Emploi - Emplois d'avenir : la Seine-Saint-Denis passe de cancre à élève moyen
Michel Sapin, ministre du Travail, s'est rendu le 24 juin 2013 à Aubervilliers à la rencontre de jeunes pour promouvoir le dispositif des emplois d'avenir. L'occasion pour le département de Seine-Saint-Denis, qui avait été l'objet de critiques concernant le lent démarrage de ces emplois, de montrer les efforts réalisés. "La Seine-Saint-Denis est maintenant largement bien placée, y compris au sein de la région Ile-de-France ; nous en sommes à 300 à 350 emplois d'avenir signés et le dispositif monte en puissance", a ainsi souligné Stéphane Troussel, président du conseil général de Seine-Saint-Denis. Mais le département n'est est encore qu'à un taux de réalisation d'environ 12% sur l'objectif de 2.736 emplois qui lui a été assigné pour 2013. L'élu a tenu à signaler les difficultés rencontrées. Parmi elles : le temps nécessaire pour préparer les jeunes, qui sont non qualifiés, la fragilité, notamment financière, des collectivités territoriales et des missions locales.
Par ailleurs, Stéphane Troussel a insisté sur le fait qu'il ne fallait pas rendre le département seul responsable de ces jeunes. "Les grands opérateurs comme la SNCF, EDF, la RATP, peuvent aussi agir, a-t-il souligné. Il faudrait peut-être leur fixer des objectifs en la matière." Enfin, le président du conseil général estime qu'il faut être prudent sur l'utilisation du dispositif par le secteur marchand. "Concernant la possibilité d'élargir le dispositif au secteur marchand, il faut veiller à ce que cela se fasse dans de bonnes conditions pour les associations notamment ; il y a de fortes réticences à s'engager car elles n'ont pas de visibilité sur leurs moyens." Sur ce point, le ministre a en effet précisé que, comme à Marseille, les emplois d'avenir sont maintenant ouverts largement au secteur marchand sur la région parisienne, et le seront au fur et à mesure sur toute la France. Mais en contrepartie, les entreprises devront assurer l'accompagnement des jeunes.
Ouverture large des emplois d'avenir au secteur marchand
"Nous ouvrons les emplois d'avenir à tout secteur marchand en région parisienne et partout ailleurs mais nous serons très exigeant sur les contreparties des entreprises en termes de qualification et de formation", explique Michel Sapin à Localtis, sachant que "la priorité est toujours donnée aux emplois non marchands et que la cible des jeunes non qualifiés ne change pas", précise le cabinet du ministre.
Jusqu'à présent, ces emplois étaient principalement ciblés sur le secteur non-marchand. Seuls quelques secteurs prioritaires marchands pouvaient en bénéficier, avec un taux de subvention de 35% contre 75% pour le secteur non-marchand. Un premier élargissement avait été demandé aux préfets pour ouvrir davantage au secteur marchand et une ouverture à tout le secteur marchand avait été décidée à Marseille. Cette fois-ci, l'extension au secteur marchand dans sa totalité se généralise. Concernant les dérogations pour les jeunes diplômés, envisageables dans les zones urbaines sensibles (ZUS), le ministre du Travail a estimé que le département de Seine-Saint-Denis avait encore de la marge de manoeuvre. "Vous avez encore des possibilités pour les emplois plus qualifiés, on s'était fixé un objectif de 10%, on en est à 2%."
Pour le président du conseil général, le rythme des signatures des emplois d'avenir devrait encore augmenter "dans les semaines et dans les mois qui viennent". Ainsi à Bondy, qui compte 54.000 habitants, une bonne cinquantaine d'emplois d'avenir ont été signés. D'après la maire de Bondy, Sylvine Thomassin, c'est le travail d'anticipation du dispositif qui a payé. "Il y a eu un travail sur les profils des jeunes qui pourraient être utiles à la collectivité, et on s'est appuyé sur les métiers nouveaux dans un esprit de contrat de génération, les plus âgés proches du départ à la retraite formant les plus jeunes", signale ainsi à Localtis la maire de Bondy. Une douzaine de contrats devraient encore être signés en septembre, et encore 15 à 18 en 2014.
Concernant l'utilisation des emplois d'avenir par les grands comptes, le travail des missions locales est, d'après l'élue, primordial. "Dans les missions locales qui avaient l'habitude de travailler avec les grands comptes, on a tout de suite transformé l'essai", précise Sylvine Thomassin.
A l'heure actuelle, 30.000 emplois d'avenir ont été signés dans toute la France. Il en faut encore 70.000 de plus d'ici la fin de l'année 2013 pour remplir les objectifs fixés.
Emilie Zapalski
Le projet de loi formation va englober les mesures de décentralisation relatives à la formation et à l'apprentissage
Les mesures relatives à la formation professionnelle qui devaient initialement être intégrées dans la réforme de la décentralisation trouveront finalement leur place dans le futur projet de loi sur la formation professionnelle qui doit voir le jour d'ici la fin de l'année 2013. C'est ce qu'a précisé Michel Sapin, ministre du Travail, à Localtis, à l'occasion de sa visite le 24 juin 2013 à Aubervilliers sur le thème des emplois d'avenir. De nouveaux transferts de compétences sont prévus au profit des régions en matière de formation des personnes handicapées, des détenus, des "domiens" et des Français de l'étranger. Les régions seront aussi amenées à coordonner les achats publics de formation pour leur compte et pour le compte de Pôle emploi. Elles pourront aussi habiliter des organismes pour la mise en œuvre d'actions de formation en direction de publics en difficulté, dans le cadre d'un service d'intérêt économique général (SIEG) de la formation. Les mesures prévues par le gouvernement en matière de réforme de la taxe d'apprentissage seront également intégrées dans le projet de loi formation.