Quels sont les enjeux des mobilités douces et durables en France ?

Et si l’avenir de la mobilité était plus durable, plus vert ? Et si, on parvenait à faire diminuer les émissions liées à nos déplacements ? Aujourd’hui, le secteur du transport est le deuxième émetteur de gaz à effet de serre sur la planète.

20% des émissions mondiales sont directement liées aux déplacements que nous effectuons. En France, ce chiffre s’élève à 30%. À l’heure où l’urgence climatique nous pousse à prendre des mesures, repenser la mobilité est une priorité. C’est ainsi que nous parlons désormais de mobilité douce et durable.

Bien qu’elles soient intrinsèquement liées, ces deux notions présentent quelques différences sur le fond.

Différence entre la mobilité douce et la mobilité durable 

S’il est évident que la mobilité, qu’elle soit qualifiée de douce ou durable, contribue à un objectif global visant à réduire les impacts des activités humaines sur la planète, il est important de souligner que ces deux concepts n’ont pas les mêmes sens, et donc ne traitent pas des mêmes enjeux. 

Le concept de mobilité douce a émergé en réponse aux défis combinés de l'écologie et des transports en commun. Il englobe tous les déplacements non motorisés tels que le vélo, la marche, la trottinette et les modes de transport respectueux de l'environnement. 

Parler de mobilité douce implique la mise en place d’un nouvel aménagement du territoire. Par exemple, la mobilité douce inclut des initiatives telles que l’expansion des pistes cyclables, ou encore l’installation de bornes de recharge pour les véhicules électriques. 

La mobilité durable, également appelée éco-mobilité, peut être considérée comme une sous-branche du développement durable. Elle conjugue les enjeux environnementaux et les problématiques du développement durable dans le sens où elle s’applique aussi bien aux modes de transports qu’à leur conception, leur mise en place et leur utilisation

La mobilité durable s’inscrit dans un temps plus long avec divers enjeux à prendre en compte pour garantir sa réussite. Son approche vise à résoudre les problèmes actuels liés aux déplacements, tout en évitant d’altérer les besoins des générations futures.

Les différents modes de mobilité durable et douce 

Les mobilités douces et durables, axées sur des alternatives respectueuses de l'environnement, offrent des solutions telles que la marche, le vélo, les transports en commun, les voitures électriques, etc. Ces modes de déplacement sont cruciaux pour réduire notre empreinte carbone, favoriser une vie urbaine plus saine et construire des villes plus durables. 

La marche et le vélo

Selon l’INSEE, le recours à la marche est spécifique aux très petites distances : elle est 4 fois plus fréquente pour parcourir des distances inférieures à 2 km que pour des distances comprises entre 2 et 5 km. 

Accompagner la décarbonation des mobilités

La Banque des Territoires finance la création d’un service de vélopartage électrique à Troyes.

Le vélo est lui aussi favorisé pour les déplacements courts. Si plus de 700 000 personnes en France utilisent un vélo pour se rendre sur leur lieu de travail, ce mode de déplacement reste marginal comparé à l’usage de la voiture et ne représente que 5% des trajets. 

Les transports en commun

En dehors de l’Île-de-France avec ses 9,2 millions de voyageurs journaliers, les transports en commun souffrent d’une image ternie, surtout liée à un manque d’offre, de sécurité et un prix considéré comme élevé(1). De fait, ils sont encore utilisés par une minorité de Français au quotidien, soit 29% (en Ile-de-France ce chiffre s’élève à 53%). 

Pourtant, les transports en commun représentent un levier avec un fort potentiel pour la transition vers une mobilité décarbonée

Le covoiturage

Le covoiturage et l’autopartage sont deux solutions de mobilité clés pour la mobilité durable. Aujourd’hui, un peu plus de 100 millions de déplacements quotidiens sont effectués en voiture, parmi lesquels au moins 900 000 le sont en covoiturage. 

En améliorant le recours au covoiturage, 4,5 millions de tonnes de CO² peuvent être économisées chaque année. 

Les voitures électriques 

Selon l’AVERE, l’association des professionnels de la mobilité électrique, plus de 1,5 millions de véhicules électriques ou hybrides sont actuellement en circulation en France.

À l’usage, ces véhicules ont un impact carbone 2 à 3 fois inférieur comparé à celui des voitures thermiques et sont donc un levier essentiel de la mobilité durable. À partir de 2035, la vente des véhicules thermiques sera interdite au sein de l’Union Européenne, ouvrant la voie à une augmentation progressive du nombre de véhicules électriques en circulation.   

Les nouvelles formes de mobilité douce (trottinettes électriques, gyropodes, etc)

Ce sont les nouveaux alliés de la mobilité douce : trottinette électrique, gyropode, monoroue, etc. Les engins de déplacement personnel motorisés (EDPM) représentent une véritable alternative pour une mobilité décarbonée. 

Selon les chiffres de la FPMM(2) , ces nouveaux engins modifient les comportements des usagers : un utilisateur sur dix s’est séparé de son véhicule motorisé en 2022. 


Les forfaits de mobilité durable 

Le forfait de mobilité durable domicile-lieu de travail 

Entré en vigueur en mai 2020, le forfait mobilité durable remplace l’ancienne indemnité kilométrique. Il vise à encourager le recours à des modes de transports alternatifs et durables comme les transports en commun, le vélo ou encore le covoiturage pour les trajets domicile-lieu de travail. 

Pour les salariés du privé, le montant du forfait mobilité versé par l’employeur peut s’élever jusqu’à 800€ par an, et jusqu’à 300€ par an pour les agents publics. 

