Emploi - Emplois d'avenir : Michel Sapin promet un "saut considérable" à la rentrée
La montée en puissance des emplois d'avenir est lente mais la cible (les jeunes sans emploi et peu qualifiés) est bien respectée. C'est en substance l'argument utilisé par le gouvernement pour justifier le démarrage en douceur des emplois d'avenir. A fin mai 2013, 25.000 contrats avaient été signés, encore bien loin de l'objectif de 100.000 d'ici fin 2013. Des résultats décevants qui ont récemment conduit à une passe d'armes entre le gouvernement et le président du conseil général de Seine-Saint-Denis.
Pour Michel Sapin, interviewé par l'AEF le 12 juin, "la montée des signatures est progressive, mais c'est normal". Le ministre du Travail s'attend même à une "forte montée en puissance du dispositif" fin août, en septembre et en octobre. Un "saut considérable à la rentrée", qui devrait permettre, selon lui, d'atteindre l'objectif fixé pour 2013.
D'après le ministère, ces recrutements sont en progression constante et vont s'intensifier du fait de la saisonnalité de certains recrutements (sport, loisirs, recrutements par les collectivités pour les personnes n'appartenant pas à l'Education nationale mais travaillant dans les collèges et lycées, etc.).
"Ne pas dénaturer le dispositif"
Côté profil des bénéficiaires, la cible semble en revanche être atteinte. Près de 90% des jeunes embauchés ne sont pas titulaires du baccalauréat, indique le ministère. Mais seulement 15% d'entre eux résident en zone urbaine sensible (ZUS) et près de 15% en zone de revitalisation rurale (ZRR), alors qu'elles étaient prioritaires. Concernant les ZUS, une convention passée avec le ministère délégué à la Ville prévoit de doubler cette proportion d'ici à deux ans.
S'agissant des contrats signés, 53% sont des CDD de trois ans, 28,6% de ces contrats sont des CDD de un à deux ans et 7,1% sont des CDI.
Alors que de nombreuses voix ont demandé un élargissement du dispositif, le ministre reste sur sa ligne. "Il existe une cible qu'il ne faut jamais perdre de vue", a-t-il déclaré. Selon lui, "l'objectif n'est pas de remplir à tout prix ces 100.000 emplois d'ici la fin de l'année", mais bien de cibler les jeunes sans emploi qui ont une très faible qualification. "Il faut veiller à ne pas dénaturer le dispositif", insiste-t-il.
Cependant, le recours au privé a été facilité. Actuellement, le secteur marchand peut faire appel aux emplois d'avenir mais dans des conditions strictes définies par la loi. Les employeurs doivent appartenir à des secteurs identifiés comme prioritaires par le préfet de région (comme le développement durable, l'environnement ou l'aide à domicile). Et ils ne sont aidés qu'à hauteur de 35%, contre 75% pour le secteur non marchand. "Nous avons constaté que ce périmètre était un peu étroit, et donc, le président de la République a demandé que les préfets l'étendent un peu plus. Cela a été fait", précise Michel Sapin dans son entretien à AEF. Les préfets ont pris des arrêtés modificatifs pour élargir les secteurs d'activités éligibles pour permettre à un plus grand nombre d'employeurs de s'engager et de recruter des jeunes. Par ailleurs, à Marseille, présentée comme une sorte de laboratoire des dispositifs pour les jeunes en raison du taux de chômage élevé, les emplois d'avenir ont été étendus à toutes les entreprises, quel que soit leur secteur d'activité.
Enfin, des discussions sont en cours entre le ministère du Travail et des branches professionnelles ou des grands groupes pour développer les emplois d'avenir dans le secteur marchand. Une convention-cadre a ainsi été signée avec la fédération française des entreprises de crèches (FFEC), qui vont recruter 150 jeunes par an. Le Synerpa, Syndicat national des établissements et résidences privées pour personnes âgées, a également signé avec le ministère de la Santé pour le recrutement de 1.000 jeunes par ses adhérents. Le groupe Vinci s'apprête quant à lui à s'engager à recruter 300 jeunes.