementaire (10 sénateurs), même s'il tente sa chance partout en France, à l'exception de Paris et quelques départements.

La France insoumise, absente du Sénat, avance avec la même stratégie et a déposé une liste dans tous les départements métropolitains concernés par le scrutin, faute d'accord avec les autres forces de gauche. Mais les Insoumis, très peu implantés localement, ont peu de chances de faire élire le moindre sénateur le 24.

 

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