En période de confinement, le gouvernement cherche à prévenir les violences intrafamiliales

Plusieurs mesures ont été prises par les ministères concernés par les violences conjugales comme les violences envers les enfants. Les numéros d'écoute existants restent opérationnels. Le ministre de l'Intérieur a en outre annoncé que "les victimes de violences intra-familiales pourront se rendre dans la pharmacie la plus proche de leur domicile, où elles seront accueillies et où l’alerte sera immédiatement donnée auprès des forces de l’ordre".

Après bien sûr les aspect sanitaires de l'épidémie de covid-19, la question des conséquences psychologiques et sociales du confinement devient de plus en plus prégnante. L'inquiétude porte notamment sur une possible – sinon probable – recrudescence des violences intrafamiliales, que celles-ci s'exercent envers le conjoint ou envers les enfants. Il ne s'agit d'ailleurs pas que d'une simple inquiétude puisque, selon Christophe Castaner, interrogé sur France 2 le 26 mars, ces violences ont augmenté de 32% en une semaine en zone gendarmerie et de 36% dans la zone de la préfecture de police de Paris. Le gouvernement entend dont réagir vite. Un communiqué du 25 mars, recensant les actions de plusieurs ministères fait le point sur la question.

Justice et forces de l'ordre toujours mobilisées

Nicole Belloubet, la ministre de la Justice, rappelle ainsi "que les audiences de comparutions immédiates doivent être maintenues afin de permettre la répression sans délai des conjoints violents". De même, les juges aux affaires familiales (JAF) "continueront à assurer le prononcé des ordonnances de protection, afin de garantir aux victimes une protection rapide et efficace". Et malgré le confinement, l'éviction du conjoint violent doit demeurer la règle.

Du côté d'Adrien Taquet, le secrétaire d'Etat en charge de la Protection de l'enfance, on rappelle que le maintien de permanences dans les tribunaux pour enfants permet de prendre les mesures utiles de protection pour les mineurs exposés à une situation de danger. Et les magistrats sont toujours à même de rendre, en cas d'urgence, des ordonnances de placement provisoire. De même, les audiences de comparution immédiate ou les présentations devant le juge d'instruction qui s'imposent se tiendront. En outre, "l'accueil de ces enfants est assuré par les professionnels de la protection de l'enfance, dont la mobilisation doit être saluée en ce temps de crise sanitaire inédite".

Pour sa part, le ministre de l'Intérieur "a demandé aux forces de l'ordre de rester pleinement mobilisées dans leur combat contre les violences intrafamiliales". Christophe Castaner rappelle aussi qu'en cas de danger grave et immédiat, avec nécessité d'une intervention sur place, tous les numéros d'urgence restent opérationnels. C'est le cas des services de police ou de gendarmerie (17 ou 112), des pompiers (18 ou 112) ou du Samu (15).

Les services spécialisés restent opérationnels, un nouveau dispositif avec les pharmaciens

Tous les numéros d'écoute spécialisés restent, eux aussi, opérationnels durant la période de confinement. C'est le cas, bien sûr, du 119, le numéro national pour l'enfance en danger, toujours joignable 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Le ministère des Solidarités et de la Santé doit d'ailleurs relancer dès cette semaine une campagne de sensibilisation sur la question des violences faites aux enfants, afin notamment de faire mieux connaitre le 119. Le communiqué des ministres donne également les numéros d'appel d'associations spécialisées comme La Voix de l'enfant ou L'Enfant bleu.

C'est aussi le cas pour le 3919, le numéro d'écoute national pour les femmes victimes de violences, qui reste opérationnel. Une écoute à distance a en effet été mise en place dès le 22 mars, grâce à la livraison de téléphones portables au domicile des écoutantes, confinées chez elles. Le service est ainsi assuré du lundi au samedi de 9h à 19h.

Enfin, Christophe Castaner a également annoncé le 26 mars que les victimes de violences conjugales pourront désormais se signaler auprès de leur pharmacien, qui se chargera d'alerter les forces de l'ordre. Ce dispositif permettra aux femmes concernées d'échapper à la présence du conjoint, qui rend impossible tout appel à un service de secours au domicile.

Ce 27 mars, le ministre de l'Intérieur et la présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, Carine Wolf-Thal, ont effectivement fait part de ce dispositif mis sur pied de concert. "Les victimes de violences intra-familiales pourront se rendre dans la pharmacie la plus proche de leur domicile, où elles seront accueillies et où l’alerte sera immédiatement donnée auprès des forces de l’ordre", avec pour consigne pour celles-ci "d’intervenir en urgence pour les appels provenant des pharmacies", détaillent-ils dans un communiqué commun. "Chaque victime qui souhaite avoir recours à ce dispositif peut prétendre sortir de son domicile pour aller faire des courses et remplir l’attestation en cochant la case correspondante. Toutefois, il ne sera jamais reproché à une victime de violences intra-familiales parvenant à quitter son foyer de s’être échappée sans attestation", est-il précisé. On saura enfin qu'une signalétique "est en train d’être mise au point que tous les pharmaciens pourront apposer sur la porte de leur officine pour prévenir de l’existence de ce dispositif".

 

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