Entretenir les rivières avec le débardage à cheval
Afin d'assurer la gestion des cours d'eaux, la communauté de communes de Montesquieu prend, en janvier 2006, la compétence "bassins versants". Un poste de technicien rivière est créé en août de la même année, cofinancé à 80% par l'agence de l'eau, le conseil régional et le conseil général, les 20% restants étant à la charge de la communauté. "Ma formation universitaire en gestion des ressources en eaux et un premier poste dans les services de police de l'eau et de la pêche me sont particulièrement utiles dans ma fonction, précise Emmanuel Noréna, technicien rivière. Bien connaître la complexité de la réglementation dans ce domaine permet d'intervenir plus efficacement sur le milieu naturel." Le rôle du technicien rivière est de rechercher les financements, passer les marchés et assister les élus dans leurs choix, assurer la maîtrise d'oeuvre des travaux.
"La communauté a commencé par intervenir sur des propriétés communales car la procédure de déclaration d'intérêt général dure au moins deux ans avant qu'il soit possible d'intervenir sur les propriétés privées", précise Emmanuel Noréna. Le chantier concernant un milieu forestier comprenant plusieurs essences protégées (dont l'oeillet superbe), le cahier des charges interdit l'usage de la mécanisation pour les travaux. "Pour le débardage, nous avions donc le choix entre un travail manuel fastidieux ou une traction animale plus adaptée."
La race trait breton adaptée à l'intervention en milieu naturel fermé
En 2006, un premier chantier d'entretien de près de 2 km est ouvert sur le cours d'eau Gât Mort, un affluent de la Garonne. Le marché est attribué à l'association d'insertion Arcins Environnement, à Bègles, qui propose l'intervention d'un sous-traitant spécialisé dans le débardage à cheval. "Jean-Pierre Denis a dix ans d'expérience en matière de travaux forestiers avec des chevaux de race trait breton. Il leur apprend à obéir à la voix ce qui rend le travail plus performant par la possibilité de commander un attelage jusqu'à une distance de 10 mètres, précise Emmanuel Noréna. Par sa stature courte, la race Trait breton est bien adaptée à l'intervention en milieu naturel fermé."
Contrairement aux machines, le cheval travaille en douceur sur des sols fragiles. Il ne défonce pas les berges et les chemins. Il n'y a donc pas de coût de restauration après chantier. Quinze jours après les travaux, il ne reste aucune trace du passage des animaux. En outre, dans sa fonction de débardage, le cheval intervient avec précision et ne détruit aucun autre arbre autour de lui. "C'est important quand on fait le choix d'enlever tel arbre jugé inutile et, par exemple, de laisser tel autre qui favorise un ralentissement du cours d'eau, déclare Emmanuel Noréna. Le seul inconvénient de la traction animale par rapport à la traction mécanique, mais largement compensé par la qualité du travail : il faut compter un tiers de temps en plus."
Respect de l'environnement et insertion sociale
En 2007 et 2008, deux autres marchés d'entretiens sont attribués à Arcins Environnement, d'un montant de 61.000 euros pour le cours d'eau Saucats et de 32.000 pour les bords de la Garonne. "A chaque appel d'offres, la meilleure proposition émanait de cette association : utilisation de chevaux respectant le milieu naturel, adoption de techniques efficaces et action d'insertion", précise Emmanuel Noréna. L'association emploie pour ces chantiers une équipe de deux ou trois encadrants et quatre à six personnes en insertion assurant le débroussaillage, le tronçonnage et le débitage.
Le financement de ces chantiers varie selon les types de travaux : si tous sont subventionnés par le conseil général, l'agence de l'eau n'intervient que sur certains types de travaux entrant dans le cadre du Sdage (schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux). Le premier chantier de 15.000 euros a bénéficié d'environ 30% de subventions.
Xavier Toutain, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis
Communauté de communes de Montesquieu
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