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Entreprises - Entreprises du patrimoine vivant : créer de véritable filières grâce aux futures grandes régions ?

Organiser une journée de travail entre les entreprises du patrimoine vivant et leurs partenaires dans le cadre de la préfiguration de la future grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes... telle était l'idée de l'Association nationale des entreprises du patrimoine vivant. Objectif de ce rendez-vous qui a eu lieu le 30 juin 2015 : permettre à ces entreprises, dont le poids économique n'est pas négligeable, d'être mieux soutenues, tant au niveau régional que national.

Mettre en avant les entreprises du patrimoine vivant et faire en sorte que celles-ci soient au coeur des orientations stratégiques des futures grandes régions. Tel était l'objectif de la journée organisée le 30 juin 2015 par l'Association nationale des entreprises du patrimoine vivant (ANEPV). Une journée centrée sur la future région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, vécue comme un "premier test grandeur nature" qui pourrait être étendu aux autres territoires. Elus locaux, entreprises du secteur et réseaux consulaires ont pu échanger ce jour-là autour de trois thématiques : la formation et la transmission des savoir-faire (quels sont les corps de métiers qui ne disposent pas de formation particulière, quel rôle de l'apprentissage ?), l'innovation (quelles actions les entreprises et les pouvoirs publics mettent-ils en oeuvre ?) et le développement commercial des entreprises du patrimoine vivant, notamment à l'international (quels sont leurs besoins pour se développer à l'international ?).
A l'heure actuelle en France, on compte 1.276 entreprises du patrimoine vivant, dont 380 sont centenaires. Elles génèrent un chiffre d'affaires de plus de 12,7 milliards d'euros et représentent près de 56.000 emplois, le plus souvent non délocalisables. Un poids non négligeable qui, d'après Philippe Nguyen, pourrait encore augmenter. "Si ces entreprises augmentent leur chiffre d'affaires de 20% en quatre ans, elles peuvent créer ou préserver 10.000 emplois," insiste le président de l'ANEPV, qui parle d'une véritable "force de frappe pour la France et pour la marque France."
Il s'agit d'entreprises artisanales ou industrielles performantes qui participent au rayonnement économique et culturel de la France. Elles sont dépositaires d'un savoir-faire rare, de machines anciennes et/ou de fonds d'archives, et sont solidement implantées dans une région, participant à la vie du territoire et à l'emploi local. Un label "Entreprise du Patrimoine vivant", créé en mai 2006, est attribué à ces entreprises, selon leurs caractéristiques. Il est ainsi accordé à toute entreprise qui détient un patrimoine économique, composé en particulier d'un savoir-faire rare, renommé ou ancestral, reposant sur la maîtrise de techniques traditionnelles ou de haute technicité et circonscrit à un territoire. Le label permet de bénéficier d'un crédit d'impôt de 15% des dépenses de création et d'un crédit d'impôt apprentissage de 2.200 euros par apprenti et par an. Il leur permet aussi d'être présentes sur des salons emblématiques.

Plus de 460 millions d'euros de chiffre d'affaires dans la future grande région du Sud-Ouest

Pour la future grande région du Sud-Ouest, ces entreprises sont très importantes. Au total, elles sont 115 sur ce territoire : 50 en Aquitaine, avec un chiffre d'affaires de 88 millions d'euros et 866 effectifs cumulés, 44 en Limousin (120 millions d'euros, 1.359 effectifs), et 21 en Poitou-Charentes (259 millions, 1.070 effectifs), générant au total un chiffre d'affaires de plus de plus de 460 millions d'euros. Avec la réforme territoriale et la constitution de la grande région Sud-Ouest, "nous avons l'occasion de créer une véritable filière et de faire plus qu'avant," explique à Localtis Gérard Vandenbroucke, président de la région Limousin. Le luxe et l'excellence ont déjà été identifés comme l'une des dix filières que la grande région va soutenir dans son développement économique. Porcelaine de Limoges, Weston, ENO, Bernardaud, Repetto… le potentiel est important. Autre avantage de ces entreprises, "c'est une filière adaptée à la partie moins urbaine du territoire, explique Gérard Vandenbroucke, elles travaillent avec des grandes marques de luxe comme Hermès ou LVMH, cela reste de l'artisanat mais haut de gamme." Et, contrairement aux idées reçues, ce sont des entreprises très innovantes. "Celles qui réussissent aujourd'hui sont celles qui ont innové il y a dix ans," a expliqué Philippe Nguyen durant son discours.
Venue clôturer l'événement, Martine Pinville, secrétaire d'Etat chargée du commerce, de l'artisanat, de la consommation et de l'économie sociale et solidaire, a salué la dimension économique, culturelle, sociale et territoriale de ces entreprises, assurant qu'elles pouvaient compter sur elle. En revanche, pour le moment, aucune mesure de soutien spécifique, sur le plan national, n'a été évoquée par la secrétaire d'Etat. C'est pourtant une forte attente de l'ANEPV. "Nous avons besoin d'une impulsion nationale, la balle est dans votre camp", a indiqué son président à l'adresse de Martine Pinville. Le test grandeur nature, dont les résultats vont être diffusés largement, permettra peut-être de faire avancer ces idées, et le soutien, national comme régional, à ces entreprises.

 

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