 

Les dispositifs légaux et réglementaires 

Les versements liés aux véhicules électriques rechargeables

Pour inciter les Français à basculer vers des modes de mobilités durables, des aides nationales et locales mises en place par l’État sont disponibles.

  • Prime à la conversion des véhicules : aide à l’acquisition d’un véhicule peu polluant neuf ou d’occasion en échange de la mise au rebut d’un véhicule Crit’Air 3 ou plus ancien : le montant maximal est de 6 000€ pour une voiture particulière. 
  • Le bonus écologique : aide tous les particuliers et professionnels en France qui souhaitent louer ou acheter un véhicule électrique/ hydrogène neuf ou d’occasion Le montant atteint jusqu’à 7 000€ pour une voiture particulière neuve, et 1 000€ pour un véhicule d’occasion 

De nombreuses collectivités proposent en complément différentes aides pour l’achat de véhicules électriques, mais aussi pour l’installation d’infrastructures de recharge. 

L’indemnité kilométrique vélo

L’indemnité kilométrique vélo (IKV) a été remplacée par le forfait mobilité durable. Il s’agit de la prise en charge par l’employeur de toute ou partie des frais de déplacement pour les trajets domicile-lieu de travail en vélo. 

 

Les initiatives et actions en faveur de la mobilité durable

Les initiatives des collectivités locales

A l’échelle des collectivités, de nombreuses initiatives sont prises pour favoriser la mobilité durable

À Montpellier, l’accent est mis sur l’accessibilité aux bornes de recharges pour véhicules électriques. Fin 2023, la Métropole a en effet implanté 66 bornes, avec 150 points de recharges. Début 2024 de nouveaux points de recharges seront installés pour les voitures électriques, mais également pour les vélos à assistance électrique. 

Montpellier est également la plus grande agglomération européenne à avoir rendu ses transports en commun gratuits le 21 décembre 2023. 

À Lyon, un nouveau service public d’autopartage devrait voir le jour d’ici 2030. La Métropole a en effet annoncé fin 2023 son projet en faveur de la mobilité durable. Le principe : déployer entre 3 400 et 3 600 véhicules dans l’agglomération d’ici 2030. 

Les initiatives des entreprises publiques locales 

Les Entreprises Publiques Locales jouent un rôle clé dans la mobilité à l’échelle des territoires. Pour répondre aux enjeux de transition énergétique, des initiatives sont prises par ces EPL, auxquelles la Banque des Territoires apporte son soutien à travers des financements

Montpellier Méditerranée Métropole(3) (3M) a mis en circulation, en 2020, 15 bus à l’éthanol fonctionnant avec du marc de raisin !

Mulhouse Alsace Agglomération(4) a développé un Maas (Mobility as a Service) en partenariat avec Solea, l’opérateur de réseau de transport en commun du territoire. Il propose différents services de mobilité, et permet de s’informer en temps réel sur chacun d’entre eux (horaires de passages, nombre de vélos en stationnement, voitures en libre-service disponibles, etc), favorisant ainsi une mobilité plus durable sur tout le territoire. 

Les actions des entreprises 

Il est possible que les entreprises décident de mettre en place des actions pour favoriser la mobilité durable. 
Plusieurs entreprises ont par exemple choisi de mettre à la disposition de leurs salariés des flottes de vélos électriques de fonction. C’est le cas notamment du Crédit Agricole, d’Afflelou, de Véolia ou encore de Saint-Gobain. 

Dans le cadre de sa démarche RSE, Harmonie Mutuelle a mis en place un Plan de déplacements d’entreprises à Rennes pour réduire l’empreinte carbone du groupe. En octobre 2020, Harmonie Mutuelle a expérimenté avec trois autres entreprises, à un programme d’encouragement à l’utilisation des mobilités bas carbone. L’utilisation de vélo, trottinette ou tout autre mobilité douce était récompensée par des points à utiliser sur une plateforme professionnelle. 

La Banque des Territoires accompagne les entreprises qui souhaitent mettre en place des initiatives de mobilité décarbonée.

Les campagnes de sensibilisation 

En octobre 2023, l’ADEME (l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) a lancé une campagne de sensibilisation intitulée “Changeons d’air, changeons de mobilités” visant à repenser nos modes de déplacements et l’impact de ces derniers sur la qualité de l’air. 

Cette campagne, d’une durée de 3 semaines, s’adressait au grand public ainsi qu’aux collectivités locales et les encourageait à avoir recours à des mobilités alternatives. 

Au niveau européen, la Semaine européenne de la mobilité est une grande campagne annuelle ayant pour but de sensibiliser les citoyens à l’utilisation de modes de déplacements plus durables. 

Les partenariats avec les associations 

A l’échelle locale, nombreux sont les partenariats noués avec des associations pour améliorer et développer la mobilité durable. 

L’association Energies citoyennes en Pays de Vilaine (EPV) propose par exemple son programme MOBY qui permet aux collectivités territoriales et aux établissements scolaires de réaliser un Plan de Déplacement pour favoriser les modes de déplacement actifs ou partagés (vélo, trottinette, marche, covoiturage transports en commun, etc). 

Dans la Drôme, l’association Dromolib promeut et développe l’écomobilité en territoire rural et contribue à l’accompagnement au changement. Elle fédère un réseau de plus de 200 acteurs et s’inscrit dans une dynamique territoriale.  

L’ADAV, l’association Droit au vélo, s’est donnée pour but de promouvoir et faciliter les mobilités actives et durables dans la région des Hauts-de-France. Elle mène des actions de sensibilisation avec ses adhérents et a signé de nombreuses conventions de partenariats avec des collectivités territoriales et organismes publics de la région.