Entreprises - Entre les PME et les banques, le désamour persiste
"Lorsque l'on constate en plus que nos entreprises françaises sont sous-capitalisées, il y a de facto un frein structurel au soutien à l'innovation", a déclaré Hervé Novelli, secrétaire d'Etat aux Entreprises, jeudi 13 mars. Intervenant lors d'un colloque consacré au financement des PME innovantes organisé par le Comité Richelieu, association des PME de haute technologie, il s'est fait l'écho de nombreux patrons de PME souvent confrontés aux réticences des banques à leur accorder des prêts. Résultat : les dettes à court terme représentent 5% de la taille du bilan des PME françaises contre 12% pour les PME allemandes (9% aux Etats-Unis, 13% en Espagne). D'ailleurs, 46% des entrepreneurs considèrent leurs relations avec leur banque comme "non satisfaisantes", selon un sondage réalisé par le Comité Richelieu pour l'occasion. 72% d'entre eux estiment ne pas être soutenus par les capital-risqueurs dans les moments de crise de financement. "Le banquier vous regarde comme un consommateur d'assurances, de voiture, de services autres que ceux pour lesquels vous le contactez. De plus, une PME peut avoir accès seulement au chargé de mission de votre localité. Il est très difficile de pouvoir monter dans la hiérarchie", a ainsi témoigné un dirigeant. De 2002 à 2006, alors que l'ensemble des crédits à l'économie a augmenté de 37%, les crédits de trésorerie aux entreprises non financières sont restés stables, indique le Comité Richelieu.
Autre constat : les banques ne sont pas suffisamment au fait des mécanismes de financement couplés avec Oséo financement. 50% des entrepreneurs déclarent que leur banque n'a pas mis en oeuvre les moyens mis à disposition par Oséo. Emmanuel Leprince, délégué général du Comité Richelieu, a regretté les conditions imposées pour l'attribution des aides d'Oséo innovation. "Le fait qu'il y ait un plafond, celui des fonds propres, qui limite ce à quoi les entreprises peuvent prétendre en tant qu'aide à l'innovation fait que l'on ne vous aide qu'en fonction de ce que vous êtes aujourd'hui et non pas de ce que vous pourriez devenir demain", a-t-il souligné. "C'est un sujet sur lequel on réfléchit, parce que la croissance des PME c'est ce qui prime avant tout", a répondu Jean-Michel Dalle, directeur général délégué d'Oséo.
M.T.