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Transports - En route pour le "Grand Paris Express"

L'Etat et la région Ile-de-France ont présenté ce 26 janvier un "accord historique" sur l'avenir des transports franciliens. 32,4 milliards d'euros seront mobilisés d'ici à 2025 pour moderniser les réseaux actuels et réaliser un métro automatique autour de Paris qui reprendra les éléments communs des projets Arc Express et du Grand Paris.

Cela devait finir par arriver : à moins d'une semaine de la clôture des débats publics sur les projets de transport Arc Express et de "double boucle" de métro automatique autour de Paris, l'Etat et la région Ile-de-France sont parvenus à s'entendre sur "un projet commun d'évolution des modes de transport collectif en Ile-de-France" baptisé "Grand Paris Express". Cet accord qualifié d"historique" par ses protagonistes a été annoncé conjointement ce 26 janvier par Maurice Leroy, ministre de la Ville chargé du Grand Paris et Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France et du Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif), en présence de la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, de nombreux élus - les huit présidents des conseils généraux d'Ile-de-France, l'Association des maires d'Ile-de-France, des représentants de Paris Métropole -, des dirigeants des entreprises de transport (SNCF, RATP, RFF) et des architectes de l'Atelier international du Grand Paris. "Cet accord résulte d'un travail réciproque difficile, a reconnu Maurice Leroy. Mais le projet bénéficie d'un véritable élan populaire à travers les deux débats publics qui s'achèvent et qui ont mobilisé plus de 20.000 participants et donné lieu à 200 cahiers d'acteurs." "Les milliers de Franciliens qui ont participé aux débats publics nous ont adressé deux messages : il faut donner la priorité à l'amélioration du réseau existant et il faut que la région et l'Etat s'accordent sur un projet commun de transports. J'ai considéré qu'il était de ma responsabilité de les entendre  et de travailler au rapprochement des deux projets", a déclaré, pour sa part, Jean-Paul Huchon.
Le protocole Etat-région prévoit la mobilisation d'ici à 2025 de 32,4 milliards d'euros pour moderniser les réseaux de transports actuels, en particulier les RER (11,9 milliards d'euros), et réaliser un métro automatique autour de Paris, dont le coût est estimé à 20,5 milliards d'euros, hors matériel roulant. Celui-ci reprendra  les éléments communs des projets Arc Express et du Grand Paris, en prévoyant deux arcs à l'Est, comme souhaité par le Val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis.
L'un de ces arcs, éloigné de Paris, tracé par la Société du Grand Paris (SGP, Etat), desservira Clichy-Montfermeil, l'autre desservira l'est parisien depuis Saint-Denis-Pleyel ou Le Bourget jusqu'à Champigny (Val-de-Marne), selon un tracé restant à définir. La Datar a été chargée de la question et devra remettre un rapport d'ici le 30 mars prochain.

Seul désaccord : la desserte du plateau de Saclay

Le futur réseau s'appuiera en partie sur l'actuelle ligne 14 de métro qui sera prolongée au sud jusqu'à Orly et au nord jusqu'à Saint-Denis-Pleyel, en reprenant le tracé issu de la concertation menée par le Stif. Le prolongement au nord de la ligne 14 doit permettre de désaturer la ligne 13.
Une autre ligne desservira Roissy depuis Saint-Denis-Pleyel. La contribution régionale a abouti à "une desserte plus fine des territoires" par rapport à ce que prévoyait l'Etat, a estimé Jean-Paul Huchon. Autre avancée selon lui : "le nombre de gares a été largement amélioré, on en a ajouté sept", alors qu'au départ Arc Express prévoyait une cinquantaine de stations pour 70 km de parcours et la SGP une quarantaine de gares pour 155 km. Largement insuffisant, ont estimé Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé, respectivement présidente du groupe Europe Ecologie Les Verts et vice-président chargé des transports à la région pour qui "la desserte fine du territoire prônée par le projet de la Région ne sera pas réalisée".
L'accord "acte" par ailleurs un "désaccord" Etat-région à propos du plateau de Saclay, l'Etat prônant "un métro automatique opérationnel dès 2020" pour la desserte du futur pôle de développement technologique, tandis que la région est pour un bus à haut niveau de service sur le plateau pouvant évoluer vers un tramway.
Selon Nathalie Kosciusko-Morizet, les Franciliens vont voir rapidement "des améliorations très concrètes" (prolongement à l'ouest du RER E, amélioration des RER C et D, poursuite des projets de tramways et de transports en site propre), grâce à une convention portant les engagements de l'Etat à 1,084 milliard entre 2010 et 2013. Pour le reste du financement, Maurice Leroy et Jean-Paul Huchon se sont montrés rassurants. Pour le fonctionnement du réseau, dont le coût annuel pourrait augmenter de "plus d'1 milliard d'euros à horizon 2020", "il y a un engagement clair du gouvernement" à augmenter le "versement transport" payé par les entreprises, a affirmé le ministre chargé du Grand Paris.

Vers un partage de la maîtrise d'ouvrage

Pour l'investissement, outre les ressources fiscales déjà votées (7 milliards d'euros), la dotation de l'Etat à la SGP (4 milliards d'euros), ses emprunts (7 milliards d'euros), les participations de la région, des départements et de l'Etat (9 milliards d'euros), Jean-Paul  Huchon compte notamment sur des avances de la SGP et une réorientation de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) Grenelle. Il s'est montré satisfait du plafonnement de la future redevance payée par le Stif à la SGP. Il a aussi défendu le rôle du Stif "grand oublié de la loi Grand Paris" qui devra "être associé aux choix techniques du nouveau métro" et "assurer la maîtrise d'ouvrage d'une partie des projets, à commencer par le prolongement de la ligne 14 dès cette année et ensuite l'arc sud de la rocade dont les études sont les plus avancées". Autre avancée selon lui : l'engagement du gouvernement à valider le Schéma directeur de la région (Sdrif) voté par les élus régionaux en 2008. Mais pour le Sdrif comme pour les autres mesures prévues dans l'accord (réorientation de la TIPP Grenelle, partage de la maîtrise d'ouvrage en faveur du Stif, utilisation du versement transport versé par les entreprises), des dispositions législatives seront nécessaires. "Nous ne sommes pas au bout de nos efforts", a prévenu Jean-Paul Huchon.

 

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